LES RELATIONS ISRAÉLO-FRANÇAISES DANS LA TOURMENTE
Par Jacques BENILLOUCHE
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La
visite que devait effectuer le premier ministre Edouard Philippe en Israël, les 31 mai et 1er juin a été annulée par la
France. L’alibi de «l'agenda intérieur chargé du chef du gouvernement»,
et notamment les dossiers de la SNCF et de l'audio-visuel public, est un alibi
peu crédible. Cette décision a été certainement prise en raison du transfert de
l'ambassade américaine à Jérusalem et des victimes palestiniennes de Gaza à l’occasion
de la «grande marche du retour». Et cela étonne d’autant plus que
la visite, ajournée sine die.
Le
président français avait critiqué la prise de position de son «ami Donald
Trump», affirmant que son annonce avait été «une véritable erreur qui
n’aidait pas à l’amélioration de la situation sécuritaire». La politique
française est autonome et elle ne peut être calquée sur celle des Américains et
encore moins sur celle des Israéliens qui ont du mal à assimiler cette notion de
stratégie diplomatique. Toutefois le
gouvernement israélien souhaite une politique française équilibrée qui ne soit
pas imposée par le seul Quai d'Orsay qui rappelle «les autorités
israéliennes à leur devoir de protection des civils et leur demande d'agir avec
la plus grande retenue» à la suite de la mort des Palestiniens à Gaza.
Si
Paris insiste sur le «droit des Palestiniens à manifester pacifiquement» et
souhaite que «les deux parties fassent cesser la crise humanitaire que
traverse la bande de Gaza», il tient à ignorer les arguments sécuritaires
des Israéliens qui ne peuvent se laisser déborder par des manifestants prêts à
envahir leur sol. Quand le Quai d'Orsay exige que le blocus instauré par les
autorités israéliennes soit levé, il ne soulève pas le problème que le point de
passage de Rafah avec l’Égypte n’a été ouvert que pendant 29 jours en 2017
alors que de manière quotidienne des centaines de camions livrent des
marchandises et des produits industriels à Gaza.
L’ambassade de France à Tel-Aviv n’avait pas apprécié mon article
publié chez Slate en février 2018 qui justement soulevait l’état des relations :
«Depuis les votes négatifs à l’Unesco et après le vote de la France en
faveur de la résolution condamnant la décision américaine de transférer son
ambassade à Jérusalem, les relations entre Israël et la France sont –c’est un
euphémisme– très froides». Les nombreuses visites de ministres et hauts personnages
français en Israël ne peuvent camoufler le fait que les relations restent extrêmement
conflictuelles.
Le gouvernement français est maître de ses choix politiques et de sa
politique étrangère qui ne doivent pas être soumis à l’imprimatur d’Israël.
Mais il semble évident que le Quai d’Orsay pousse à des relations privilégiées avec
les potentats arabes et iraniens. Toute la politique de la France est fondée sur un
pragmatisme économique dans lequel Israël a peu de place. Le Quai d’Orsay est
dans son rôle quand il publie son opinion à l’occasion des événements
meurtriers de Gaza. Mais le déséquilibre de sa déclaration affaiblit son
influence en Israël et lui enlève toute possibilité de se poser en arbitre dans
le dialogue israélo-arabe, n’en déplaise aux diplomates de l’ambassade dont le
rôle est de gommer les aspérités. Pourtant, les Israéliens considèrent la
France comme un partenaire indispensable dans le processus de paix.
Le
Quai n’a pas mis en garde le Comité de coordination pour la Grande marche du
Retour sur les risques d’un débordement des émeutiers chauffés à blanc par
des discours nationalistes inefficaces : «Le Comité de coordination a
identifié un certain nombre d'événements populaires pour faire face à
l'occupation et briser l'arrogance de la sécurité israélienne qui a essayé
d'être imposée à notre peuple et l'empêcher d'approcher des frontières
artificielles entre la bande de Gaza et nos terres historiques occupées». En
n’imposant pas de faire respecter les frontières, les manifestants ont été
encouragés à les détruire pour envahir le territoire israélien.
La France souffre des factions islamiques et djihadistes autant qu’Israël
mais se voile la face devant les déclarations du chef du bureau politique du
Hamas, Ismail Haniyeh, qui avait prévenu à l’avance que la «marche du
retour ne s'arrêtera pas forcément à la frontière d'Israël». Mais
cela n’empêche pas Emmanuel Macron de condamner aujourd'hui les «actes
odieux commis par Israël contre des manifestants palestiniens». C’est
une affirmation unilatérale qui peut être difficilement acceptée par le
gouvernement israélien.
Et
pourtant les langues se délient du côté palestinien pour admettre que plus de
75% des morts sont des militants du Hamas et non des manifestants civils. Rien
n’y fait. En d’autres lieux et en d’autres temps, lorsque 40.000 émeutiers s’attaquent
aux forces de l’ordre, des centaines de morts, voire des milliers auraient dû
être dénombrés. Les soldats israéliens, des tireurs d’élite, ont eu des consignes fermes
de ne tirer qu’au coup par coup après avoir ciblé les meneurs armés. Le nombre
d’une centaine de morts, selon Israël, était incompressible.
On
avait déjà senti la gêne du ministre français des Affaires étrangères,
Jean-Yves Le Drian, venu à Jérusalem le 25 mars, pour la première fois en
Israël. Il était uniquement venu pour clarifier la position de la France vis-à-vis
de l’Iran. Le résultat de la rencontre
fut faible.Le ministre français avait insisté auprès de Netanyahou sur la
défense de l'accord avec l’Iran. Il avait constaté que les divergences avec la
France sur la question iranienne étaient croissantes. La conférence de presse conjointe
avait été réduite à sa plus simple expression lorsque Netanyahou avait exprimé
sa position ferme : «Nous devons nous unir contre ce terrorisme qui afflige
notre monde. Nous devons combattre les terroristes où qu'ils soient. Et nous
devons combattre les régimes parrains du terrorisme, où qu'ils soient. Le
principal régime de parrainage de terroristes dans le monde, dans notre région
et au-delà est l'Iran. Nous devons faire reculer son agression, et c'est vaste,
et nous devons nous assurer que l'Iran n'acquiert pas d'armes nucléaires».
Mais
Israël a besoin de la France car la politique étrangère européenne est façonnée
par Emmanuel Macron, en particulier sur le dossier iranien. Alors les
observateurs scruteront les conséquences de l’annulation de la visite d’Édouard
Philippe. L'Ambassade d'Israël en France et la Chambre de Commerce France-Israël organisent, du 5 au 8 juin, dans le Salon d'Honneur du Grand Palais, une exposition présentant 70 ans d'innovations israéliennes. Cette exposition sera inaugurée le 5 juin par
le Président de la République Française et par le Premier Ministre Israélien, si
Netanyahou n’annule pas son déplacement... en raison d'un agenda chargé.
Israel se passera de la visite insignifiante du Premier Ministre Français !
RépondreSupprimerles Français et les "Européens" sont d'une nullité, ils ne pensent qu'à faire du fric avec une dictature de mollah: l'Iran et à trahir !
La France a vu son taux de chômage augmenter à nouveau, bref, cette crise depuis 40 ans est toujours là et des générations ont été sacrifiées, mais tant que ça ne touche pas "Auteuil,Neuilly,Passy", ...
Excellente émission hier soir sur la 2 : Casch Investigation d'Elise Lucet sur les magouilles de " l'erre Sarkosy "avec la libye de Kadhafi..
Et la France la ramène..?!!
Cher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerTout ce que vous écrivez sur le traitement que le Président Macron fait subir à Israël serait audible s'il était un homme d'état ou un politicien comme l'ont été tous les présidents de la Vème République, de De Gaulle à Hollande. Mais vous semblez oublier qu'Emmanuel Macron est un banquier. Qu'il a pris le pouvoir, par un concours de circonstances et grâce à ce que ses propres amis présentent comme "Le Casse du siècle". Il exerce donc le pouvoir seul, et aucune décision, d'aucun de ses ministres, n'est prise sans son aval. C'est donc à lui, et à lui seul, que revient la responsabilité de toutes ses décisions, bonnes ou mauvaises.
Très cordialement.
Je me suis mis en réserve du mouvement en marche. La position française sur les manifs à Gaza est inadmissible et impardonnable
RépondreSupprimerlorsque l'armée française au Mali( donc pas chez elle) a du faire face à une "foule en colère", elle a tiré à balles réelles sur la foule et personne n'a rien eu à redire plus de 60 morts, de vrais civils dans ce cas...
RépondreSupprimeron ne peut comprendre la politique de la France et celle de l'UE que par le fait que l'existence même d'Israél pose probléme à des pays qui veulent la fin des nationalismes pour créer à l'image de l'ex-URSS une Europe sans nations multiculturelle.
cela dit Israél est un VRAI pays multiculturel
essayes de comparer l'URSS et L'UE, nombreuses similitudes...