ISRAËL-TRUMP : LE RÊVE BRISÉ
Par Jacques BENILLOUCHE
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Les
promesses, surtout des campagnes électorales, n’engagent que ceux qui les écoutent. Il semble en effet, qu’une fois l’élection acquise, Donald Trump soit revenu au pragmatisme
dans la politique américaine. C’était prévisible car le président n’est pas
seul à décider. Paradoxalement il a moins de pouvoir qu’un président français
puisque ses décisions sont contrôlées par le Congrès. On a eu l'exemple lorsqu'un juge
fédéral de Seattle a ordonné la suspension dans l'ensemble des États-Unis du
décret promulgué la semaine dernière par Donald Trump, qui fermait
temporairement les frontières aux ressortissants de sept pays à majorité
musulmane. Il a par ailleurs des comptes à rendre à l’opinion internationale
qui pèse dans ses choix. Le rétropédalage devient ainsi une option politique.
Ambassade américaine à Tel-Aviv |
En
toute première décision, l'administration Trump a suspendu le projet
controversé de transfert de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem,
dans l'espoir de relancer le processus de paix israélo-palestinien en pleine
stagnation. Cette volte-face a rassuré les pays arabes et l’Autorité
palestinienne, particulièrement inquiets face à cette promesse de campagne.
Le
ministre israélien Tsahi Hanegbi a tenté une justification pour atténuer la
portée de ce revirement : «Je comprends que ce sujet fasse l'objet de
débats aux États-Unis pendant un certain temps. Nous savons que ce problème
fait l'objet d'un désaccord entre le Congrès, qui a demandé une loi pour que le
département d'État déplace l'ambassade, et les diverses administrations qui ont
promis ce qu'elles ont promis puis ont fait marche arrière. Mais aucun doute
que la décision finale serait différente de celles des précédentes
administrations».
En tout état de cause ce transfert nécessite matériellement plusieurs années. Il s'agit de concevoir des salles blanches à l'abri des écoutes des services de renseignements. L'ambassade est par ailleurs truffée de matériels sophistiqués de haut niveau qui permettent ce capter les communications à travers tout le Moyen-Orient. L'attribution d'un hôtel désaffecté, comme l'envisage le gouvernement israélien, ne permet que de loger symboliquement quelques fonctionnaires administratifs.
L'administration
de Donald Trump avait déjà démenti toute annonce précipitée concernant le
projet de transfert de l'ambassade américaine. Un de ses représentants avait
déclaré que l'équipe du président était encore «au tout début du processus
consistant ne serait-ce qu'à aborder ce sujet». Il s’agit d’un
rétropédalage politique évident. Les Américains ne peuvent pas aller contre
l’opinion déjà faite de la communauté internationale qui considère Jérusalem
comme une ville «occupée» depuis 1967. Ils estiment que le
risque est grand «d’embraser la région» comme le prédisent les
Palestiniens.
Chaque
semaine amène son lot de déception en Israël. C’était pourtant prévisible et
nous l’avions écrit dès le mois de novembre 2016. Une nouvelle douche froide est venue
des Américains qui ont confirmé que la construction de nouveaux logements en Cisjordanie
ou à Jérusalem-Est n’aiderait pas à résoudre le conflit israélo-palestinien. Le
porte-parole de la Maison-Blanche avait d’ailleurs tenu à préciser : «Si
nous ne pensons pas que l'existence de colonies est un obstacle à la paix, la
construction de nouvelles colonies ou l'expansion de celles existantes au-delà
de leurs frontières actuelles pourrait ne pas aider à atteindre cet objectif».
Si les
extrémistes israéliens de droite se réjouissent de la nomination de l’ultra
conservateur Stephen K. Bannon, au poste de stratège en chef de la Maison
Blanche, les dirigeants juifs ne cachent pas leur consternation. En effet il
représente une droite alternative qui englobe en son sein des nationalistes et des
néo-nazis. Ils ont en tête sa critique
du républicain anti-Trump Bill Kristol qualifié de «juif renégat». Les Israéliens risquent de faire les frais d'une politique anti-islamique dont ils souffriraient par ricochet.
Stephen K. Bannon |
La
déception est grande au Likoud où on laissait croire durant la campagne
électorale que Donald Trump était le plus grand allié d’Israël et qu’il
entérinera les décisions politiques de l’aile droite du gouvernement. Les
Israéliens comptent à présent sur la visite de Netanyahou à Washington le 15 février pour
influencer les décisions de Trump. Cette mission s’avère plus complexe que
prévue car le nouveau président est un spécialiste de la volte-face alors que
le silence de la nouvelle administration américaine à l’annonce de la
construction de 6.000 logements était interprété comme un soutien de fait. Rien
n’est moins sûr car la langue de bois est aussi à la mode aux États-Unis :
«Comme le président l'a indiqué à de nombreuses reprises, il espère
arriver à la paix à travers tout le Moyen-Orient. Il entend poursuivre les
discussions», formule suffisamment vague pour prêter à toutes les
interprétations. Nombreux de ses nouveaux conseillers ne cessent de considérer
les implantations comme un obstacle majeur à la paix entre Israéliens et
Palestiniens, parce que leur extension menace de rendre impossible la création
d'un État palestinien indépendant.
Les
Israéliens restent cependant confiants car, pour la première fois depuis l’ère
Obama, le discours et les mots ont changé. Mais si la Maison Blanche n’utilise
plus les qualificatifs de «colonies juives illégales ou
illégitimes» elle pointe que : «L'expansion des colonies
existantes au-delà de leurs frontières actuelles ne peut être utile pour la
réalisation de l’objectif de la paix».
Antonio Guterres |
Certes Donald Trump ne parle pas explicitement
de «solution à deux États» mais il n’a pas réagi à la
déclaration du nouveau Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres : «L'annonce
récente par le gouvernement israélien pour faire avancer 5.000 unités de
colonies en Cisjordanie occupée menace les plans pour une solution de deux
États entre Israéliens et Palestiniens. Nous avertissons une nouvelle fois
contre toute action unilatérale qui peut être un obstacle à une solution
négociée à deux États». La seule déclaration officielle de la Maison
Blanche sous-entend l’attachement de Trump à une solution à deux États bien
qu’il ne considère pas les «colonies comme un obstacle à la paix».
Là est toute l’ambiguïté.
Bar Ilan 2009 |
Compte
tenu des nouvelles prises de position des Américains, Benjamin Netanyahou devra
affiner sa position à Washington. Ou bien il maintiendra l’esprit de son
discours de Bar Ilan de 2009 dont les termes ne sont pas caducs pour les Américains, ou bien il
confirmera ses positions nationalistes maximalistes que lui imposent ses
alliés dans la coalition gouvernementale.
Israel va encore regretter le temps d'Obama, voire meme la non-election de Hillary Clinton.
RépondreSupprimerLe seul succes du present gouvernement israelien a ete de se couper du judaisme americain, communaute qui est totalement opposee aux decisions de Trump.
Je savais et j'etais sur que une fois elu,Donald Trump se retractera et changera les choses. Bienentendu certains diront c'est la politique, mais le grand naif dans cette histoire c'est notre Premier Ministre Benjamin Netaniahu qui a pris les promesses de Trump comme "GRANTED"...
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