LES MENACES
IRANIENNES NOUS RAMÈNENT À 1967
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Contretemps
Soleimani au centre avec ses officiers |
Les leçons de l’Histoire ne semblent pas perturber les Iraniens. En effet,
comme en 1967 avec les Egyptiens, l’Iran veut les imiter en menaçant de bloquer le détroit d’Ormuz en cas de sanctions
américaines sur ses exportations pétrolières. Donald Trump a décidé de
s’attaquer aux Mollahs en réduisant les exportations pétrolières iraniennes représentant
2% de la demande mondiale.
A compter du 4 novembre 2018, tout pays qui
commercera avec l’Iran sera soumis à des sanctions américaines. Il ne fait aucun
doute que des conséquences sur les prix du brut sont à prévoir car l’Arabie
saoudite ne pourra pas compenser à la fois les ventes iraniennes et la baisse
de production du Venezuela et de la Libye.
Rohani à Vienne |
La Chine ne tiendra pas compte des menaces américaines, d’une part parce
qu’elle est en mesure de ne jamais céder aux diktats étrangers et d’autre part parce que la
croissance de son économie dépend de ses approvisionnements en pétrole
iranien. Le président iranien, Hassan
Rohani, a déjà mis en garde les Occidentaux, le 4 juillet à Vienne, contre les
conséquences d’un boycott des produits pétroliers exportés par son pays : «Les Américains disent qu’ils veulent réduire à néant les exportations
pétrolières iraniennes. Cela montre qu’ils n’ont pas réfléchi aux conséquences
de cette décision».
Il a fait référence aux déclarations du général Qassem
Soleimani, commandant de la force Al-Quds, l’unité d’élite des Gardiens de la
révolution, qui menace de bloquer le détroit d’Ormuz, par lequel transitent 30%
du trafic pétrolier mondial. Les
monarchies sunnites du Golfe arabo-persique seraient ainsi les premières
touchées.
Ce n’est pas la première fois que Téhéran menace de
bloquer ce détroit. Il en était question en décembre 2011 en raison des
sanctions contre son programme nucléaire. Les sanctions ont été adoptées par
l’UE en janvier 2012 mais le détroit ne fut pas bloqué, non pas par la bonne
volonté iranienne, mais par la pression dissuasive navale occidentale. Cela
n’avait pas empêché la marine iranienne de harceler un navire américain
avec des embarcations légères ce qui avait entraîné des tirs de semonce. Le
commandant Bill Urban, de l’US Centcom, commandement militaire américain pour
le Moyen-Orient et l’Asie centrale, a affirmé être en mesure de se frotter à la
marine iranienne : «Les États-Unis et leurs partenaires apportent
et défendent la sécurité et la stabilité dans la région. Ensemble, nous nous
tenons prêts à assurer la liberté de navigation et la liberté du commerce
partout où le droit international les autorisent».
Nasser en 1967 |
L’Histoire risque de bégayer. En mai 1967, après avoir
procédé à d'importants mouvements de troupes dans le désert du Sinaï, l’Égypte
de Nasser avait exigé le départ des forces de maintien de l'ordre de l'ONU qui
s'y trouvaient depuis 1957. Elle imposa ensuite le blocus du détroit de Tiran
qui sépare la mer Rouge du golfe d'Aqaba et qui donne accès au port israélien
d'Eilat. Après un mois d'incertitudes et de négociations feutrées, Israël avait
décidé de lancer une attaque préventive aérienne et terrestre le 5 juin 1967
contre l'Égypte. Il n’était pas question d’étouffer le deuxième port israélien
qui lui donne une ouverture vers l’Asie.
En 1967 les Américains avaient peu réagi aux menaces égyptiennes, laissant Israël seul, ils ne sont pas prêts aujourd'hui à laisser l’Iran attenter au commerce de ses alliés arabes du Golfe sachant que
près de 20 millions de barils sont transportés chaque jour dans le détroit
d’Ormuz. Le président Rohani a pris en compte la menace de Soleimani de fermer
le détroit d’Ormuz. Ismali Kowsari, l’un des commandants du Corps des gardiens
de la révolution iranienne, a été plus direct, en déclarant que si les
exportations de pétrole iraniennes étaient bloquées «nous ne
permettrons pas l'envoi de pétrole à travers le détroit d'Ormuz . Il ne
peut ignorer qu’il s’agit d’un casus belli. Les Américains sont conscients des implications
d’une fermeture du détroit sur le marché énergétique mondial. Mais ils pensent
par expérience que les Gardiens de la révolution lancent des menaces en l’air,
sans les mettre en application.
La position du président Rohani est nouvelle car il
cautionne les menaces des Gardiens de la Révolution, alliés de ses ennemis
conservateurs. Cette attitude nouvelle ne peut s’expliquer que par la frustration
et le désespoir du président face au retour imminent des sanctions américaines
contre l'Iran. La direction iranienne commence à paniquer.
Marine rapide iranienne |
Les Iraniens pourraient ne pas bloquer totalement le
détroit d’Ormuz mais perturber les exportations pétrolières. Dans ce cas la
situation pourrait faire réagir la Chine et l’Inde. A travers le détroit l’Iran
a exporté, en juin 2018, 560.000 barils de pétrole brut et de gaz vers l'Inde
et la Chine. Le Qatar serait lui-aussi touché puisqu’il exporte par an 3,7
milliards de pieds cubes de GNL (gaz naturel liquéfié) à travers le
détroit. Les prix subiront certainement
un choc. Au 5 juillet 2018, le prix du baril de l'OPEP s'établissait à 74,62
dollars tandis que le prix du GNL était fixé à 11,6 dollars par million
d'unités thermiques britanniques.
Les Américains ne plaisantent pas dans ce domaine et
ils ne sont pas prêts à permettre un blocage d’Ormuz. Ils ont démontré que
leurs menaces ne sont pas vaines. En avril 1988, ils avaient coulé la flotte
opérationnelle de l'Iran quelques jours après qu'une frégate américaine ait été
gravement touchée par une mine iranienne au large des côtes du Qatar.
Israël observe pour l’instant la situation et laisse
les Américains prendre les mesures adéquates mais il a consolidé son dispositif
militaire face à l’Iran qui peut aligner une flotte de sous-marins de
fabrication iranienne ou russe, une flotte d’aéroglisseurs, de ROV (véhicules
actionnés à distance), de navires de surface de différentes tailles, d’unités
aéroportées comprenant plusieurs escadrons d’hélicoptères, des dragueurs de
mines et un important arsenal de missiles antinavires. La flotte marine
iranienne comprend également des sous-marins de poche de fabrication iranienne.
L’Iran pourrait pratiquer la guérilla navale à coup d’opérations commandos, à
l’instar du dernier coup de main contre une unité britannique au printemps 2007,
durant lequel Téhéran avait réussi à capturer quinze marins anglais.
Joshan iranien |
L’Iran a considérablement renforcé sa flotte militaire
au cours de la dernière décennie, présentant ses nouvelles réalisations au
cours de grandes manœuvres navales. L’Iran a présenté les derniers-nés de sa
flotte, notamment le dernier torpilleur de patrouille, petit bâtiment efficace
dans l’attaque de grands navires de guerre. Doté d’une technologie de pointe, pouvant
atteindre une vitesse de pointe de 45 nœuds, le Joshan de même que son frère
jumeau, le Peykan, disposent d’une redoutable puissance de feu. Patrouilleur
lance-missiles, armé en supplément d’un canon sous-marin de 76 mm, à usage
variable, appelé Fajr, il peut atteindre des cibles sous-marines et aériennes
distantes de 19 km.
L’Iran a également développé sa coopération avec l’Érythrée
et disposerait depuis décembre 2008 de facilités navales au port d‘Assab, sur
la côte orientale de l’Afrique. Il y aurait déployé des bâtiments de guerre, y
compris des sous-marins, et se place en mesure de neutraliser la navigation
dans le Golfe et le détroit d’Ormuz. Djibouti, en guerre larvée contre l’Érythrée,
abrite une base militaire permanente française, ainsi qu’une base des forces
spéciales américaines et de l’État-major américain pour l’Afrique (Africom), le
camp Lemonnier, visant à sécuriser le détroit de Bâb el Mandeb, à la jonction
du Golfe et de la mer Rouge.
Dolphin |
Par mesure de précaution, Israël a déployé des
sous-marins Dolphin au large des côtes iraniennes à des fins de dissuasion. Dotés
de missiles portant à 1.500 kms, trois submersibles se trouveraient déjà dans le Golfe persique
et l’un d’entre eux devrait rester en permanence dans la région. Devant la
menace non voilée, Israël veut maintenir une présence militaire permanente dans
cette région. Les réservoirs de carburant des Dolphin permettent de couvrir des
distances de plus de 10.000 kms, de passer plus de 50 jours à proximité des
côtes iraniennes et d’être maintenu sous l’eau pendant une semaine. En effet, les
nouveaux U 212 Dolphin possèdent une cellule de carburant avec un système
indépendant de propulsion de l’air, qui leur permet de rester sous l’eau plus
d’une semaine sans faire surface. Ils sont aussi à l’abri, difficiles à
détecter pour les chasseurs iraniens des mers.
La question ouverte
reste de savoir si l’Iran, dans une attitude suicidaire, accepte de s’engager
dans un bras de fer avec les Etats-Unis, ou contre Israël, avec les mêmes
conséquences que la Guerre des Six-Jours déclenchée par la fermeture du détroit.
Cher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerQuoi qu'on puisse penser du régime iranien, là où vous voyez des "menaces iraniennes" d'aucuns voient la menace des État-Unis qui, après dix-sept ans de guerres au Moyen-Orient ayant semé le chaos à peu près partout, s'apprêtent à s'en prendre à l'Iran, seul état musulman encore stable dans cette région.
Très cordialement.
Le Monde a connu en Europe, un régime totalitaire, belliqueux , raciste, anti-sémite …… ce fut la 2ème guerre mondiale, à travers le nazisme allemand ; au même moment c’était son alter-égo, l’expansion japonaise en Asie, hégémonique et raciste à l’égard des autres peuples de la région… qui entraîna l’embrasement militaire en Extrême Orient. Actuellement, Il semble se dessiner, car les mêmes causes produisent les mêmes effets, que nous allons vers une déflagration militaire au Proche Orient, du fait que les causes sont réunies par l’Iran des mollah, autant totalitaire, belliqueux, anti-sémite et avide à vouloir faire main basse sur toute la région..
RépondreSupprimerL'Iran, aujourd’hui, est comme une bete blessée et imprédictible. Des échecs militaires, diplomatiques, economiques, une jeunesse qui en marre et une population appauvrie rendent ce gouvernement dangereux. Pas grand chose fonctionne normalement de l’Amérique du nord a l'Europe en passant par l'Asie et nous sommes a la veille de Ticha be av.
RépondreSupprimerA l'inverse de Me Arnaud, je considère l'Iran comme un êtes musulman non arabe, chiite, cherchant à dominer le moyen orient sunnite et de ce fait, provoquant le chaos en Irak, en Syrie et au Liban.
RépondreSupprimerCerise sur le gâteau, il veut rayer Israël de la carte.
Par ailleurs, c'est une dictature dès mollah qui réprime son peuple.
Et Me Arnaud évoque "un pays musulman stable"???