NETANYAHOU ACCEPTE DISCRÈTEMENT LE
HAMAS COMME INTERLOCUTEUR
Par Jacques BENILLOUCHE
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On
comprend mieux le silence de Benjamin Netanyahou durant les événements de Gaza alors
que les tirs de roquettes dans le sud du pays se multipliaient. Il était en
pleine négociation secrète avec le Hamas pour un cessez-le-feu à long terme. Le
Cabinet de sécurité s’est réuni plusieurs fois en laissant filtrer l’idée de l’imminence
d’une guerre totale à Gaza mais le premier ministre ne s’est pas exprimé.
Ine Marie Eriksen |
Il
est resté silencieux et n’a fait aucun commentaire sur Gaza à l’exception d’une
déclaration dans son journal Israël Hayom pour critiquer la ministre
norvégienne des Affaires étrangères, Ine Marie Eriksen, accusée de financer des
groupes gauchistes anti-israéliens. Il a en
revanche salué la décision de l'agence de notation Standard & Poor de relever
la note de la dette souveraine d’Israël de A+ à AA-. Mais jamais la situation critique
des habitants du sud, confinés souvent dans des abris, n’a semblé l’atteindre
et encore moins celle des kibboutzim de la frontière soumis au feu des cerfs-volants
mais qui votent à gauche de manière traditionnelle. Il a à peine accepté de
visiter la ville de Sdérot pour maintenir un lien avec ses électeurs.
En
fait, un cessez-le-feu était en cours de discussion sous l’égide des Égyptiens et du Qatar.
Cependant la discrétion était totale puisqu’aucune conférence de presse n’a été
réunie pour en dessiner les contours et les éventuelles concessions. Cela
explique ainsi la mollesse des représailles militaires contre la bande de Gaza
qui ne devaient pas faire trop mal pour éviter de faire capoter les
négociations. Les Israéliens ont été laissés dans l’ignorance d’un éventuel
accord car le gouvernement voulait exploiter la période propice des vacances. Il
a fallu attendre le journal Al Jazeera, qui le 9 août, a révélé qu'un cessez-le-feu entre
Israël et le Hamas avait été atteint. Dans un premier temps, une source
israélienne de haut rang a démenti l’accord pour ensuite être contrainte de le
confirmer.
En fait rien n’était
encore finalisé car Netanyahou négociait en secret avec le Hamas un accord plus
important. Vis-à-vis de sa frange nationaliste et religieuse, il pouvait
difficilement avouer qu’il était prêt, non pas à en découdre avec l’organisation
terroriste, mais à s’asseoir à la même table que les terroristes. Mais il veut prouver
qu’il est un homme d’État international, qui rencontre les leaders mondiaux et
dialogue avec eux et qui n’a rien à faire avec la piétaille islamique.
De
manière officielle, les langues se sont déliées pour annoncer qu’un accord de
paix était pratiquement conclu avec le Hamas pour une durée de cinq années. Les
termes du protocole prévoient une amélioration des conditions humanitaires à Gaza. Évidemment l’accord est conditionné par l’arrêt immédiat
des émeutes à la frontière et de l’envoi des cerfs-volants incendiaires. Le
passage israélien de Kerem Shalom sera réouvert et celui de Rafah avec l’Égypte
le sera sur une longue durée.
Lors
de deuxième étape, si le cessez-le-feu dure, alors Israël autoriserait
l’importation et l’exportation de marchandises de Gaza et augmenterait la quantité
d’électricité israélienne fournie. Enfin la dernière étape comprendrait la
construction d'un port maritime dans la ville égyptienne d'Ismaïlia et d'un
aéroport au Sinaï ainsi que d’'une centrale électrique au Sinaï. La
réhabilitation générale de Gaza est planifiée. Mais ce projet impose le soutien
de l’Autorité palestinienne et du Djihad islamique ce qui n’est pas acquis.
L’accord
risque cependant de buter sur les échanges de prisonniers et des corps des deux
soldats tués en 2014, Hadar Goldin et Oron Shaoul, ainsi que sur la libération
de deux Israéliens capturés par le Hamas. Le Hamas exige en contrepartie la
libération de nombreux terroristes meurtriers.
Hussam Badran |
Par
ailleurs, il n’est pas certain qu’il y ait consensus palestinien. Hussam Badran,
membre du bureau politique du Hamas, a précisé que son organisation n’accepterait
pas la création d’un État indépendant séparé à Gaza sans consensus national palestinien. Des membres du bureau
politique du Hamas se sont réunis pendant plusieurs jours à Gaza pour formuler
une position sur la réconciliation avec l’Autorité palestinienne et sur la
question d’un accord de cessez-le-feu à long terme avec Israël. Un accord pourrait
permettre aux donateurs internationaux de financer une série de programmes, y
compris la mise à niveau des réseaux d'électricité et d'eau à Gaza.
Avigdor Lieberman est
totalement en phase avec Benjamin Netanyahou. Certains disent qu’il en a été l’instigateur.
Il envisage, avec le feu vert de l’armée, de lever certaines restrictions sur
Gaza, en particulier d’agrandir le périmètre de pêche de Gaza. Il veut montrer
que le calme est récompensé en conséquence. Bien sûr, les services sécuritaires
de Tsahal approuvent ces mesures.
Ces discussions
secrètes datent du 22 mai 2018 à l’occasion d’une visite exceptionnelle et «
secrète » de Netanyahou en Egypte, où il a discuté avec le président Sissi
d’une trêve dans la bande de Gaza. L’entretien a duré plusieurs heures au même
moment où la situation dans la bande de Gaza était au bord de l’explosion. Les conversations
avec le président égyptien avaient déjà porté sur la possibilité de conclure
une trêve à long terme, un possible retour de l’Autorité
palestinienne pour gérer cette enclave, l’allègement du blocus
israélien et la réhabilitation des infrastructures vitales dans cette région.
Mais si trêve il y a, il faudra passer par l'approbation de la Knesset alors que des partenaires de la coalition, comme le ministre sioniste religieux Naftali Bennett a d'ors et déjà annoncé qu'il s'opposait à la signature d'un accord avec le Hamas. On s'oriente de plus en plus vers des élections anticipées. Le conflit entre Bennett et Lieberman est entré dans une phase critique, au delà de leur seule rivalité personnelle.
Mais si trêve il y a, il faudra passer par l'approbation de la Knesset alors que des partenaires de la coalition, comme le ministre sioniste religieux Naftali Bennett a d'ors et déjà annoncé qu'il s'opposait à la signature d'un accord avec le Hamas. On s'oriente de plus en plus vers des élections anticipées. Le conflit entre Bennett et Lieberman est entré dans une phase critique, au delà de leur seule rivalité personnelle.
peut on faire confiance au Hamas?
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