On croyait en avoir fini avec la théorie du «loup solitaire» - terme adopté par le FBI – désignant un terroriste sans contact avec un groupe. Gilles Kepel n'avait-il pas proclamé : «La théorie du loup solitaire est une imbécillité» ? Certes, il existe bien, depuis 2016, une loi antiterroriste, dont on nous dit qu'elle est «la plus sévère d'Europe». Elle avait été réclamée dès 2014, par le juge antiterroriste, Marc Trévidic, pour neutraliser ces «loups solitaires» avant qu'ils ne passent à l'acte.
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Conseil constitutionnel en 2016 |
Or
le 28 mars 2017, le Conseil constitutionnel a examiné une question prioritaire
de constitutionnalité (QPC), déposée par Me Michaël Bendavid plaidant pour son
client, Amadou S., présenté par son avocat comme né dans une famille musulmane,
mais élevé à la DDAS, n'ayant jamais pratiqué de religion et ayant une profonde
aversion pour le terrorisme islamiste. C'est à la suite de l'expulsion de son logement
qu'on a trouvé chez lui différents indices qui ont pu faire croire qu'il
relevait de la nouvelle loi antiterroriste et qu'il a été mis en détention
préventive.
Mais
le 7 avril 2017, le Conseil constitutionnel prend un arrêté déclarant
inconstitutionnelle le délit d'entreprise terroriste individuelle concernant
Amadou S. Le texte est déclaré trop flou, qui permet donc d'incriminer trop
facilement. Et le Conseil constitutionnel de rappeler les fondements de notre
droit pénal : la loi «ne saurait réprimer la seule intention délictueuse ou
criminelle». Comme l'avait précisé, François Sureau, l'avocat de la Ligue
des Droits de l'Homme, plaidant dans la même affaire : «Avant l'acte
criminel il n'y a rien. Avant qu'il soit commis, il n'existe que des citoyens
innocents».
Alors
comment interpréter ces deux articles du Figaro, parus le 2 août, signés
Cyrille Louis, correspondant à Jérusalem, dont l'un est titré : «Israël
traque les profils de terroristes» et l'autre : «Soutenir
l'intifada sur Facebook peut mener en prison» ?
Dans
le premier, on apprend que plus de 400 Palestiniens - « loups solitaires
potentiels » - ont été incarcérés dans les dix-huit derniers mois. Et voilà
qu'un officier israélien raconte comment le «profilage» se fait en
traquant les signes avant-coureurs d'un passage à l'acte sur les réseaux
sociaux. Et de préciser : «Une partie des assaillants peinent à trouver le
sommeil durant leur dernière nuit tandis que d'autres éprouvent le besoin de
régler leurs dettes, de demander pardon ou de publier un testament».
L'article se termine sur cette constatation que «l'ampleur de cette surveillance... ne provoque guère de débat au sein de la société israélienne». Le journaliste Amos Harel du quotidien Haaretz de préciser : «L'immixtion des services de sécurité dans l'intimité des gens est perçue comme acceptable tant qu'elle s'inscrit dans le cadre de la lutte antiterroriste – et ce d'autant qu'elle s'applique apparemment aux seuls Palestiniens».
L'article se termine sur cette constatation que «l'ampleur de cette surveillance... ne provoque guère de débat au sein de la société israélienne». Le journaliste Amos Harel du quotidien Haaretz de préciser : «L'immixtion des services de sécurité dans l'intimité des gens est perçue comme acceptable tant qu'elle s'inscrit dans le cadre de la lutte antiterroriste – et ce d'autant qu'elle s'applique apparemment aux seuls Palestiniens».
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Sami Janazreh |
Le
second article met en scène, Sami Janazreh, présenté comme «un dur à cuire» de 43 ans, affilié au Fatah, qui a fait plusieurs séjours en prison. Il a
été arrêté le 15 novembre 2015 et placé en détention administrative en ignorant
quelles accusations pèsent contre lui. Ce n'est qu'après des mois
d'emprisonnement et une grève de la faim de 67 jours, qu'il est inculpé «pour incitation à la haine». Son dossier de 360 pages ne contient que des
captures d'écran provenant de son compte Facebook. Condamné à 15 mois de
détention, il est libéré le 14 février 2017.
Que
veut-on nous dire, à nous Français, par la publication de ces deux articles ?
Je me le demande encore. Je n'ai pas la réponse !
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