SAYERET MAATKAL : L’UNITÉ D’ÉLITE
MYTHIQUE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Nous avions
écrit, dans un précédent article, que l’armée égyptienne est puissante mais
qu’elle n’arrivait pas à neutraliser les terroristes dans le Sinaï parce qu’à
la suite de différentes purges politiques, les services de renseignements
avaient été décapités. Mais ce n’est pas tout ; elle dispose de beaucoup
de soldats bien armés mais elle manque d’unités d’élite chargées des
renseignements et des missions spéciales dont les membres doivent recevoir une
formation et un entraînement de plusieurs mois.
En
Israël, l’unité Sayeret Maatkal, celle du chef d’État-Major, est considérée
comme la meilleure unité de combat de l’armée israélienne, et l’une des forces
spéciales les meilleures au monde. Parce que le professionnalisme y est érigé
en mode de vie, elle a réalisé avec succès les missions les plus audacieuses de
Tsahal, et a vu défiler dans ses rangs des grandes figures israéliennes.
L’ancien premier ministre Ehud Barak, Benjamin Netanyahou et son frère Yoni tombé au combat à Entebbe, l’ancien ministre de la défense Shaoul Mofaz et
l’ancien patron du Mossad, Danny Yatom. La liste est longue.
Yoni Netanyahou |
L’unité
Sayeret Maatkal n’est rattachée à aucun commandement régional, elle répond directement
aux seuls ordres de l’État-major israélien. Elle appartient à la Branche des
Renseignements de l’armée, l’une des composantes de la communauté israélienne
du renseignement. Les combattants de l’unité sont sélectionnés à partir de
critères spéciaux, par le biais de tests rigoureux et d’examens physiques
éprouvants. Ils doivent exceller en matière de motivation, détermination, forme
physique et capacité à prendre des décisions sous pression. Les combattants
sont spécialisés en opérations commando. Un équipement technologique de pointe
est mis à leur disposition.
La
formation dure 20 mois. Les combattants débutent par un entraînement commun de
4 mois avec les soldats de la Brigade parachutiste. Ensuite, ils sont séparés
du reste des parachutistes et suivent un entraînement spécifique, qui les
soumet à des épreuves physiques intenses à l’issue desquelles ils reçoivent le
fameux béret rouge, après notamment une marche éreintante de 120 kilomètres.
Par la suite, ils entament une formation spécialisée qui comprend notamment :
15 semaines de navigation dans le désert, des exercices de repérage, des
exercices anti-terroristes, la formation de tireur d’élite de Tsahal et des
séances de camouflage.
Mehina Tavor |
Dix
candidats se présentent pour une seule place ce qui impose une sélection
tellement rigide que les candidats préfèrent surseoir à leur incorporation pour
faire une année de préparation spéciale, Méhina militaire, une sorte de classe
préparatoire à l’instar des candidats à Saint-Cyr.
Mais
cette préparation comporte peu d’entraînements militaires qui seront enseignés
par des spécialistes à l’armée. Il s’agit d’une éducation civique et mentale
sur les valeurs d'héritage israélien, juif et sioniste. Ils y apprennent la vie
en communauté, le sens de la camaraderie et de la solidarité dont ils feront
usage lors de leurs missions militaires. Ces écoles de préparation forment pour
tous les postes de haut niveau de l’armée à savoir : pilotage de l'armée
de l'air, Shayetet (commandos de la marine), Sayeret Maatkal (unité
d'opérations spéciales), unité d’élite du renseignement et enfin académie
navale.
Commando naval shayetet-13 |
La
Méhina est un programme qui existe depuis plus de vingt ans. La sélection se fait déjà à
l’entrée de cette préparation puisque 60% des candidats sont rejetés à ce
stade. Les tests d'acceptation comprennent des entrevues de groupe, des tests
théoriques et la navigation sur le terrain. Selon les promoteurs de la Méhina,
ils choisissent les candidats principalement en fonction de trois paramètres,
l'optimisme, l'excellence et les compétences en leadership. Les mathématiques
et la physique entrent peu en considération à ce niveau.
Les
étudiants sont sélectionnés pour leur intelligence et leur haut niveau de
compétences. Mais en ce qui concerne leur connaissance de l'héritage israélien,
juif et sioniste, leur éducation de base présente de grosses lacunes. L’armée
estime que la réussite de ces futurs soldats d’élite passe par une éducation dans
les valeurs juives pour qu’ils sachent pourquoi et pour qui ils auront à combattre.
Méhina Bne David à Eli
Ces
cours préparatoires durent 10 mois, de septembre à juin, et sont payants, de
l’ordre de 10.000 shekels (2.500 euros) par élève. Le programme comprend des
études théoriques, au cours desquelles les étudiants abordent les questions
brûlantes à l'ordre du jour en Israël, pour apprendre davantage sur la
sécurité, la société, l'économie, la religion et le pays. Une grande partie est
consacrée à l'identité juive et sioniste.
Les
cours sont dispensés par d’anciens commandants militaires, d'anciens chefs du
Shin Bet (sécurité intérieure), ainsi que par des personnalités de l'industrie
des communications en Israël. Les étudiants participent également à des
activités sociales, telles que la fourniture de programmes éducatifs pour les
jeunes adolescents.
La
discipline est moins draconienne que pendant la formation militaire mais les
cours imposent une préparation militaire sévère avec des réveils avant l’aube, des
courses matinales de 10 kilomètres, des cours d'arts martiaux, des cours de
navigation et de survie. De nombreux exercices et des déplacements sont
organisés pour apprendre à bien connaître le pays. L’accent dans les études
préparatoires est mis sur les fondements théoriques et moraux mais se concentre
moins sur l'aspect physique. Il s’agit de combiner le sentiment de mission
nationale avec l’ambition personnelle pour donner au candidat toutes les
chances d'accéder aux hauts postes de Tsahal.
Opération « Printemps de la Jeunesse » |
Les
membres de la Sayeret Maatkal ont été impliqués dans de nombreuses missions
spéciales et secrètes, souvent au-delà des frontières. Leurs missions,
couvertes par la censure militaire, arrivent rarement à la connaissance des
media sauf à l’occasion d’indiscrétions volontaires. Ainsi on a découvert, au
début de l’année 2017, que si Israël n’était pas impliqué dans le conflit
syrien, des commandos de Sayeret déguisés se sont infiltrés en Syrie pour étudier le
déplacement des forces du Hezbollah et de l’armée iranienne, pour placer des puces
électroniques sur certains bâtiments militaires sensibles, facilitant ainsi la
tâche de l’aviation israélienne. Ils vont sur le terrain pour identifier les hangars et leur contenu. Ils sont même rentrés dans des bases de Daesh pour installer des systèmes d’écoute dans certaines salles sensibles de leurs
bases.
Plus
loin dans le temps, la Sayeret Maatkal a été
impliquée dans de nombreuses missions commando. Parmi elles, on se souvient de
l’Opération «Printemps de la Jeunesse» en 1973, menée dans le cadre
d’une opération de bien plus grande envergure, l’Opération Colère de Dieu,
visant à éliminer les auteurs du massacre de onze athlètes israéliens commis
pendant les Jeux Olympiques de Munich de 1972.
Dans
la nuit du 9 au 10 avril 1973, l’unité d’élite, des forces parachutistes et un
commando naval, partirent du port de Haïfa à bord de neufs bateaux
lance-missiles en fin d’après-midi et arrivèrent sur la plage de Beyrouth dans
la soirée sur des canots pneumatiques. Des agents du Mossad attendaient les
combattants à l’endroit du débarquement dans des voitures américaines luxueuses
louées la veille. Les soldats se répartirent en plusieurs groupes pour
atteindre différents objectifs : un immeuble de sept étages qui servait de
caserne aux terroristes et qui hébergeait le quartier général du Front
Populaire ; deux maisons de dirigeants du Fatah, gardées par des dizaines
de terroristes armés ; le siège du Fatah, qui était responsable des attentats
dans la bande de Gaza ; deux ateliers de production de mines et de bombes.
L’opération
dura deux heures et demie durant lesquelles trois hauts dirigeants de l’OLP
furent éliminés dans leurs appartements. Des dizaines de terroristes furent
tués. Les soldats israéliens mirent la main sur des documents importants dans
les appartements des terroristes. Deux combattants des forces dirigées par
Amnon Lipkin-Shahak trouvèrent la mort au cours de l’opération. A l’époque, on comptait parmi les commandants
de cette mission le Lieutenant-colonel Ehud Barak, alors commandant de la
Sayeret Maatkal, qui débarqua sur la plage de Beyrouth aux côtés des premiers
soldats et pénétra dans la ville, déguisé en jeune femme brune.
Amnon Lipkin Shahak |
Sayeret
Maatkal est la preuve flagrante de l’incohérence de la remarque de la ministre
Tsipi Hotovely à destination des Juifs américains qui «ne comprennent pas
la complexité de la région parce qu'ils ne combattent dans aucune armée et ne
subissent pas d'attaques à la roquette». Nous avons rencontré au moins deux
soldats d’origine américaine, hayalim bodedim, qui ont quitté leurs parents et
leurs études aux Etats-Unis, pour s’engager dans cette unité prestigieuse. Dont acte.
Très intéressant ! Comme toujours un reportage bien fait est supérieur à toutes les analyses forcément orientées. C’est du vrai journalisme : rapporter ce que l’on a vu ou ce que l’on a su. Le lecteur en tirera ses propres conclusions.
RépondreSupprimerAndré M
Tribune juive
En Israël, un Jeune impose le Respect en disant : "Ani Golani" (Je suis Golani)
RépondreSupprimerMais jamais, il ne dira : "Ani mi Sayeret Maatkal" (Je suis membre de Sayeret Maatkal).
Et pourtant, devenir Golani, c'est dur. Mais intégrer "Sayeret Maatkal", c'est encore plus dur.