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Assad à Paris 14 juillet 2008 |
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe. Comment, la Syrie
aurait commis des crimes contre l’humanité ? Ce pays n’est-il pas dirigé
par un ophtalmologiste particulièrement clairvoyant qui compte le président Poutine
et l’Ayatollah Rouhani parmi ses amis les plus chers ? N’a-t- il pas été
reçu avec tous les honneurs par le président Sarkozy qui voyait en lui un
partenaire privilégié pour son projet de l’Union pour la Méditerranée ?
N’est-ce pas lui qui se trouvait à la tribune officielle au défilé du 14
juillet 2008 à Paris ?
C’était peut-être avant le début de la guerre civile –
mais peu après l’assassinat de Rafik Hariri – ami personnel de Jacques Chirac -
dont beaucoup de commentateurs lui
attribuaient la responsabilité. Et voilà qu’en ce mercredi 20 juin 2018, on
apprend qu’une commission d’enquête indépendante créée par le fameux Conseil
des Droits de l’Homme des Nations Unies - juste avant que les Etats-Unis n’en
annoncent leur retrait - affirme que les forces du régime de Damas engagées
dans la lutte pour la Ghouta orientale se seraient livrées à des actes qui «s’apparentent
à des crimes contre l’humanité !»
Ce n’est certes pas la première fois que semblables
accusations sont portées contre Bachar Assad, mais elles avaient jusqu’ici été
repoussées avec succès, la Russie n’hésitant pas à mettre son veto à tous les
projets de résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU visant le fidèle allié
qui lui a permis de se réimplanter au Moyen- Orient après des années d’absence.
Moscou ne dispose-t-il pas aujourd’hui
d’une base navale sur la Méditerranée et d’une base aérienne ?
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Al Shayrate |
Plusieurs fois montré du doigt pour avoir utilisé l’arme
chimique contre son propre peuple, le régime syrien a toujours démenti et a
échappé à des sanctions de l’organisation internationale. Exaspérée, la Maison
Blanche de Donald Trump avait fait cavalier seul et bombardé en avril 2017 la base syrienne d’Al Shayrate d’où avaient décollé les
avions ayant attaqué à l’arme chimique la ville de Khan Sheikhoun.
Un an plus tard presque jour pour jour,
Washington Londres et Paris envoyaient leurs missiles sur des cibles à Damas
associées au programme chimique syrien et aux installations de stockage de cet
armement interdit pour protester contre l’usage d’armes chimiques à Douma dans
la Ghouta orientale dans le cadre des efforts des forces gouvernementales pour
reprendre le contrôle de cette région aux mains des rebelles. Volant une
nouvelle fois au secours de son allié, la Russie avait alors tenté de faire
condamner l’attaque occidentale par le Conseil de Sécurité, mais huit pays ont
voté contre et les Etats-Unis n’ont pas eu à faire usage de leur droit de veto.
Pourtant c’est bien sur les événements de la
Gouta orientale et le siège prolongé subi par plus d’un quart de million de
civils que portent les conclusions de la Commission d’enquête : «Par les bombardements généralisés et
systématiques de zones et de sites habités par des civils, et le refus
permanent d'accès à la nourriture et aux médicaments aux civils assiégés
pendant la période donnée, les forces pro-gouvernementales ont perpétré un
crime contre l'humanité, par ces actes inhumains causant de graves souffrances
physiques et mentales».
Gageons que ces conclusions qui n’ont qu’un effet déclaratoire,
n’empêcheront pas le président syrien de dormir sur ses deux oreilles. Et ne
nous attendons surtout pas à des démonstrations monstres dans les rues de Paris
contre «le
boucher de Damas».
1 commentaire:
M. Benillouche, les manifs sont réservées à Israël. Triste privilège !
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