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dimanche 18 décembre 2016

Kazakhstan : Des intérêts militaires avec Israël



KAZAKHSTAN : DES INTÉRÊTS MILITAIRES AVEC ISRAËL

Par Jacques BENILLOUCHE

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          La visite de Benjamin Netanyahou au Kazakhstan est la première d’un premier ministre israélien. Il a rappelé que le Kazakhstan fut «le premier pays musulman à soutenir Israël» et le dernier des ex-républiques soviétiques à déclarer son indépendance en 1991. Le président autoritaire Noursoultan Nazarbaïev est au pouvoir depuis cette date. Le pays poursuit une politique étrangère modérée, tout azimut, et maintient de solides relations avec la Russie et la Chine voisine, ainsi qu'avec les États-Unis et le monde occidental.



            Israël et le Kazakhstan ont établi des relations diplomatiques le 10 avril 1992. L'ambassade d'Israël à Astana a ouvert en août 1992 tandis que l'ambassade du Kazakhstan à Tel-Aviv a ouvert en mai 1996.
            Le Kazakhstan a réussi à développer son économie grâce à ses riches réserves de pétrole et de gaz. Israël importe d’ailleurs 25% de ses besoins pétroliers de ce pays. Le Kazakhstan, cinq fois plus grand que la France, est peu peuplé relativement à son immense taille, 18 millions d’habitants comprenant 63% de l’ethnie kazakhe ; le reste se répartit entre Russes, Ukrainiens, Allemands et quelques Juifs. L’islam est la religion de 70% de la population. La ville économique est Almaty, ancienne capitale, tandis que depuis 1997 la capitale a été transférée à Astana.
Astana

            Le Kazakhstan a une des économies les plus fortes en Asie centrale. Soutenu par la vente de pétrole, l'économie a progressé d’une moyenne de 8% au cours de la dernière décennie. Il détient 3% des réserves mondiales de pétrole et vise à être parmi les 10 premiers producteurs de pétrole du monde d'ici 2020. Les autres exportations principales sont le blé, le textile, l'élevage, et l'uranium. Il est le rare pays de l’Est à avoir réglé sa dette au FMI avec sept années d’avance. Le succès s’explique parce que, dès 1991, le Kazakhstan est passé du régime soviétique à une économie de marché. Il s’est aussi distingué par un système d’éducation de haut niveau avec une stratégie d'internationalisation permettant des échanges avec l’Europe, grâce à un système de bourses permettant la mobilité académique.
Lieberman avec le ministre de la,défense

            Avigdor Lieberman avait favorisé le développement des relations avec le Kazakhstan dans un souci de diversification internationale. Les approches ont permis que, le 20 janvier 2014, le ministre de la Défense du Kazakhstan Adilbek Dzhaksybekov signe un accord de coopération militaire avec le ministre israélien de la Défense Moshe Yaalon, formalisant les relations militaires et de défense industrielle. Ce fut le premier voyage de Dzhaksybekov en Israël où il avait rencontré les dirigeants des grandes sociétés industrielles y compris ceux d’IMI (industries militaires d'Israël), d’Elbit Systems et de Rafael.
20 janvier 2014 avec Yaalon

            C’est à ce moment que la coopération de défense kazakhe-israélienne a atteint une nouvelle étape dans son développement. Les accords signés ont alors ouvert de nouvelles possibilités de coopération entre les armées des deux pays. Israël est devenu l'un des principaux partenaires commerciaux du Kazakhstan. Le président Nursultan Nazarbaïev avait fait deux visites officielles en Israël, en décembre 1995 et en avril 2000. Au cours de sa deuxième visite, il était accompagné d'une délégation de 110 membres, comprenant 15 ministres dont le ministre de la Défense. En 2013, Astana avait dépêché un attaché militaire à l'ambassade en Israël.
Visite de Nazarbaïev en 2000

            Israël a bénéficié des événements internationaux qui ont poussé le Kazakhstan à diversifier ses fournisseurs d'armes. En particulier, les attaques terroristes du 11 septembre 2001 ont incité le Kazakhstan à élargir ses activités de coopération militaire internationale au-delà de ses partenaires traditionnels, la Russie et la Chine. En plus d’Israël, les États-Unis et de nombreux pays occidentaux sont devenus de nouveaux partenaires.
            Dès le départ, les contacts militaires du Kazakhstan avec Israël se sont concentrés sur trois domaines : la mise à niveau des équipements de l'ère soviétique, les achats d'armes de pointe, et la production conjointe de matériel militaire. Le Kazakhstan est particulièrement intéressé à coopérer avec les entreprises israéliennes de défense dans les domaines des systèmes sans pilote, de la sécurité des frontières, des capacités de commandement et de contrôle et des communications par satellite. IMI produit des systèmes d'armes et modernise ceux qui sont intégrés dans les forces armées ; Elbit Systems développe et modernise divers systèmes d'armes, des véhicules aériens sans pilote (UAV), l'avionique, les radars et les satellites de reconnaissance ; tandis que Rafael produit divers missiles et systèmes de défense de la technologie des avions et des missiles tactiques.
T72

            Israël intervient pour le reconditionnement des vieux matériels de l'ère soviétique et pour l'optimisation technique des usines de fabrication locale. Ainsi, les entreprises militaires israéliennes ont signé de nombreux contrats pour la mise à niveau de 600 chars soviétiques T-72, et de l'avionique du Sukhoi-25 des forces de l'air Kazakhes. Ces accords ont permis de faire passer les exportations israéliennes de 2,58 en 2001 à 7,4 milliards$ en 2010. Le Kazakhstan construit actuellement, sous licence, le lance-roquettes multiples Naiza, monté sur un châssis de camion, le canon tracté Aibat de 120mm, et le mortier Semser, automoteur d’artillerie sur châssis de camion. Ces trois matériels disposent de systèmes de navigation par satellite assurant la précision des tirs et de systèmes de transmissions de données les reliant à des drones de reconnaissance. De plus, l'industrie de l'armement du Kazakhstan espère maintenant vendre des systèmes d'artillerie de conception israélienne, fabriqués sous licence, à destination d'autres pays d'Asie centrale. Les responsables israéliens envisagent aussi de fournir des systèmes de drones pour la sécurité des frontières, des capacités de commandement et de contrôle et les communications par satellite.
Shimon Peres en 2009

            Mais les relations bilatérales entre l’Iran et le Kazakhstan ont, à une certaine période, inquiété Israël. Le président Shimon Peres s’était alors rendu sur place en 2009 à Astana pour demander à Astana de cesser de vendre du minerai d'uranium à la République islamique. Il a été entendu.
Synagogue d'Astana (Photo d'Albert Guenoun)

            La communauté juive au Kazakhstan avait bondi de façon spectaculaire d’une part lorsque Staline avait décidé d’exiler des milliers de Juifs de la zone de résidence et d’autre part avec l’apport de plus de 8.500 Juifs rescapés de la Seconde Guerre mondiale. Depuis 1989, près de 10.000 Juifs kazakhs ont émigré en Israël. La première synagogue du pays a été ouverte en 2001 avec un centre communautaire.  Aujourd'hui, la communauté juive du Kazakhstan est évaluée à 3.300 âmes dans plus de 20 organisations juives et 14 écoles dont certaines sont parrainées par l’Agence juive.
            Benjamin Netanyahou a profité de son voyage pour demander à Nazarbaïev de soutenir la candidature d’Israël à occuper un fauteuil au Conseil de Sécurité, en retour, sachant que Jérusalem avait appuyé la candidature au Conseil de Sécurité du Kazakhstan qui y siégera en tant que membre non permanent le 1er janvier 2017.


2 commentaires:

  1. Il ressort que ces pays d'Asie de l'ex URSS sont les seuls, quelque peu, des pays musulmans à avoir une situation de la femme meilleure que les autres pays musulmans du même continent ou ceux arabophones d'Afrique. En outre il y apparaît moins de haine anti-israélienne qu'ailleurs des pays musulmans. Peut être que le "sevrage obligatoire" au matérialisme dialectique et historique sous la férule soviétique y est pour quelque chose.

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  2. Je comprends mieux maintenant pourquoi Israel, proche de beaucoup de pays réticents à s'équiper en matériel américain ou russe, est devenu l'intérêt des Grandes puissances. Les USA en repli, ont besoin d'Israël (toujours fidèle aux USA) pour conserver leurs positions (bases militaires, contrats,...). Les russes qui sont sur l'offensive pour installer des bases en Syrie, en Lybie (Méditerranée !) mais surtout garder leurs positions en Asie Centrale, leur "ventre mou" depuis les indépendances post-1989. Sans parler de l'Inde...

    Quel beau travail accompli depuis tant d'années. Merci surtout à Mr Liberman pour sa vision et ses efforts.

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