Ce lundi 18
décembre avait lieu la journée internationale des migrants qui commémore depuis
2000, l’adoption de la Convention internationale sur la protection des droits
de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. Comment
l’appliquons-nous ? Pendant la campagne des présidentielles, Emmanuel
Macron s’était félicité de l’attitude de Madame Merkel dans l’accueil des
migrants, il avait déclaré, le 2 janvier
2017 : «la chancelière Merkel et la société allemande dans son ensemble ont été à la hauteur de nos valeurs communes ; elles ont sauvé notre dignité en accueillant des réfugiés en détresse».
Merkel avec migrants |
C’était
avant qu’il ne soit élu Président de la République ! Depuis, le discours a changé, il s’est durci
et la politique appliquée est celle de la répression. Madame Merkel a
tempéré son discours, les portes ont commencé à se fermer en Allemagne, me
direz vous, mais le 23 juin, le président Macron déclarait
encore : «nous devons
accueillir des réfugiés, c’est notre devoir et notre honneur» Il
était encore dans sa période bienveillante !
Mais, en même temps, le ministre de
l’intérieur, Gérard Collomb, adressait des circulaires aux préfets, pour qu’ils
agissent rapidement contre l’immigration irrégulière et qu’ils rendent compte
des résultats obtenus. Les préfets doivent élaborer un plan de bataille départemental. Il
leur est demandé de créer des brigades mobiles pour contrôler les structures d’hébergement
d’urgence pour savoir si les individus qui y sont accueillis disposent d’un
titre de séjour ou non, s’ils comptent faire une demande d’asile ou non, s’ils
sont visés par une obligation de quitter le territoire français : OQTF.
C’est la première
fois, que l’hébergement d’urgence, géré jusqu’à présent par les affaires
sociales, passe sous la coupe du ministère de l’intérieur, que tout
répressif prend le pas sur le social. La sanctuarisation relative de ces lieux qui
permettait à beaucoup de sans-papiers, souvent avec femmes et enfants, d’y
résider, disparaît. Parmi ces sans papiers, il faut préciser que beaucoup sont
dans l’attente d’une réponse à leur demande d’asile. Par méfiance, ou par peur,
ceux que le secteur associatif avait sortis de la rue risquent d’y retourner et
se retrouver en butte aux forces de l’ordre qui ont pour mission d’éviter la
reconstitution de campements qui pourraient servir d’appels d’air.
Cette dissuasion
peut s’accompagner de la destruction d’abris précaires, de lacération de la
toile des petites tentes comme à Paris, d’expulsion des lieux sans pouvoir rien
emporter. Emmanuel Macron avait promis, cet été «qu’à la fin de l’année plus personne ne dormirait dans les rues, dans
les bois».
Je ne suis pas
naïf, je sais que la France, l’Europe ne peuvent accueillir toute la misère du
monde…. Encore faut-il traiter tous les migrants, y compris ceux qui ne
relèveraient pas du droit d’asile, avec humanité et dignité. On ne fuit pas son
pays, en sachant qu’on risque sa vie dans cette aventure, si on n’est pas déjà
menacé de mort ou totalement désespéré.
Je suis juif et sans doute plus sensible à
la situation dans laquelle se trouvent ces réfugiés qui demandent
l’asile politique ou économique et devant lesquels les portes se ferment.
Je ne
peux m’empêcher de penser à ces Juifs qui fuyaient les pogroms, les
persécutions nazies, et qui ne trouvaient pas de pays d’accueil, à ces
conférences dans lesquelles les puissances de l’époque discutaient de quotas
d’admission et se séparaient sans rien décider.
Les situations sont très différentes, bien sur, et ne sauraient être
comparées. Néanmoins ma gêne demeure. Elle est même partagée par des députés
macroniens qui seraient décidés à contester cette politique du gouvernement à
l’égard des migrants.
Mais les mesures
répressives que voudrait prendre le gouvernement ne régleront pas le problème,
tout au plus diminueraient-elles, momentanément, le nombre de nouveaux
arrivants. Par contre, elles risquent d’attiser les antagonismes. Si les Français,
si les Européens ne veulent pas d’immigrants, ce qui est leur droit, il faudra
qu’ils payent pour que les pays, dont ces immigrants sont originaires, puissent
se développer et offrir un avenir à leurs habitants.
Se focaliser sur l'accueil des migrants, des réfugiés et autres demandeurs d'asile, outre l'intérêt politique de couper l'herbe sous le pied de Laurent Wauquiez, permet aussi d'éviter de parler des personnes sans domicile fixe (SDF) qui elles, sont souvent bien de chez nous.
RépondreSupprimerOr deux enquêtes de l'INSEE, l'une de 2001 et l'autre de 2012 qui recense 140 000 personnes sans domicile fixe en France, accuse une augmentation de 50% en l'espace de douze ans.
D'autre part, le collectif "Les Morts de la Rue", qui publie des listes de morts de SDF, signale déjà au moins 370 personnes mortes en 2017, ils étaient plus de 500 en 2015 et en 2016. Mais le collectif ne publiant que les morts qui lui sont signalés, il semble probable que le nombre des morts de la rue soit très supérieur.
Mais à voir la désinvolture avec laquelle la justice accepte l'expulsion de certaines personnes de leur logement social - et je sais de quoi je parle - on ne peut qu'en conclure qu'il n'y a pas le moindre bénéfice politique à tirer pour qui que ce soit qui s'emparerait de ce sujet.
Les SDF dont on continuera à ignorer le nombre réel, continueront à vivre dans nos rues, et même à y mourir dans l'indifférence générale.