Dix millions de
téléspectateurs environ ont suivi sur TF1, lundi dernier, le premier débat
électoral qui réunissait les cinq candidats, dont les scores dépasseront les
10%, au premier tour de l’élection présidentielle : Marine Le Pen,
Emmanuel Macron, Benoit Hamon, Jean Luc Mélenchon et François Fillon. Durant
les trois heures et demie, qu’aura duré le débat, ils ont pu, chacun à leur
tour, développer les grandes lignes de leur programme sur les sujets de
société, les questions économiques et les enjeux internationaux, en répondant aux
questions posées par deux journalistes.
Mais le temps imparti à chacun des candidats pour répondre ou contredire
un adversaire était limité et les journalistes ne bénéficiaient pas d’un droit
de suite.
Nous avons donc
assisté à une confrontation de programmes sans qu’il y ait eu réellement de
débat entre les cinq compétiteurs, qui se sont présentés comme des candidats de
rupture : pour Marine Le Pen avec l’Euro et l’Union Européenne, pour Jean-Luc
Mélenchon avec la Vème République, pour François Fillon avec la
gauche au pouvoir, pour Benoît Hamon avec le quinquennat de François Hollande,
pour Emmanuel Macron avec le clivage gauche droite. A l’exception de François
Fillon, fidèle à sa promesse de réduire drastiquement les dépenses et le
déficit, tous les autres ont pu proposer de dépenser des milliards sans que l’on
sache où ils les puiseraient.
François Fillon n’émit
que quelques réserves sur les projets économiques de ses adversaires, il a
semblé éteint, pendant une bonne partie de l’émission ;
il s’attendait, sans doute, à être
durement attaqué sur «les affaires»,
il fut attaqué en effet, de même que Mme Le Pen, mais à fleuret moucheté, ce qui permit à Jean Luc Mélenchon de se moquer des «pudeurs de gazelle»
des autres compétiteurs et d’appeler un chat un chat, en déclarant : «ici, il n’y a que deux personnes qui sont
concernées par les affaires, M. Fillon et Mme Le Pen». Passé ce
cap difficile, François Fillon se montra plus pugnace en rappelant au passage
son expérience de Premier ministre.
Qu’en est-il des
autres participants ? Marine Le Pen, assurée par les sondages d’être
présente au second tour, fit preuve d’arrogance et par moment de grossièreté mais
je ne pense pas qu’elle ait prouvé, en agissant ainsi, qu’elle était capable de
gouverner la France. Benoît Hamon, lui, se trouvait en compétition, d’une part
avec Jean-Luc Mélenchon avec lequel il partage le même électorat et d’autre
part avec Emmanuel Macron qui attire à lui la gauche social-démocrate. Il a
choisi de s’attaquer, principalement à Emmanuel Macron. Ce fut une erreur comme
l’ont montré les sondages qui ont suivi l’émission.
On peut se poser
la question suivante : A-t-il vraiment envisagé de gagner cette élection,
ou la considère-t’il, déjà, comme perdue et se prépare-t’il, pour 2022 ou 2027,
quand Jean-Luc Mélenchon lui aura laissé le champ libre ? Emmanuel Macron, ne fut pas très à son aise et
sa prestation s’en est ressentie, elle déçut ses partisans. Mais comment
concilier toutes les composantes d’un électorat disparate : PS, centre
droit, centre gauche, si ce n’est, en restant dans l’ambiguïté ? Seul Jean-Luc
Mélenchon réussit à tirer son épingle du jeu. Il donna un peu de nerf à ce débat,
maîtrisant son discours, faisant même preuve d’humour à l’occasion. Je ne crois pas qu’un débat réalisé sous cette
forme puisse convaincre les indécis à se déterminer et aux abstentionnistes à se
déplacer, a fortiori, quand ils seront onze sur un plateau de télévision les
prochaines fois !
Les «affaires» ont été quasiment absentes
du débat ; elles ont été évacuées très rapidement, sans doute pour ne pas
le polluer, mais il ne sert à rien de pousser la poussière sous le tapis, elle
finit par réapparaitre et souvent, plus rapidement qu’on ne le pense. Le feuilleton Fillon a continué de plus
belle : dans la journée de mardi, Le Monde a dévoilé que l’enquête
Fillon avait été élargie à des faits de «faux et usage de faux»
et d’«escroquerie aggravée». Mercredi le Canard Enchainé,
encore lui, nous apprenait que François Fillon, alors député de Paris, avait
touché 50.000 dollars en 2015, pour organiser une réunion à Saint-Pétersbourg,
entre Poutine, un milliardaire libanais et le pédégé de Total. Pardon, pas
Fillon mais la société 2F, dont il est l’unique actionnaire.
Mais les affaires
ne concernent pas seulement la droite. Lundi on apprenait que le ministre de
l’intérieur Bruno Le Roux, député PS de Saint Denis, avait employé ses deux filles,
depuis qu’elles avaient respectivement quinze et seize ans comme assistante
parlementaire. Elles avaient bénéficié, entre 2009 et 2016, de 24 CDD qui leur
avaient rapporté environ 55.000 euros. Cette affaire a été réglée, en moins de
24 heures, par le Président de la République et le Premier ministre. Le Parquet
national financier s’en est saisi immédiatement et le ministre invité à démissionner,
ce qu’il a fait. M. Cazeneuve a déclaré : «lorsqu’on est attaché à l’autorité de l’État, on est impeccable face
aux institutions et aux règles qui les régissent. Sans quoi l’autorité de l’État
est abaissée et, l’autorité de l’État ça commence par cette exigence et cette
rigueur». Ainsi, il n’y aura pas de feuilleton Le Roux.
"Ainsi, il n'y aura pas de feuilleton Le Roux."
RépondreSupprimerQuelque chose a dû m'échapper, je ne savais pas que monsieur Le Roux était candidat à l'élection présidentielle française !
RépondreSupprimerAprès tout ça ne fera que le cinquième ministre démissionnaire de ce gouvernement Hollande ayant le même dénominateur commun: l'argent pas très propre.
Le président "qui n'aimait pas les riches"s'est entouré de collaborateurs qui n'ont pas négligé leur penchant pour l'argent au frais des contribuables.
Le Roux sans l'ombre d'un scrupule n'a pas trouvé à redire sur les CDD attribués à ces filles....
Fillon, pour l'instant, est sous la présomption d'innocence Monsieur Akoun. Vous l'oubliez trop, comme tous vos confrères!
Bien cordialement
Celui qui ferait campagne sur le retour du latin parlé ferait un tabac. Il sauverait la France de cette horrible décadence en offrant l'accès à 85% de la littérature de l'Occident.
RépondreSupprimerSchola Nova