LA DROITE
REJOINT LES DEUX EXTRÊMES AUX CÔTÉS D’ASSAD
Par Jacques BENILLOUCHE
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Cellule de crise pendant les frappes |
Dans sa course après l’électorat d’extrême-droite,
la droite républicaine s’est distinguée avec des prises de position inattendues.
Les diatribes d’un Jean-Luc Mélenchon, viscéralement anti-israélien, n’étonnent
plus puisqu’il défend l’indéfendable, à savoir le «boucher»
syrien, comme il soutenait hier le vénézuélien Chavez et ses excès. On n’est pas étonné non
plus que Marine Le Pen adopte les thèses russes après le financement de son
parti par les banques de Moscou : «Ces frappes contre la Syrie
nous engagent dans une voie aux conséquences imprévisibles et potentiellement
dramatiques. La France perd à nouveau une occasion d'apparaître sur la scène
internationale comme une puissance indépendante et d'équilibre dans le
monde». Et pourtant, paradoxalement en France, Marine le Pen axe sa politique anti-immigration
contre «les Arabes qui envahissent la France» mais n’hésite
pas à faire la courbette à El-Assad. La droite qu’elle défend se radicalise, en
phase avec la radicalisation des Musulmans.
Mais aujourd’hui, le contour
de la contestation contre les frappes cadre exactement avec les milieux antisionistes,
voire antisémites et la droite républicaine a suivi le Front national en
condamnant, à l’unisson, la décision d'Emmanuel Macron de prendre part aux
frappes en Syrie aux côtés de la Grande-Bretagne et des
États-Unis : «Une faute politique» selon eux. L’usage d'armes chimiques par le régime de
Bachar el-Assad contre sa propre population civile importe peu. Alors on se
cache derrière un juridisme déplacé. Ainsi Julien Aubert député LR du Vaucluse pense que «cette
intervention, sans l'aval de l'ONU, représente une véritable brèche dans la
tradition diplomatique française. Seul le Conseil de sécurité peut autoriser
l'usage de la force ; en contournant le veto russe, nous ouvrons la boîte
de Pandore. Nous sommes en train de nous tirer une balle dans le pied». Il
rejoint en fait la traditionnelle position du Quai d’Orsay.
Dupont-Aignan et le Pen |
L’allié officiel du FN, le leader de Debout la France,
Nicolas Dupont-Aignan appuie avec force Assad en remettant en cause la véracité
des preuves sur l'usage effectif d'armes chimiques par Damas : «Personne ne
connaît la traçabilité du gaz sarin utilisé ! Nous ne pouvons pas intervenir
tant qu'il n'y a pas eu d'enquête indépendante. Nous nous devons d'adopter une
position équilibrée qui repose sur des faits et non pas sur des rumeurs».
Pour lui les photos des enfants gazés entrent dans le domaine de la mise en
scène. Luc Ferry, LR, ancien ministre de l'Éducation, estime que les
Français suivent «Trump comme des toutous». Le leader du
groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, est aussi sévère : «La voix
de la France n'est forte que si elle est singulière, elle n'est utile que si
elle privilégie le dialogue. Emmanuel Macron aligne la diplomatie de la France
sur celle de Donald Trump ; c'est une erreur et les leçons du passé et de
nos échecs au Moyen-Orient semblent déjà oubliées». Enfin la bigote Christine
Boutin, a tweeté qu’elle s’était réveillée «avec froid dans le
dos», en pointant du doigt un manque de preuves. Enfin, le porte-parole
français d’Assad, Thierry Mariani, est fidèle à lui-même en le soutenant sans faille.
Chrétiens à Alep |
Tous ces catholiques bon teint défendent aujourd’hui ceux
qui se sont acharnés sur les Chrétiens d’Orient en les massacrant ou en les
poussant à l’exil. On ne peut pas
comprendre leur attitude. Seul Alain Juppé abonde dans le sens du président
Macron : «Ne rien faire en Syrie, c'était signer l'arrêt de notre
impuissance et de notre indignité face aux agissements monstrueux d'un régime
criminel. Les comparaisons avec la deuxième guerre du Golfe et l'intervention
en Libye ne sont pas pertinente». De même le LR Gérard Longuet a jugé «légitimes» les frappes françaises. En revanche, comme de nombreux cadres de son
parti, le président des Républicains, Laurent Wauquiez, ne soutient pas la
décision présidentielle : «Je ne crois pas à l’utilité de frappes
punitives. Frapper pour frapper, pour donner le sentiment de faire quelque
chose, sans qu’il y ait une quelconque stratégie derrière, je n’en comprends ni
l’utilité, ni le sens».
Lagarde, Le pen et Wauquiez |
Le centre, fidèle à lui-même, représenté par
Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, est formel : «C'est
l'honneur de la France d'être à la hauteur du rôle singulier et historique qui
est le sien et d'avoir pris l'initiative, aux côtés des démocraties américaine
et britannique, d'exercer des frappes aériennes ciblées sur l'arsenal chimique
syrien».
Il est stérile de commenter les prises de
position de l’extrême-gauche antisioniste, voire antisémite, qui sont conformes
aux habitudes. Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise
et le revenant Olivier Besancenot préfèrent soutenir les milieux arabes d’où
ils puisent une grande partie de leur électorat. Leur position rejoint celle de
l’ancien bras droit de Marine le Pen, Florian
Philippot, président des Patriotes, qui compare Emmanuel Macron à l’ancien
premier ministre britannique Tony Blair, qui avait suivi les Etats-Unis dans la
guerre d’Irak.
Une exception à gauche, chez
les socialistes, celle du premier secrétaire Olivier Faure, qui
cautionne les frappes : «Les attaques chimiques répétées du
régime de Damas contre son peuple imposaient une réaction. Le silence des
nations ouvrirait une jurisprudence criminelle donnant dans les faits la
possibilité de violer les conventions internationales sur
l’utilisation d’armes chimiques».
En fait tous les
opposants aux frappes ne se rendent pas compte qu’ils se comportent comme des
partisans des dictatures et accessoirement des antisémites. Il est vrai que de
nombreux antisionistes sont financés par l'Iran qui soutient Assad, qu’il
s’agisse des gauchistes ou de l’ultra-droite. Quant à la droite républicaine,
son aveuglement contre Emmanuel Macron lui enlève toute capacité de
raisonnement. S’opposer systématiquement, sans exprimer de doutes, est devenue
sa maladie incurable surtout lorsqu'il faut soutenir les forces armées françaises en opération.
Vous avez tout à fait raison. Tout ce beau monde réagit en fonction de ses intérêts politiques et électoraux sans se soucier des intérêts de la France.
RépondreSupprimerCher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerCe qui demeure certain, c'est que quelles que soient les conséquences pour la France, de cet alignement de Macron sur la politique de Trump, il devra l'assumer seul, puisque c'est seul qu'il a décidé de ces frappes sur la Syrie.
Très cordialement.