ISRAËL SE COUPE DE SES MINORITÉS
Par Jacques BENILLOUCHE
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Contretemps
Après le vote de la Knesset
définissant Israël comme «l'État-nation du peuple juif», pour les Juifs
seulement, établissant notamment l'hébreu comme seule langue officielle, le
pays s’est coupé de ses minorités. Cette loi fondamentale constitutionnelle
conduit irrémédiablement à une discrimination raciale et religieuse et annule
le statut de la langue arabe parlée par 20% de la population.
Combattants druzes |
Cette loi touche
non seulement les Arabes chrétiens et musulmans mais les Bédouins, les Druzes
et les Circassiens dont plusieurs de leurs enfants, 30%, sont mobilisés dans
Tsahal, souvent dans des unités d’élite. Les Druzes sont les plus amers car ils
ont lutté avec les Juifs durant la guerre d’indépendance et n’ont jamais pris
le parti des pays arabes. Cette communauté discrète, très impliquée dans la
vie israélienne, n’a jamais agi au nom d'une appartenance à une entité séparée mais
en tant que nationaliste chargée de soutenir son pays.
Les minorités n’ont jamais voulu
se distinguer politiquement de la population et se sont intégrées dans les
structures existantes en militant à droite comme à gauche, en tant que citoyens
israéliens. A part ceux qui militent pour une indépendance palestinienne dans
des listes arabes spécifiques, la plupart agissent au sein des partis
traditionnels juifs.
Zouheir Bahloul |
Le choc a été rude pour ceux qui ont joué la carte
sioniste. Ces minorités se demandent si elles ne devraient pas se séparer en
créant des entités politiques communautaires distinctes pour morceler encore plus le spectre politique en Israël. Le député arabo israélien Zouheir Bahloul, qui milite
au sein des Travaillistes, a décidé dans un acte de protestation de
démissionner de son mandat car pour lui «la Knesset est devenue le domaine
privé de Netanyahou et de ses cohortes. Il vaut mieux que je m'échappe avant que
ce navire ne coule. Il peut encore rester au-dessus de l'eau, mais je ne serai
pas dessus». Alors il a décidé de fonder un mouvement populaire
d'Arabes. Tsipi Livni, cheffe de l’opposition, déplore «l'époque
où la tyrannie de la majorité et le nationalisme extrémiste blessent les
minorités dans la société démocratique au lieu d’unir nos forces».
Enterrement d'un soldat druze |
Mais cette loi est surtout
injuste pour les Druzes qui donnent leur sang à l’Etat. Les parents druzes
endeuillés, dont les enfants sont morts au champ d’honneur, sont furieux. 30%
des jeunes de leur communauté sont engagés volontaires dans l’armée au terme
des trois ans de service militaire obligatoire. Ils crapahutent dans tous les régiments,
dans les commandos, dans les troupes d’élite et dans la police militaire. Mais avec cette loi, ils sont devenus des citoyens à part, uniquement de la chair à canon Dans le seul petit village druze de
Beit Jann, soixante et un des meilleurs
hommes du village ont sacrifié leur vie pour protéger l'État d'Israël.
Des parents druzes endeuillés manifestent |
Au moment où toute la population
d’Israël doit s’unir contre le danger au nord et au sud, on vote une loi juive
qui a pour effet de séparer les communautés et d’instiller une déception parmi
ceux qui ont joué la carte d’Israël. Quelle était l’urgence d’une telle
décision alors qu’il y a d’autres priorités ? On ne peut pas exiger des minorités israéliennes la loyauté quand l’Etat lui-même crée une
discrimination.
Le premier ministre Netanyahou a
demandé à rencontrer les leaders druzes, en particulier le député du Likoud
Ayoub Kara, le cheik Moafaq Tarif, actuel chef spirituel de la communauté
druze, le général de brigade Amal Asad
et l'ancien député travailliste Shakib Shanan, mais il n’avait rien à leur
proposer. Seule l’abrogation de la loi pouvait permettre un accord. Or Netanyahou
a confirmé que la loi ne sera pas changée.
Des militaires druzes israéliens dansent
Les Arabes israéliens savent eux
qu’ils n’ont plus rien à attendre d’un gouvernement qui veut les distinguer.
Depuis longtemps ils jouent la carte du pays en abandonnant leur langue pour
l’hébreu afin de mieux s’assimiler. Ils intègrent des emplois dans les
commerces, dans la médecine et dans les industries. Ils quittent leurs villages
pour cohabiter avec les Juifs dans les grandes villes où ils ne dénotent pas.
Ils n’ont certes pas la fibre sioniste mais ils collaborent et refusent la
violence.
Kahlon - Bennett |
Deux ministres ont critiqué
cette loi. Le ministre des Finances Moshé Kahlon, chef du parti de centre droit
Koulanou, a estimé que le texte «avait été passé dans la hâte et
devait être amendé». Le chef des sionistes religieux, le ministre de
l'Éducation Naftali Bennett, considère que «la loi dans sa forme
actuelle était très préjudiciable pour les Druzes et quiconque a lié son destin
à celui de l'État juif. Il s'agit de nos frères avec qui nous combattons coude
à coude sur le champ de bataille. Nous avons la responsabilité de trouver un
moyen de combler le fossé avec eux».
Mais pour l’instant les
extrémistes du Likoud se félicitent d’une telle loi et se congratulent dans un
selfie ridicule. Ce sont les mauvais génies du premier ministre et pour
satisfaire leur haine de l’Arabe, ils sont prêts à toutes les compromissions. Ils
donnent des arguments aux ennemis d’Israël qui considèrent que le pays est un État
d’apartheid. Il y a actuellement d’autres chats à fouetter avec les troubles à
Gaza et le danger avec les Iraniens en Syrie.
Cette loi n’apporte rien, divise
et ne fait plaisir qu’aux extrémistes religieux orthodoxes qui continuent à
imposer leurs diktats sous peine de faire tomber le gouvernement et qui veulent instituer un Etat messianique. Israël a été
créé et reconnu comme État juif et aucun texte n’infirmera ou ne consolidera sa
qualification.
Toutes les minorites sont elles vraiment en symbiose amicale avec les juifs? Combien d'entre elles ne nourissent pas d'arriere-pensees quant au devenir d'un Etat juif qu'elles reveraient de devenir l'etat de tous les citoyens. Quant aux juifs de gauche qui les approuvent je n'ose imaginer ce que deviendrait la situation des juifs dans l'illusion europeenne du bien vivre ensemble une fois qu'ils auront perdu le pouvoir de coercition.
RépondreSupprimerJe sens qu'Israël se coupe d'une très grande partie de ses Juifs et des Juifs de Diaspora, ils semblent préférer les colons aux Israéliens de tous bords.
RépondreSupprimerCher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerJe me souviens qu'en octobre 1981, au lendemain de l'élection de François Mitterrand, lors d'un débat houleux à l'Assemblée Nationale, André Laignel, député PS avait clôt le débat en assénant à son opposant du RPR : "Vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaire."
Dans un régime démocratique, que cela plaise ou non, c'est la loi de la majorité qui s'applique jusqu'à ce que ne survienne un changement de majorité.
Nous avons déjà vécu ce genre de changement de majorité plusieurs fois, en France. En 1981 nous étions "passés de l'ombre à la lumière". Au bout de 14 ans de "lumière", le peuple a préféré retourner à "l'ombre" ! En 2017 nous sommes passés "de l'ancien monde au nouveau monde", mais déjà j'entends que beaucoup regrettent déjà leur "ancien monde" !
Ainsi en va-t-il de la démocratie qui est "le pire des régimes à l'exception de tous les autres" !
Très cordialement.
Netanyahou commet là sans doute sa plus grande faute politique qu'Israël devra payer tôt ou tard. Non seulement il donne des armes aux opposants du pays, mais en plus il se coupe d'une partie non négligeable de ce qui fait la diversité d'Israël. C'est tragique autant que lamentable
RépondreSupprimerIsraël,pourquoi l'appelle-t-on ainsi?parce que c'est son nom depuis plus de 3000 ans!
SupprimerLe pays de la Bible,écrite en hébreu!
Ça vous étonne qu'on y parle cette langue?
Les minorités y ont leurs droits!
Un arabe israélien a les mêmes droits qu'un juif israélien!
c'est pourtant le sens de l résolution du vote de l'ONU me semble t il
RépondreSupprimeril y a 52 etats Musulmans il n'y a qu'un seul etat juif
que la langue officielle soit l'hebreu ne me choque pas à condition que l'arabe soit aussi en vigueur
on ne peut pas faire de Israél un état multinational
Une chose est sure, c'est que le vote (majoritaire) de cette loi - A bas la démocratie! - est l'occasion de lire et d'entendre beaucoup de sottises.
RépondreSupprimerTransposons la même question dans le contexte français : il y a en France actuellement environ 20% d'arabo ou d'afro musulmans (peut-être davantage).
Exige-t-on que l'arabe (ou même le corse, le breton ou l'occitan) soit inscrit dans la constitution comme deuxième langue de la République ? Non !
C'est ce que certains font en Israël au point que l'on peut se demander si tout n'est pas prétexte à faire feu de tout bois contre n'importe quelle initiative venant de Netanyahou.
Est-ce que cette initiative risque de "couper Israël d'une très grande partie de ses Juifs et des Juifs de Diaspora" et est-ce que ces Juifs de diaspora parleraient tous arabe ?!
Quant à l'allégation selon laquelle "Israël préférerait les colons aux Israéliens de tous bords." On atteint des sommets de stupidité !
Il est des moments où il faut revenir aux fondamentaux.
RépondreSupprimerLe sionisme est un mouvement religieux et politique visant à l’établissement d’un État juif en Palestine, peuplé par des juifs mais pas que par des juifs.
Dans les fondements du judaïsme, dans ceux du sionisme, dans l’esprit des pères fondateurs d’Israel , tous sans exception désiraient ériger un État Juif pour rassembler les juifs.
La Knesset n’a fait que répéter ce que tous les hommes épris de bonne volonté avaient compris hier et aujourd’hui.
Les seuls à contester ont été et sont les arabes.
Quant à la langue nationale ,de la même façon que la Constitution française affirme que la langue nationale est le français, la langue nationale d’Israel est l’hébreu, ni l’arabe , ni le russe , ni le français.
Quoi d’anormal ?
Pour ceux qui ont la tête dure , il est bon quelque fois de répéter les choses.
Bien amicalement
Jean-Claude Bensoussan