LA CHINE MISE SUR
ISRAËL ET BOUDE LES PALESTINIENS
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Temps et Contretemps
Le vice-président Wang Qishan est arrivé le 22 octobre 2018 en Israël pour
une visite de quatre jours, à l’occasion du quatrième Comité d’innovation
Chine-Israël. Il s’agit du premier déplacement en Israël d'un haut responsable
chinois depuis près de 20 ans. En effet, en avril 2000, l’ancien président, Jiang Zemin,
avait été le premier dirigeant chinois à se rendre en Israël tandis que Netanyahou s’était rendu en Chine en mars 2017.
Jiang Zemin
avait visité le musée de la Shoah Yad Vashem et renforcé les liaisons
diplomatiques avec ses homologues israéliens. Il avait surtout parlé des
intentions de la Chine de consolider les liens entre les deux pays.
Le dirigeant chinois, Wang Qishan, accompagné d’une importante délégation
ministérielle comprenant en particulier Jack Ma, fondateur de Alibaba, la
première société chinoise de commerce électronique, a rencontré Benjamin Netanyahou
dans le cadre de la commission conjointe Chine-Israël sur la coopération et
l'innovation, qui se tient alternativement dans les deux pays.
Wang Qishan s'est rendu dans la vieille ville de Jérusalem et a rencontré à
Ramallah le premier ministre palestinien Rami Hamdallah. Cette visite est cependant
différente de celle de 2000 car la qualité des relations entre Jérusalem et
Pékin s'est améliorée selon les statistiques. Dès l’ouverture des missions
diplomatiques entre les deux pays en 1992, les échanges commerciaux se sont développés
à haut niveau. Les investissements chinois en Israël ont crû de manière
exponentielle, passant de 50 millions de dollars au début des années 1990 à
16,5 milliards de dollars en 2016. L’on parle de plus en plus d’un traité
de libre-échange, en cours de discussion. Des accords conclus en 2017 ont
favorisé l'exportation de produits laitiers israéliens vers la Chine et
autorisé les Chinois à venir travailler dans le secteur du bâtiment en Israël.
Tnouva |
La Chine a multiplié les investissements en Israël ces dernières années, à
hauteur de 25 milliards de dollars. En 2014 le premier groupe alimentaire Tnuva
et le groupe chimique Agam ont été rachetés par des investisseurs chinois. Des
entreprises chinoises ont par la suite remporté des appels d'offres pour la
gestion, pendant 25 ans, des extensions des ports israéliens de Haïfa et d’Ashdod,
pour la construction de tunnels près de Haïfa et pour des lignes de tramway.
Un chemin de fer est prévu pour relier les deux ports israéliens d’Eilat et
d’Ashdod.
Jack Ma |
Jack Ma envisage de nouveaux investissements massifs, axés sur la haute technologie.
Comme la Chine refuse l’exclusivité politique et préfère ménager les deux
parties israélienne et palestinienne, il ne peut y avoir de télescopage dans
les relations économiques puisque le hightech n’entre pas dans le domaine
d’échanges avec les pays arabes. Le volume du commerce de la
Chine avec les pays arabes est estimé à 171 milliards de dollars mais la nature
des échanges n’est pas comparable. La Chine est l’un des principaux clients de
l’industrie informatique israélienne, alors que les pays arabes axent leurs
achats sur les biens de consommation à bon marché et sur le matériel militaire.
Réunion entre Chinois et palestiniens en 2017 |
La position de Pékin sur la Palestine a toujours été cohérente selon les Chinois qui ont été les premiers non arabes à établir des relations diplomatiques
avec l’OLP. Ils avaient entériné la création d’un État palestinien indépendant et
souverain, dans les limites de 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale. Après
les élections législatives de 2006, le gouvernement chinois avait refusé de
qualifier le Hamas d’organisation terroriste et il était allé plus loin en
qualifiant le Hamas de «représentant élu du peuple palestinien». Pour la Chine, la position politique en faveur
d’un État palestinien n’empêche pas les liens économiques avec Israël
La visite du vice-président chinois en Israël s’inscrit dans la stratégie
chinoise de «Belt and Road», la nouvelle route de la soie conçue pour
promouvoir le projet économique chinois de 1.000 milliards de dollars. Ce
projet lui ouvrira de nouvelles possibilités dans le monde, certains diront une
future domination dans diverses régions jusqu’alors sous l’influence américaine.
Cette ceinture terrestre et maritime a pour objectif de relier l’Asie,
l’Afrique et l’Europe.
La Chine avait toujours maintenu une position favorable au peuple
palestinien, appelant à la fin de l’occupation israélienne et à la création
d’un État palestinien indépendant. Mais en aucun cas Pékin n’a voulu qu’il y
ait une quelconque incidence sur ses relations avec Israël en raison du
leadership israélien en matière de hightech. La Chine veut être à la fois
pro-palestinienne et pro-israélienne, critiquant les uns et les autres quand
cela est nécessaire. Elle ne se fait aucune illusion sur le refus des
Palestiniens de passer de la domination militaire américaine à une hégémonie
économique chinoise.
La logique chinoise s’applique à tout le Moyen-Orient puisque les échanges
commerciaux entre la Chine, la Syrie et l’Iran sont florissants tout en
maintenant des relations avec l’Arabie saoudite et les États du Golfe, car
Pékin veut être reconnue comme une puissance mondiale à la fois équilibrée et
stabilisatrice.
Éphraïm Halévy à droite |
Mais l’omniprésence chinoise en Israël, surtout dans des ports
stratégiques, n’est pas sans risque sécuritaire et suscite des débats. L'ancien
chef du Mossad, Éphraïm Halévy, s’inquiète des investissements chinois dans des
secteurs stratégiques pour la sécurité d'Israël. D’ailleurs, le ministère de la
Défense a déjà mesuré le danger puisqu’il a interdit la participation des
sociétés chinoises à des appels d'offres de Tsahal. Le ministère des Finances a
aussi refusé aux Chinois l'acquisition de deux fonds de pension israéliens pour
éviter que les retraités israéliens ne se retrouvent à la merci des milliards
de Pékin.
Israël a aussi beaucoup à apprendre de la Chine et pour preuve, de nombreux
industriels n'hésitent pas à s'y rendre pour s'inspirer, ou dénicher des
produits et surtout pour y trouver de nouvelles opportunités d'affaires.
Certains n'hésitent pas à s'y installer. C'est pourquoi, le ministère israélien
de l’Économie et de l’Industrie a mis en place à Pékin le premier programme
d’accélérateur entre Israël et la Chine avec son partenaire chinois, le fond de
placement Shèng Jǐng . Le programme vise à aider les entreprises israéliennes à
pénétrer le marché chinois en fournissant aux cinq entreprises israéliennes
sélectionnées les connaissances, le soutien et les ressources pour des levées
de fonds nécessaires à une implantation réussie dans le marché chinois.
L'innovation n'est plus l'apanage des pays occidentaux.
Autre article à lire :
https://benillouche.blogspot.com/2017/10/israel-et-la-chine-linnovation-en-commun.html
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Super article que j'ai partagé depuis votre blog. Merci Jacques Benillouche !! Il y a danger mais je fais confiance aux têtes pensantes israéliennes qui ont certainement étudié tous les cas de figure.
RépondreSupprimerExcellent article de fond.
RépondreSupprimerEn espérant tout de même un bon sens politique de leur part.
Taiwan est la Palestine des chinois.
Ils devraient mieux comprendre les enjeux politiques locaux.