LES DRUZES DU GOLAN FACE AU CHOIX ENTRE ISRAËL OU LA SYRIE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Défilé druze pour la Syrie |
Les
Druzes du Golan avaient défilé le 17 avril 2017 pour commémorer la journée de
l’indépendance syrienne en portant des portraits de Bachar El-Assad et en
scandant des slogans anti-israéliens. Malgré l’annexion du plateau du Golan,
qu’ils refusent de reconnaître, ces Druzes ont voulu conserver en majorité la
nationalité syrienne alors qu’Israël leur offrait d'acquérir la citoyenneté
israélienne : «Nous conservons notre identité syrienne et nous voulons
suivre la voie de la résistance nationale». Il ne faut y voir aucun
entêtement ni aucune animosité mais une ambiguïté liée à leur doctrine
nationaliste.
Les
Druzes, professant une religion musulmane hétérodoxe, sont installés au sud du
Liban (350.000), au sud de la Syrie (700.000) dans le djebel Druze et au nord
d’Israël en Galilée et au Golan (130.000). Leur religion, fondée sur
l’initiation philosophique, est considérée comme une branche ismaélienne du
courant musulman du chiisme. Mais cette secte, ayant abandonné certains préceptes
islamiques, s’est transformée en religion à part en se distinguant des autres
musulmans avec lesquels les relations sont souvent houleuses. Leur doctrine est
dérivée de l’ismaélisme et constitue une synthèse du mysticisme musulman et de
la pensée coranique. Courant monothéiste par excellence, il insiste sur l’unité
absolue de Dieu.
La
religion, qui ne comporte ni liturgie et ni lieux de culte, reste très secrète
et n’est révélée aux fidèles qu’après divers degrés d’initiation. Cette
discrétion s’imposait en raison des persécutions qu’ont subies les membres de
cette communauté de la part des autres musulmans, et même des chrétiens. Des
locaux sans signes distinctifs extérieurs abritent les lieux de prière, sans
minaret, sans fioritures ni décorations murales pour ne pas attirer
l’attention. Il n’existe aucune hiérarchie religieuse parmi les imams.
Les
Druzes, rejetant la charia et les obligations rituelles qui en découlent comme
le jeun du ramadan, sont devenus suspects à la fois aux yeux des chiites que
des sunnites. Bien que ces petites communautés soient disséminées autour de
plusieurs frontières, elles représentent une société écoutée par les
gouvernements dont ils dépendent. Leur propension à la révolte et leur esprit
d’indépendance leur permettent de constituer un groupe de pression efficace.
Enterrement d'un policier druze |
Les
Druzes refusent la conversion et ne participent donc à aucune action de
prosélytisme. Les dogmes de leur religion leur imposent d'être fidèles, loyaux
et reconnaissants envers le pays qui les héberge. À l'opposé des Kurdes, ils
n’ont aucune revendication territoriale et aucune aspiration à créer un État
druze et, en tant que minorité, ils tiennent à être forts pour donner beaucoup
au pays où ils habitent. C'est ce qui explique le lien qu’ils vouent à Israël
ou à la Syrie, dont ils défendent les frontières avec acharnement. Très
attachés à la notion de territoire, les Druzes s'engagent militairement pour
défendre le pays qui les accueille.
Les Druzes du Golan annexé par les Israéliens sont restés attachés à
leur appartenance à la Syrie, sans aucune motivation politique. Ils sont donc
très favorables à l’assimilation dans le pays qui les héberge mais, pour éviter les percécutions, ils préfèrent vivre isolés dans
leurs propres villages et se marier entre eux. Ils participent à
toutes les instances politiques et militaires, avec une grande
propension à s’engager dans l’armée pour protéger
leur communauté.
Ce
nationalisme exacerbé en faveur de leur pays explique l’antipathie affichée des
Druzes du Liban ou de Syrie à l’égard d’Israël. En fait, ils n'agissent pas au
nom d'une appartenance à une même communauté, comme les Juifs par exemple, mais
en tant que nationalistes chargés de soutenir le pays où ils vivent. En Syrie,
les adeptes du terrorisme ont cependant transformé les Druzes en véritables
dhimmis. Leur situation est aussi tragique que celle des Chrétiens puisque
leurs villages sont aussi tombés entre les mains de Daesh et qu’ils ont dû
abandonner leurs habits traditionnels pour la tenue islamiste, sous peine de perdre
la vie.
Israël
surveille de près la scène syrienne et se refuse à intervenir dans la guerre
civile. Les Druzes d'Israël ont appelé à l'aide au nom de leurs frères de Syrie qui ont toujours montré leur loyauté envers Bachar Al
Assad, réclamant même d’Israël un appui logistique armé, une transmission des
renseignements, le brouillage des communications, et le survol du territoire
par avions et drones.
Soldats druzes israéliens
Les dirigeants druzes
israéliens, dont plusieurs sont de hauts officiers de Tsahal, sont prêts à
défendre leurs proches en Syrie et ils affirment «qu’ils n’hésiteront pas à
traverser la frontière pour protéger leurs parents si nécessaire». Sensible
aux pressions de sa minorité, le gouvernement israélien envisage à présent la
création d'un corridor humanitaire sur le versant syrien du Golan, pour venir
en aide aux Druzes. Cette zone tampon serait administrée par des ONG
humanitaires et par l’ONU le cas échéant : «Nous n'avons aucune intention
d'accueillir les Druzes en Israël, mais ayant vécu un génocide, nous n'avons
pas l'intention d'ignorer la possibilité d'un massacre de la minorité druze».
Mais la
situation s’est envenimée au Golan, à la périphérie de la localité de Hader, à
la suite d’une attaque djihadiste qui a fait neuf morts druzes. Un kamikaze
terroriste du Front al-Nosra a fait exploser une voiture piégée. Le
porte-parole de l'armée, le général Ronen Manelis, a confirmé que «l'armée
israélienne est prête à éviter que le village d'Hader soit attaqué ou occupé,
dans le cadre de notre engagement envers la population druze».
20.000
Druzes habitent la partie annexée du Golan. Habituellement, l'armée israélienne
n'intervient de l'autre côté de sa frontière que lorsqu'elle estime que la
sécurité du pays est directement menacée. Son attitude est cette fois-ci
différente car elle se dit prête à intervenir pour empêcher que le village de
Haider soit occupé par les djihadistes. Elle justifie sa position par son «engagement à l'égard de la population druze» qui garde des liens étroits avec ses coreligionnaires de l'autre côté de la ligne
de séparation, souvent des membres de leur famille.
Hader à la frontière |
L'attentat à Hader a
été suivi par des combats entre l'armée syrienne et les djihadistes de l'ancien
Front al-Nosra. Ce mouvement, baptisé Fatah al-Cham, est l'ex-branche d'Al-Qaeda
en Syrie. Les violences ont fait des morts dans les rangs des deux belligérants.
L’offensive djihadiste empêche l’évacuation des blessés graves. Des habitants
druzes vivant sur le versant israélien, qui avaient réussi à traverser la ligne
de démarcation pour venir en aide à leurs frères syriens, ont été rattrapés par
les forces de sécurité israélienne. Ce n'est pas la première fois que les
violences en Syrie débordent sur le Golan. En juin 2015, deux blessés venus de
Syrie, ayant franchi la frontière à bord d'une ambulance pour se rendre dans un
hôpital en Israël, avaient été lynchés par des Druzes du Golan.
Les habitants druzes
de Majdal Shams ont exprimé leur colère face à la décision de l'armée
israélienne de les empêcher de traverser la frontière pour venir en aide au
village druze. Ils continuent de blâmer Israël, accusé de soutenir les assaillants
du village affiliés au Front Al-Nosra. Ils menacent, si ces incidents se
reproduisent, de briser la clôture par la force afin d’aller aider les
habitants de Hader, ouvertement hostiles à Israël. Israël fait donc face à un nouveau dilemme. Il a donc pris la décision stratégique de privilégier son alliance avec la communauté druze plutôt que son soutien stratégique aux rebelles qui agissent pour
éloigner l'armée syrienne des hauteurs du Golan. En conséquence, Israël a exigé
des rebelles qu’ils cessent de s’en prendre aux Druzes même si ceux-là soutiennent,
par nationalisme, le régime d’Assad.
La question a été
résolue lorsque l'armée syrienne a réussi à chasser les rebelles de la région
de Hader et à reprendre le contrôle des postes conquis par les rebelles. Israël
a intérêt à ne pas avoir de présence syrienne dans la région pour éviter la
libre circulation des miliciens du Hezbollah du sud du Liban vers le nord du
plateau du Golan. Ce n'est pas la première fois que Tsahal vient à la rescousse
des Druzes. En juin 2015, les militaires israéliens avaient empêché un pogrom à
Hader lorsque des forces rebelles, dirigées le Front al-Nosra, ont voulu venger
le lynchage de deux Syriens blessés et transférés en Israël dans une ambulance
militaire pour des soins médicaux.
Syriens soignés en Israël |
Israël a assuré la
communauté druze qu’il protégera bien sûr les intérêts des membres de la
communauté du Golan mais aussi ceux de Syrie même si ces derniers persistent à
ne pas vouloir coopérer avec Israël par nationalisme syrien.
Quel merdier...en espérant que le Mossad écoute tout ce "beau Monde" mais vue de "ma campagne", c'est pas la joie...la situation est d'un compliquer...Merci pour votre travail d'information
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