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mercredi 8 février 2017

Israël-Trump : le rêve brisé



ISRAËL-TRUMP : LE RÊVE BRISÉ

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps 

            

          Les promesses, surtout des campagnes électorales, n’engagent que ceux qui les écoutent. Il semble en effet, qu’une fois l’élection acquise, Donald Trump soit revenu au pragmatisme dans la politique américaine. C’était prévisible car le président n’est pas seul à décider. Paradoxalement il a moins de pouvoir qu’un président français puisque ses décisions sont contrôlées par le Congrès. On a eu l'exemple lorsqu'un juge fédéral de Seattle a ordonné la suspension dans l'ensemble des États-Unis du décret promulgué la semaine dernière par Donald Trump, qui fermait temporairement les frontières aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane. Il a par ailleurs des comptes à rendre à l’opinion internationale qui pèse dans ses choix. Le rétropédalage devient ainsi une option politique.



Ambassade américaine à Tel-Aviv

        En toute première décision, l'administration Trump a suspendu le projet controversé de transfert de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, dans l'espoir de relancer le processus de paix israélo-palestinien en pleine stagnation. Cette volte-face a rassuré les pays arabes et l’Autorité palestinienne, particulièrement inquiets face à cette promesse de campagne. 
       Le ministre israélien Tsahi Hanegbi a tenté une justification pour atténuer la portée de ce revirement : «Je comprends que ce sujet fasse l'objet de débats aux États-Unis pendant un certain temps. Nous savons que ce problème fait l'objet d'un désaccord entre le Congrès, qui a demandé une loi pour que le département d'État déplace l'ambassade, et les diverses administrations qui ont promis ce qu'elles ont promis puis ont fait marche arrière. Mais aucun doute que la décision finale serait différente de celles des précédentes administrations».

         En tout état de cause ce transfert nécessite matériellement plusieurs années. Il s'agit de concevoir des salles blanches à l'abri des écoutes des services de renseignements. L'ambassade est par ailleurs truffée de matériels sophistiqués de haut niveau qui permettent ce capter  les communications à travers tout le Moyen-Orient. L'attribution d'un hôtel désaffecté, comme l'envisage le gouvernement israélien, ne permet que de loger symboliquement quelques fonctionnaires administratifs.
            L'administration de Donald Trump avait déjà démenti toute annonce précipitée concernant le projet de transfert de l'ambassade américaine. Un de ses représentants avait déclaré que l'équipe du président était encore «au tout début du processus consistant ne serait-ce qu'à aborder ce sujet». Il s’agit d’un rétropédalage politique évident. Les Américains ne peuvent pas aller contre l’opinion déjà faite de la communauté internationale qui considère Jérusalem comme une ville «occupée» depuis 1967. Ils estiment que le risque est grand «d’embraser la région» comme le prédisent les Palestiniens.

            Chaque semaine amène son lot de déception en Israël. C’était pourtant prévisible et nous l’avions écrit dès le mois de novembre 2016. Une nouvelle douche froide est venue des Américains qui ont confirmé que la construction de nouveaux logements en Cisjordanie ou à Jérusalem-Est n’aiderait pas à résoudre le conflit israélo-palestinien. Le porte-parole de la Maison-Blanche avait d’ailleurs tenu à préciser : «Si nous ne pensons pas que l'existence de colonies est un obstacle à la paix, la construction de nouvelles colonies ou l'expansion de celles existantes au-delà de leurs frontières actuelles pourrait ne pas aider à atteindre cet objectif».

          Si les extrémistes israéliens de droite se réjouissent de la nomination de l’ultra conservateur Stephen K. Bannon, au poste de stratège en chef de la Maison Blanche, les dirigeants juifs ne cachent pas leur consternation. En effet il représente une droite alternative qui englobe en son sein des nationalistes et des néo-nazis.  Ils ont en tête sa critique du républicain anti-Trump Bill Kristol qualifié de «juif renégat». Les Israéliens risquent de faire les frais d'une politique anti-islamique dont ils souffriraient par ricochet.
Stephen K. Bannon

            La déception est grande au Likoud où on laissait croire durant la campagne électorale que Donald Trump était le plus grand allié d’Israël et qu’il entérinera les décisions politiques de l’aile droite du gouvernement. Les Israéliens comptent à présent sur la visite de Netanyahou à Washington le 15 février pour influencer les décisions de Trump. Cette mission s’avère plus complexe que prévue car le nouveau président est un spécialiste de la volte-face alors que le silence de la nouvelle administration américaine à l’annonce de la construction de 6.000 logements était interprété comme un soutien de fait. Rien n’est moins sûr car la langue de bois est aussi à la mode aux États-Unis : «Comme le président l'a indiqué à de nombreuses reprises, il espère arriver à la paix à travers tout le Moyen-Orient. Il entend poursuivre les discussions», formule suffisamment vague pour prêter à toutes les interprétations. Nombreux de ses nouveaux conseillers ne cessent de considérer les implantations comme un obstacle majeur à la paix entre Israéliens et Palestiniens, parce que leur extension menace de rendre impossible la création d'un État palestinien indépendant.
            Les Israéliens restent cependant confiants car, pour la première fois depuis l’ère Obama, le discours et les mots ont changé. Mais si la Maison Blanche n’utilise plus les qualificatifs de «colonies juives illégales ou illégitimes» elle pointe que : «L'expansion des colonies existantes au-delà de leurs frontières actuelles ne peut être utile pour la réalisation de l’objectif de la paix». 
Antonio Guterres

          Certes Donald Trump ne parle pas explicitement de «solution à deux États» mais il n’a pas réagi à la déclaration du nouveau Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres : «L'annonce récente par le gouvernement israélien pour faire avancer 5.000 unités de colonies en Cisjordanie occupée menace les plans pour une solution de deux États entre Israéliens et Palestiniens. Nous avertissons une nouvelle fois contre toute action unilatérale qui peut être un obstacle à une solution négociée à deux États». La seule déclaration officielle de la Maison Blanche sous-entend l’attachement de Trump à une solution à deux États bien qu’il ne considère pas les «colonies comme un obstacle à la paix». Là est toute l’ambiguïté.
Bar Ilan 2009


            Compte tenu des nouvelles prises de position des Américains, Benjamin Netanyahou devra affiner sa position à Washington. Ou bien il maintiendra l’esprit de son discours de Bar Ilan de 2009 dont les termes ne sont pas caducs pour les Américains, ou bien il confirmera ses positions nationalistes maximalistes que lui imposent ses alliés dans la coalition gouvernementale.   

2 commentaires:

  1. Israel va encore regretter le temps d'Obama, voire meme la non-election de Hillary Clinton.
    Le seul succes du present gouvernement israelien a ete de se couper du judaisme americain, communaute qui est totalement opposee aux decisions de Trump.

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  2. Je savais et j'etais sur que une fois elu,Donald Trump se retractera et changera les choses. Bienentendu certains diront c'est la politique, mais le grand naif dans cette histoire c'est notre Premier Ministre Benjamin Netaniahu qui a pris les promesses de Trump comme "GRANTED"...

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