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mardi 11 avril 2017

Le martyre des coptes d'Egypte



LE MARTYRE DES COPTES D’ÉGYPTE

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps

            

          Il n’y a pas de mots assez durs pour qualifier l’abandon à leur propre sort des Chrétiens d’Égypte, devenus de la chair à canon après le sanglant dimanche des Rameaux du 9 avril 2017. Certains y voient un lien avec la prochaine visite du pape François qui doit se rendre en Égypte les 27 et 28 avril. Deux attentats, revendiqués par Daesh, ont visé des églises coptes, faisant au moins 45 morts, dans une des attaques les plus meurtrières contre cette minorité chrétienne. La précédente, qui avait eu lieu le 1er janvier 2011 à la sortie d'une église à Alexandrie, avait fait plus de vingt morts. Par ailleurs un bombardement, en décembre 2016 dans la plus grande cathédrale copte du Caire, avait tué au moins 25 personnes et blessé des douzaines de plus, beaucoup d'entre elles femmes et enfants, 




            Le premier attentat a touché l’Église Saint-Georges à Tanta, dans le delta du Nil, à 120 kilomètres au nord du Caire. Au cours du second, une deuxième explosion a eu lieu à l’extérieur de la cathédrale Saint-Marc à Alexandrie, siège du pape copte Théodore II. Le dimanche des Rameaux est une grande fête sainte qui marque l’entrée de Jésus à Jérusalem. Les coptes d'Égypte, 10 % des 90 millions d'Égyptiens, représentent la communauté chrétienne la plus nombreuse du Moyen-Orient et l'une des plus anciennes.

            Daesh a déjà ciblé depuis l’été 2013 plus de 40 églises qui ont été incendiées ou endommagées, ainsi que des dizaines d'écoles, de maisons et de commerces appartenant à des coptes. Nul ne comprend pourquoi les forces de l'ordre ont été absentes lors de ces attaques confessionnelles. Ce fut aussi le cas au Sinaï où le meurtre d’un copte à el-Arish avait poussé plusieurs familles coptes à fuir leurs maisons. La minorité chrétienne est punie pour avoir soutenu l'éviction, en juillet 2013, du président islamiste Mohamed Morsi. C'est un alibi qui ne tient pas.

            Une armée pléthorique n’arrive pas à endiguer les attaques des miliciens de l’État islamique. On ne la reconnaît plus alors qu’elle avait lancé ses premières attaques contre Israël en 1973 en faisant de nombreuses victimes.  Le président Al-Sissi n’avait pas suffisamment pris la mesure du danger puisqu’il vient seulement d'exiger «le déploiement immédiat d'unités de protection de l'armée pour aider la police à sécuriser les infrastructures vitales et importantes dans toutes les provinces du pays». Il aurait pu et dû prendre ces mesures bien avant ces deux attaques meurtrières. Cela est d’autant plus étonnant que, depuis le début de l’année, les menaces de Daesh n’ont cessé d’être diffusées. Dans une vidéo publiée en Occident le 19 février 2017, l’État Islamique avait promis une intensification de ses attaques contre les Chrétiens d’Égypte. La police n’a pas pour autant sécurisé les lieux de culte pour ne pas être accusée de provocation. 
            En fait Daesh, qui subit des échecs en Irak et en Syrie, a décidé d’étendre ses actions en Égypte, pays qui a montré ouvertement ses faiblesses.  Il cherche à créer la panique au sein de la communauté chrétienne pour s’implanter sur l’ensemble du territoire égyptien en faisant le vide des populations non musulmanes : «Dieu a donné l’ordre de tuer tous les infidèles, tous les adorateurs de la croix»

          Les coptes pensent aussi être ciblés partout parce que leur pape Théodore II s’était affiché aux côtés d’Abdel Fattah al-Sissi, lors de l'annonce de la destitution de Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans. Alors l’État islamique cherche à alimenter le sentiment d’insécurité en Égypte pour y provoquer le chaos et déstabiliser le pays en attisant les tensions entre Chrétiens et les islamistes.
            On ne comprend pas l’inefficacité des forces de l’ordre incapables de protéger les lieux de culte, a fortiori un jour de fête qui voit affluer de nombreux fidèles. On ne comprend surtout pas la passivité des pays occidentaux et des associations bien pensantes pourtant toujours promptes à condamner la mort d’un terroriste dans les territoires de Cisjordanie. 


          Où sont leurs manifestations de masse en France, de la République à la Nation ? Comment accepter le silence d’organisations musulmanes qui ne condamnent pas ces crimes comme si elles voulaient donner un blanc-seing ? Deux poids et deux mesures. Il est vrai que les Chrétiens d’Égypte sont coupables d’avoir occupé leur pays avant les Arabes et qu’ils ne sont donc plus légitimes sur une terre arabe. Il est vrai aussi que les Chrétiens du Moyen-Orient n’ont jamais fait preuve de solidarité envers Israël qu’ils considéraient comme leur ennemi. Les Chrétiens ont peur de choquer les Musulmans, alors ils se taisent; même le pape François qui n'ose pas marquer sa désapprobation claire. 


3 commentaires:

  1. Le Pape a abdiqué devant les musulmans dans le seul but de préserver ses lieux saints à Jérusalem. Il a même été jusqu'au zèle de baiser les pieds des réfugiés syriens.
    Vendre son âme ne dure qu'un temps et on voit le cheminement d'un christianisme qui se liquéfie.

    Quand aux grands penseurs français de gauche comme de droite les chrétiens d'Orient n'ont aucun poids face aux électeurs musulmans.
    Bonne chance aux Chrétiens d'Orient de toute façon ils partiront jusqu'au dernier dans l'indifférence totale.
    Bernard Meyer

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  2. Hamdellah ABRAZ11 avril 2017 à 08:19

    Horribles !!! ces attentats qui se répètent contre les Coptes d’Egypte !!! Inadmissibles ces tueries contre les Coptes d’Egypte !!! Qui est derrière ??? L’on nous dit que l’attentat est signé de ces monstres islamiques de l’EI !!! Est-ce suffisant comme réponse ??? NON.

    Car les germes essaimés de « survenance » de ce type d’attentats sont l’œuvre des pouvoirs égyptiens remontant à plusieurs décennies, voire plus. Les institutions de l’Etat égyptien, sa mosquée d’Elazhar, (par moment une vraie niche de haines ; Ali Abderazak, azhariste, une de ses victimes, en connaissait quelque chose, au début du siècle précédent), certaines élites bien-pensantes pas seulement chez les islamistes, toutes, tous sont complices et/ou complaisants dans la construction de « cette plateforme de haine, de rejet » contre leurs compatriotes Coptes, en fait, les vrais Egyptiens, les vrais continuateurs de l’Egypte profonde.

    L’Occident, encore lui, se complaît dans ses affaires « sonnantes et trébuchantes », somme toute ce qu’il y a de plus normal, mais pas au point d’aller d’un renoncement à un autre, au nom de la "sainte" Bourse, ou de " l'éternelle" lutte de classes et ses prolongements les BDS ou au nom de la Sainte Trinité.

    Les Coptes eux-mêmes devraient revoir leur feuille de route quant à leur voisinage et leur sécurité dans leurs rapports avec les autres populations égyptiennes.

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  3. Les Juifs avaient une presence de pres de 2500 ans dans les pays aujourd'hui arabes et les coptes sont, comme aussi des musulmans, des descendants de l'Egypte de Pharaon et Cléopâtre

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