LE
PEN, HAMON : LE CHOIX DES EXTRÊMES
Par Jacques BENILLOUCHE
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Alors que les regards occidentaux
sont tournés vers l’islamisme radical, l’extrémisme européen se met en ordre de
marche dans l’indifférence générale du monde libre. Les leaders de
l'extrême-droite néerlandaise, française et allemande se sont réunis à
Coblence, en Allemagne, le 21 janvier 2017. Marine le Pen, confortée par les
sondages, se sent pousser des ailes et prône le « réveil de
l’Europe », bien sûr à son profit. Cela donne l'occasion aux sondeurs, malgré leur manque de fiabilité, d'innover avec des prévisions fantaisistes qui donnent
Fillon battu dès le premier tour. Il faut garder raison.
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Pour
l’instant, le deuxième tour prévoit un duel probable entre François Fillon
et Marine le Pen surfant sur des sondages qui la mettent au firmament. Tout autre prévision est une vue de l'esprit car il est difficile de croire aux sondages décrédibilisés en raison des erreurs de prévision du
passé ; il est préférable de juger sur pièces.
Ceux qui par anti-islamisme
misent sur la victoire de Marine le Pen vivent dans l’inconscience totale car
ils entrevoient mal les conséquences de son arrivée au pouvoir. Ils imaginent une
révolte électorale en 2017 dans toute l’Europe parce que le Brexit a été voté
et que Donald Trump a été élu. L’extrême-droite veut «changer la face de
l'Europe ». D’ailleurs Marine le Pen pense que « 2016 a été l'année où
le monde anglo-saxon s'est réveillé. 2017 sera, j'en suis sûre, l'année du
réveil des peuples de l'Europe continentale. Il faut passer à l'étape suivante,
l’étape où nous serons majoritaires dans les urnes à chaque élection ».
Elle ose tout, en s’attaquant à l'euro, à la «
tyrannie » de l'Union européenne et à la politique migratoire de la
chancelière Angela Merkel. Elle a l’intention, si elle était élue, d'organiser
un referendum sur l'appartenance de la France à l'UE, rien que cela. On peut et
on doit effectivement craindre l’islamisme radical, mais pas au point de
confier son avenir entre les mains de groupes antisémites européens notoires
qui se camouflent sous les traits de défenseurs des Blancs.
La présidente de l'AfD, Frauke Petry |
Le
Front national ne se cache plus. Il s’est rapproché de l’AfD (Alternative pour
l’Allemagne), une jeune formation populiste qui s’affiche anti-islam et qui connaît
un succès électoral en progression. Ce nouveau parti espère réussir à entrer
au Parlement à l’occasion des élections législatives fédérales allemandes du 24
septembre 2017 pour le renouvellement des 630 sièges du Bundestag. Ce serait
une première pour l'extrême-droite depuis la chute du nazisme. Ils
sont relayés en Grande-Bretagne par l’EDL (Ligue de défense anglaise), mouvement
anti-islamiste considéré comme le nouveau visage de l'extrême droite
britannique, qui se targe de soutenir les Juifs et Israël.
Nachum Shifren |
Mais
l’EDL évite de rappeler qu’elle a été créée par d’anciens militants d’un
mouvement antisémite et pour prouver qu’elle a changé, elle brandit dans ses
manifestations des drapeaux israéliens. Cette accointance entre Juifs et
extrémistes reste dangereuse. Marine le Pen s’inspire de ces mouvements anti-islam
pour capter l’attention et la faveur des Juifs et des Israéliens. Quand ensuite des rabbins
américains, à l’instar du rabbin loubavitch Nahum Shifren, soutiennent ces
mouvements, ils cautionnent en fait des groupements d’extrême-droite qui
camouflent leurs sentiments antisémites par opportunisme.
Cela
prouve que l’Occident s’oriente vers une voie politique incertaine qui risque
de mettre un terme aux valeurs démocratiques de l’Occident moderne. L’élection
de Trump a galvanisé certains partis européens d'extrême-droite, convaincus que
la victoire électorale est aussi à présent à leur portée. Cette poussée d’extrême-droite,
si elle satisfait le clan nationaliste en Israël, n’est pas sans danger car des
relents d’antisémitisme se retrouvent au bout du chemin, de manière insidieuse.
Alors
il faut se rendre à l’évidence que ceux qui pensent soutenir Marine Le Pen pour
être protégés contre l’islamisme radical, font un contre-sens. Ils doivent savoir qu'ils risquent de dormir en démocratie et de se réveiller en dictature.
À
gauche, les électeurs français ont, de leur côté, choisi l’autre extrême. L’arrivée en
tête de Benoît Hamon à la primaire et sa désignation certaine comme candidat à l’élection
présidentielle sonne le glas d’une gauche à visage libéral. Nous sommes revenus au
temps du communisme et de ses rêves irréalisables, au temps des programmes
démagogues non chiffrés qui peuvent conduire l’économie française plusieurs
années en arrière. Le Pen et Hamon se situent aux extrêmes et se retrouvent
dans un populisme dépassé qui les rapproche pour en faire les seuls opposants à
la droite libérale. Benoît Hamon aura certes l’avantage de neutraliser Jean-Luc
Mélenchon, un autre rêveur, au sein de la gauche radicale, d’inspiration internationaliste et progressiste.
Les
extrêmes veulent remettre en cause les traités européens et le régime de libre-échange sous prétexte qu’ils laissent de nombreux Français sur le bord de la
route. Le problème reste que qualifier Le Pen et Hamon de populistes, insulte
pour certains, ne permet pas d’aborder les problèmes de fond et leurs
solutions, les seules à contrer le repli nationaliste et xénophobe.
Certes, nombreux approuvent l’idée que le
traité de 2012 a été une grande erreur parce qu’il empêche l’Europe d’investir
dans l’avenir mais l’expérience montre que les solutions ne peuvent venir que
de mesures exceptionnelles. La primaire a placé une idéologie majoritaire à
gauche, incarnée par Hamon et Montebourg, consistant à remettre en cause les
règles européennes. Les candidats réalistes, Fillon ou Macron dans une moindre mesure, doivent annoncer des propositions
détaillées pour remplacer le traité budgétaire de 2012, seule condition pour
éradiquer le danger du FN et de la gauche radicale, les deux extrêmes qui polluent le monde politique. Or pour l'instant, Emmanuel Macron est dans le vague, se bornant à surfer sur l'atonie de la gauche.
La gauche libérale française a sanctionné la politique de Hollande en s'abstenant de voter pour Valls. Ces voix se reporteront sur Macron qui sera au deuxième tour face à Fillon.
RépondreSupprimerLes électeurs du FN ne sont pas forcément racistes, xenophobes ou antisémites dans l'âme. Pourquoi ne pas dire qu'ils sont les premières victimes de cette mondialisation qui les oublie sur le chemin, et qu'il est facile de flatter leur frustration dans un monde où ils ne trouvent pas leur place, dans un pays qui ne les met pas à l'abri des violences coutumières de ses banlieues, zones de non droits. Dès lors la manipulation est simple, les enfermer dans un repli identitaire en dressant des murs entre les uns et les autres, en les soumettant à une doctrine sectaire. C'est ainsi que le FN tisse sa toile et c'est contre cette idéologie que les deux candidats nommés plus haut devront s'attaquer en apportant des solutions courageuses.
S'ils réussissent, ne resteront plus au FN que les irréductibles , ceux qui voient en tout musulman un terroriste, comme d'antan ils voyaient en tout émigré un danger potentiel face à leurs acquis.
C'est ainsi que l'extrême-gauche et l'extrême-droite retourneront à leurs rêves pour certains et à leurs cauchemars pour beaucoup d'autres.
Bien cordialement