LA COALITION ISRAÉLIENNE DE PLUS EN PLUS
FRAGILISÉE
Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
Cabinet de sécurité |
A
l’approche des élections législatives, prévues sauf anticipation pour le début
de l’année 2019, les manœuvres ont véritablement commencé en Israël pour
préparer la relève du premier ministre ou son maintien. Les ambitions
s’expriment à présent ouvertement, au fur et à mesure que l’on approche de la
décision de justice concernant les affaires dans lesquelles Benjamin Netanyahou,
sa famille et ses proches sont impliqués. Les gesticulations pré électorales
relèvent en fait de la guerre des clans.
Barak-Eizenkot |
L’ancien
premier ministre Ehud Barak a rencontré chez lui le chef d’État-major, Gadi
Eizenkot. De là à y voir une conspiration politique, il n’y avait qu’un pas qui
a été franchi. L’expert en politique politicienne Barak avait en fait tendu un piège
au chef d’État-major pour faire les premières pages des manchettes. Eizenkot
s’est justifié en précisant qu’il rencontrait régulièrement les anciens hauts
personnages de Tsahal, même ceux qui organisent une campagne contre le
gouvernement.
Cette affaire a perturbé le ministre de la défense Avigdor
Lieberman qui entretenait d’excellentes relations avec son chef d’État-major
dont il a d’ailleurs prolongé d’une année sa fonction, jusqu’à fin décembre
2018. Lieberman aussi a l’habitude de
consulter à son bureau les anciens officiers supérieurs de l'establishment de
la défense, sans arrière-pensée politique, qui manifestent des inquiétudes sur la
préparation et la compétence de l'armée pour la prochaine guerre.
Bitan et Amsellem |
La
démission du bras droit de Netanyahou, David Bitan, chef de la coalition à la
Knesset, soupçonné de fraude, d’abus de
confiance et d’avoir bénéficié de pots de vin de millions de shekels, discrédite
l’ensemble de la coalition gouvernementale. La révolte anti-Bibi a été lancée
au Likoud. Ils sont cinq membres du parti à vouloir faire équipe pour remplacer
Netanyahou comme leader mais ils n’ont pas le courage d’afficher ouvertement leurs
intentions, sauf en off auprès de certains journalistes. Ils estiment que la
corruption affecte le Likoud et l’ensemble de la classe politique et qu’à ce
train, le parti perdrait le pouvoir aux prochaines élections. Mais Netanyahou
peut compter encore sur la bataille des egos qui neutralise ses prétendants.
Ces derniers préfèrent laisser l’enquête se terminer et attendent la décision
du procureur de l’État avant de se prononcer. Il s’agit d’un manque de courage
manifeste qui justifie leur anonymat.
Israël Katz et Netanyahou |
Si
les affaires juridiques de Netanyahou s’enveniment, les cinq militants dont
deux au moins ont déjà essayé dans le passé de fomenter une révolte interne en
se brûlant les ailes, sont prêts à organiser une conférence de presse pour se
mettre en première ligne en tant que sauveurs du Likoud : «Nous
nous engageons sur une nouvelle voie. L'un d'entre nous sera choisi pour
remplacer Netanyahou. Nous ne dirons pas qui encore. Nous conviendrons que l'un
de nous sera choisi. Et pour Netanyahou, tout a une fin».
Guidéon Saar |
Mais nombreux au Likoud sont ceux qui refusent tout complot et
préfèrent perdre les élections pour revenir en force, vierges de tout passé
judiciaire. Il s’agit cependant d’un scénario pessimiste car tous les sondages
mettent Netanyahou au firmament et ses compétiteurs loin derrière, malgré les
manifestations de protestation de la place Rabin.
Le
maire de Jérusalem, Nir Barkat, se prépare lui-aussi à se lancer dans l’arène
politique après avoir eu des informations inédites que Moshé Kahlon, du parti
Koulanou, envisageait de retourner au Likoud après avoir été son numéro-2. Les
bombes puantes sont donc lancées entre ces deux protagonistes. Mais le combat
inégal sera certainement gagné par le maire de Jérusalem, Nir Barkat, millionnaire,
que ses adversaires qualifient de «politicien ambitieux, brutal, sans
scrupules et manipulateur».
Les couples Barkat-Netanyahou |
Le
ministre du renseignement, Israël Katz, a confirmé lui-aussi qu'il prévoit de
succéder à Netanyahou : «Je prévois d'être le chef du Likoud et premier
ministre d'Israël». Pas moins ! Mais il a cependant mis la
réserve que ce serait au cas où Netanyahou démissionnait.
Le chef de Bayit Hayehudi, Naftali Bennett, vise aussi la place de
premier ministre malgré sa mise en retrait volontaire mais il a tendance à
indisposer le premier ministre qui sent que son poulain lorgne sur sa place. D’ailleurs,
il ne se passe pas de semaine sans que des échanges acerbes soient échangés
entre eux. Le Premier ministre et le ministre de l'Éducation se sont affrontés le
7 janvier au sujet du refus du Likoud de soutenir une législation visant à
intégrer les institutions académiques israéliennes de Cisjordanie, l’université
d’Ariel en particulier, au Conseil de l'enseignement supérieur pour permettre à
Ariel d'ouvrir une école de médecine. Netanyahou a menacé de dissoudre le
gouvernement si Bennett ne pliait pas.
Orthodoxes à la Knesset |
En
fait ces escarmouches sont habituelles. Aucun membre du gouvernement n’est prêt
à quitter le gouvernement de coalition dont les membres veulent donner
l’impression d’exister et de participer à l’écriture des lois. C’est à qui aura
l’initiative d’un projet minoritaire à mettre en chantier tant que l’étroitesse
de la coalition permet d’imposer des mesures populistes. Il faut bien sûr satisfaire
son électorat à la veille des élections. Alors les religieux orthodoxes tentent
d’imposer leur vision étroite de la société en demandant la fermeture des
supermarchés le samedi comme si cela gênait les fidèles de se rendre à la
synagogue. Mais pour eux le chantage est de mise et les laïcs doivent se plier
à leurs diktats.
Ce
fut encore le cas pour interdire le travail sur un chantier ferroviaire le jour
du shabbat. Ce conflit politico-religieux a
provoqué le chaos dans les transports en Israël, au point de faire trembler le
gouvernement. La compagnie israélienne des chemins de fer a estimé devoir faire
certains travaux d’entretien le samedi, jour le moins gênant pour les usagers
des transports, avec l’accord du ministre des Transports. Mais c’était sans
compter sur les orthodoxes qui ont menacé Netanyahou de quitter le gouvernement
si les travaux persistaient. 13 orthodoxes à la Knesset ont imposé leur loi au
pays. Le gouvernement s’est exécuté en entraînant un chaos
invraisemblable puisque le train étant arrêté, les voyageurs ont dû se rabattre
sur les bus avec des bouchons inadmissibles.
Netanyahou et ses deux prétendants Lieberman et Bennett |
C’est
aussi le cas aussi d’Avigdor Lieberman qui veut instituer la peine de mort
générale pour les terroristes alors qu’elle ne concernerait qu’une poignée de
cas par an, suffisamment pour subir les critiques du monde civilisé. Il est
vrai qu’il en avait fait une promesse de campagne. Or la majorité des
terroristes sont éliminés par Tsahal ou se suicident. La mesure n'aurait rien de dissuasif mais elle peut rapporter des voix.
Le
gouvernement donne l’impression d’improviser selon le sens du vent et n’a plus
une vision générale pour les années à venir. C’est le cas de la loi sur
Jérusalem, votée à la sauvette, qui impose une majorité de 80 députés au lieu
de 61 pour diviser la capitale dans le cadre d’un éventuel accord avec les Palestiniens.
Netanyahou gouverne au coup par coup, au lieu de prendre à bras le corps les
véritables problèmes qui touchent l’ensemble de la population.
Elie Elalouf |
Ainsi, un seul
exemple probant parmi tant d’autres : rien n’est fait pour les jeunes et
les nouveaux immigrants pour leur permettre de se loger correctement à bon
marché. Le député Elie Elalouf de Koulanou vient pourtant de déclarer, dans une
émission de télévision à la chaîne nationale, qu’il fallait simplement
construire 100 logements par an pour résorber la pénurie. Mais il n’a aucun
pouvoir pour imposer ses vues bien que son parti soit membre de la coalition
gouvernementale.
Pour
pouvoir gouverner, Netanyahou est forcé de faire de nombreuses concessions à
ses alliés nationalistes et religieux. D’ailleurs, après sa victoire aux
législatives en 2015, il avait mis du temps, après des négociations longues et
laborieuses suivies de concessions politiques, pour former dans la douleur sa coalition. Et depuis, les mouvements d’extrême-droite, les nationalistes
et les religieux orthodoxes, qui défendent l’extension des implantations,
imposent leurs vues à coup de chantages parce que la coalition est de plus en
plus fragilisée.
Ah si c'était vrai ... mais il y a UN responsable à ce gouvernement extrémiste, quelqu'un qui n'est pas extrémiste mais oppportuniste : Kahlon ! Qu'il quitte le navire, et cela précipitera les choses.
RépondreSupprimerAu Dieu tout puissance d'Israel fait un le prochain soit compose de gens sains d'esprit, pas corrompu et surtout pas religieux. Juste des gens normaux. Amen
RépondreSupprimer