Le nouveau visage de Marine le Pen par Gérard AKOUN

LE NOUVEAU VISAGE DE MARINE LE PEN

Par Gérard AKOUN

Judaïques FM

            

          Marine Le Pen caracole dans les sondages, sa présence au deuxième tour de l’élection présidentielle n’est pas même mise en doute ; elle n’est plus diabolisée, on pourrait même se demander si elle fait encore partie du Front National ! Ce sigle n’apparait plus dans ses meetings pas plus que la flamme tricolore, ce logo emprunté au fascisme italien d’après guerre

Dîner FN avec CJFAI

            L’opération de dédiabolisation de Marine Le Pen a réussi à tel point qu’une association qui s’intitule pompeusement «Confédération des Juifs de France et des amis d’Israël» a invité, à un petit déjeuner à Paris deux dirigeants très proches de Marine Le Pen. Le président de cette association s’est félicité d’avoir provoqué «une rupture avec un tabou dans la communauté juive France». Depuis de nombreux mois déjà, Marine Le Pen et son entourage immédiat s’efforcent, à travers de nombreux voyages en Israël, d’être reçus par des responsables israéliens, d’apparaître en photos à leurs côtés pour se débarrasser de ce soupçon d’antisémitisme qui leur colle à la peau. Jusqu’à présent ces efforts de séduction sont restés sans succès.

UEJF Lyon

            En France, la position du CRIF est claire, pas de rapport avec le Front National qui reste un parti raciste, antisémite, xénophobe. Ils ont raison. Des militants de l’UEJF sont allés au devant de militants du FN à la sortie du meeting de Marine Le Pen à  Lyon. Ils ont débattu avec eux, ils les ont filmés et ont enregistré leurs propos antisémites, antisionistes, négationnistes. Tous les poncifs y sont passés : «la finance c’est les Juifs, ils sont tous riches les Juifs contrôlent le monde, Trump c’est les Juifs, ils ont tous la double nationalité, ils font tous leur service militaire en Israël…».

Ménard - Le Pen

            Si les cadres supérieurs et moyens arrivent à tenir un discours consensuel devant un public qu’ils veulent conquérir, ils ne mâchent pas leurs mots devant un public qui leur est acquis, la xénophobie et le racisme sont affirmés crument. Robert Menard, le maire apparenté FN de Béziers, qui est plus libre de sa parole, déclare : «Sur l’immigration, sur l’islam, je dis un certain nombre de choses que Marine Le Pen ne dira pas mais que son électorat pense, ça lui est utile». Il faut entretenir la flamme sinon  l’électeur du FN sera déboussolé.

            Mais, par ailleurs si Marine Le Pen veut être élue, il lui faut ne pas faire de vagues et apparaitre «apaisée» pour faire passer les fondamentaux de son programme qui n’ont pas changé : l’arrêt de l’immigration, le retour aux frontières nationales, le repli de la France sur elle-même, la sortie de l’Europe, le rétablissement du franc, la préférence nationale en matière d’emploi de prestations sociales, d’accès aux soins et c’est nouveau, des dépenses sociales à rendre jaloux Jean-Luc Mélenchon. Mais c’est affirmé d’une manière qui se veut plus consensuelle : «on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre».

            C’est ce visage, sous lequel elle est apparue lors de l’Émission politique de France 2 jeudi dernier jusqu’au moment où Léa Salamé, l’interrogeant sur son opposition à la double nationalité compléta ainsi sa question : «vous demandez aux Juifs français de renoncer à leur double nationalité israélienne ?» ainsi formulée la question était on ne peut plus mal posée et contenait une erreur manifeste. Les Juifs français, contrairement à ce que pensent les antisémites, n’ont pas dans leur grande majorité de double nationalité, fut-elle israélienne. Marine Le Pen ne s’était manifestement pas préparée à cette question. Elle fut bien obligée de  répondre que cette loi  votée sous son quinquennat, si elle était élue, ne pouvait souffrir d’exception,  et serait appliquée à tous les binationaux. Les Juifs dans cette situation et pas seulement les maghrébins seraient obligés de choisir entre les deux nationalités et perdraient le droit de vote et le droit à un séjour illimité dans l’un ou l’autre des pays.

            En dépit, pour le moins, de maladresse dans son expression Léa Salamé a permis à des Juifs, qui auraient été, peut-être, tentés de voter Marine Le Pen de savoir ce qui leur en coûterait. Pour avoir clarifié la situation, elle ne méritait pas le torrent de haine qui s’est déversé sur elle.