Mardi soir, à
Paris, la Saison Croisée France-Israël à l’occasion des soixante-dix ans
d’Israël a été lancée conjointement par Benyamin Netanyahou, et par Emmanuel
Macron. Près de quatre cents évènements culturels sont prévus en France et en
Israël et de nombreuses conférences auront lieu au cours desquelles on traitera
des défis de la nouvelle économie, de la science au service de l’innovation, de
la recherche médicale à la pointe de la technologie et de bien d’autres sujets
encore. Ces manifestations se dérouleront pendant plusieurs mois dans les deux
pays. Une manière de montrer ce qui rassemble les deux pays, loin des fâcheries
politiques, et les deux dirigeants s’y sont attelés dans leur discours
respectifs prononcés dans le salon d’honneur du Grand Palais.
Auparavant, Benyamin
Netanyahou avait été longuement reçu à l’Elysée par Emmanuel Macron ; leur
entretien a duré plus de de deux heures et le principal sujet traité par les
deux hommes a concerné le nucléaire iranien et la situation au Proche-Orient.
Le premier ministre israélien a voulu convaincre Emmanuel Macron du danger que
constituerait pour Israël, pour la région, mais aussi pour l’Europe, un Iran en
possession de la bombe. Le président français en est conscient, il partage
aussi les craintes du premier ministre israélien par rapport à la pénétration
iranienne dans les pays limitrophes Irak, Syrie ou l’utilisation des minorités
chiites, Hezbollah ou Houthis pour déstabiliser le Liban ou le Yémen, sans
oublier le développement de l’activité balistique.
Où donc se situent
les divergences ? Benyamin
Netanyahou partage les positions de Donald Trump : cet accord est mauvais,
dangereux, on ne peut faire confiance à l’Iran, au régime des Mollahs, les Iraniens
sont fourbes et menteurs et, ajoute Netanyahou, ils veulent la disparition
d’Israël. Les dernières déclarations du Guide Suprême Ali Khamenei : «Israël : une tumeur cancéreuse à
éradiquer» ne laissent planer aucun doute, pas plus que l’annonce par
l’Iran d’un plan visant à augmenter sa capacité d’enrichissement d’uranium. Il
faut donc isoler l’Iran, lui appliquer des sanctions économiques de plus en
plus dures qui l’asphyxieraient économiquement et pourraient provoquer un
changement de régime. Mais c’est sans compter avec le nationalisme et la capacité
de résilience du peuple iranien.
Emmanuel Macron
s’est fait, lors de la conférence de presse qui s’est tenue sur le perron de
l’Elysée, le porte-parole des pays européens signataires de l’accord de juillet
2015. Il a déclaré : «j’ai
redit au premier ministre ma conviction profonde partagée par nos partenaires
européens que l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien devait être préservé
pour contrôler l’activité nucléaire de la région» il a ajouté que cet
accord était : «une étape
qui nécessite d’être complétée, par un accord sur l’activité nucléaire post 2025,
un travail sur l’activité balistique de l’Iran et un travail sur la présence
régionale de l’Iran». Il reprend quasiment, mot pour mot, les
contre-propositions qu’il avait faites à Donald Trump pour maintenir l’unité
des Occidentaux et que ce dernier avait rejetées.
Benyamin
Netanyahou avait profité de cette inauguration à Paris, planifiée de longue date,
pour rencontrer outre Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel
et Theresa May la cheffe du gouvernement britannique, avec l’espoir de les
convaincre d’imiter les Américains en se retirant de l’accord de 2015 sur le
nucléaire iranien. Il n’a pas obtenu satisfaction. Le front européen tient mais
pour combien de temps encore ? Le premier ministre israélien a précisé un
peu ironiquement au cours de la conférence de presse : «Je n’ai pas demandé au président
Macron de quitter l’accord, Je pense que les réalités économiques règleront
cette affaire». Il faisait bien entendu très clairement allusion aux
sanctions qui frapperaient les entreprises qui commerceraient avec l’Iran.
Total, PSA, Renault pour la France n’ont pas attendu longtemps pour annoncer
qu’elles se plieraient aux injonctions américaines.
L’Europe reste un
nain politique, elle finira par s’incliner. Mais Donald Trump ira t’il jusqu’à
utiliser la force contre l’Iran si ce pays ne cédait pas. Rien n’est moins sûr.
Il faut se souvenir qu’il y a seulement quelques mois, il voulait retirer les troupes
américaines de Syrie et rappeler que les Iraniens bénéficient du soutien des Russes
et des Chinois, signataires de l’accord de juillet 2015.
Netanyahou savait qu'il ne réussirait pas à convaincre les dirigeants européens de revoir leur positon sur l'Iran. L'essentiel, c'est qu'il soit prouvé -- à l'usage des générations futures, lorsqu'elles écriront à leur tour ce que fut notre histoire -- que la France et l'Europe ont, par leur aveuglement, leur naïveté et leurs intérêts à court terme, collaboré de facto au programme nucléaire iranien. Quand un meurtre se prépare, la sagesse commande d'en préserver les preuves pour les opposer à ceux qui auraient pu l'empêcher. A plus forte raison, s'il s'agit d'un génocide programmé et publiquement annoncé.
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