AVEC DAESH, LA TUNISIE ET L’EUROPE
SONT MAL BARRÉES
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
Daesh |
Les défaites
subies par les troupes de Daesh pourraient avoir des répercussions sur l’Europe
et sur certains pays musulmans faibles. C’est un
violent retour de manivelle pour les Tunisiens qui ont fourni le plus fort
contingent de combattants volontaires auprès de Daesh, 5.000 selon l’Onu. Leur
écrasement par le régime de Bachar el-Assad et par les frappes russes les
pousse à présent à quitter la Syrie pour des cieux plus cléments.
L’attentat
de Berlin a mis en évidence la fragilité de certains pays européens face au
retour prévisible des combattants armés. L’auteur de l’attaque, Anis Amri, est
un tunisien qui avait fait allégeance à Daesh. La classe politique tunisienne
est partagée sur les mesures à prendre contre ces terroristes. Pour les uns, il
faut s’opposer à leur retour et pour les autres, il faut songer dès à présent à
un plan de résinsertion. Le président tunisien Caïd Essebsi ne se mouille pas trop et souhaite seulement être informé
sur «les plans mis en place par le gouvernement pour traiter le dossier des
Tunisiens de retour des foyers de tension».
Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a déclaré que la Tunisie n’avait signé aucun accord sur l'avenir des terroristes et n’était pas pour le retour au pays des terroristes des zones de tension. Il a affirmé que les revenants allaient être arrêtés immédiatement dès leur arrivée sur le territoire tunisien, et jugés dans le cadre de la loi de lutte contre le terrorisme.
Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a déclaré que la Tunisie n’avait signé aucun accord sur l'avenir des terroristes et n’était pas pour le retour au pays des terroristes des zones de tension. Il a affirmé que les revenants allaient être arrêtés immédiatement dès leur arrivée sur le territoire tunisien, et jugés dans le cadre de la loi de lutte contre le terrorisme.
Les
Européens sont concernés au premier chef puisque la Tunisie n’est pas loin et que
les frontières sont peu étanches. Ils ne peuvent pas balayer d’un revers de
main ce danger sous prétexte qu’il concerne un pays maghrébin. Ils ne pourront pas s'opposer à une arrivée massive de terroristes en Europe.
Hedi Majdoub |
La
plupart des partis politiques tunisiens sont d’accord pour affirmer que les exilés
tunisiens constituent «un véritable danger pour la sécurité nationale et
régionale. La sécurité de la Tunisie dépend de la sécurité des pays voisins
notamment de l’Algérie». Selon les services sécuritaires tunisiens, ils
seraient déjà plus de 800 à être revenus en Tunisie. Si Hedi Majdoub, ministre de l’Intérieur, estime disposer
de toutes les informations les concernant, il reconnaît avec réalisme «les
faiblesses» des services de renseignement tunisiens, mis en évidence d'ailleurs lors
de l’assassinat de Mohamed Zouari à Sfax.
La
Tunisie qui, au temps de Bourguiba et de Ben Ali, avait mis tous ses moyens policiers
sur la surveillance locale des opposants n’a pas développé de moyens matériels
et humains pour mettre en place un système de renseignement extérieur ; le
danger ne pouvait venir alors que de l’opposition. Les services de
renseignement ont par ailleurs été affaiblis par la chute de Ben Ali et par les
événements liés à la révolution de 2010/2011 qui ont écarté les cadres
sécuritaires. Ces services sont si démunis que les partis politiques s’opposent
à présent au retour des terroristes dans l’intérêt de la sécurité du pays et
ils songent même à une loi qui leur enlèverait la nationalité tunisienne.
Rachid Ghanouchi et Caïd Essebsi |
Ils
se sont inquiétés des intentions du gouvernement allemand de rapatrier les
demandeurs d’asile parmi les ressortissants tunisiens. À l’Assemblée, le groupe parlementaire de
Nidaa Tounès, le parti du président, avait prôné de juger «les terroristes
dans les pays où ils ont commis les crimes», seul moyen d’éviter leur
retour sur le sol national. Il estime que «le retour des individus qui ont
les mains tachées de sang risque d’affecter le modèle de société tunisien».
En revanche Rachid Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahda, semble faire
preuve de plus de tolérance puisqu’il propose l'idée de «repentance pour les
Tunisiens souhaitant rentrer chez eux à condition qu'ils abandonnent la
violence». Il peut difficilement cibler ses amis djihadistes.
Les combattants de Daesh ne désarment jamais car
à leur retour ils créent des réseaux d’enrôlement de jeunes qu’ils forment puis
envoient sur les terrains européens. Le
Syndicat national tunisien des forces de sécurité intérieure déplore «l’absence
de volonté politique et exhorte le gouvernement à prendre des mesures
exceptionnelles comme la déchéance de nationalité. Le retour en Tunisie des
terroristes en provenance des foyers de tension est alarmant et peut conduire à
la somalisation du pays». Ces terroristes ayant notamment combattu en Irak,
en Syrie et en Libye «ont reçu des formations militaires et appris à
manipuler toutes sortes d’armes de guerre sophistiquées». Ils pourraient
rejoindre les cellules dormantes du pays. La perspective de leur retour
suscite donc une inquiétude grandissante.
Tunisiens de Daesh |
La
société civile tunisienne réclame des poursuites judiciaires contre les
Tunisiens ayant combattu dans les rangs des groupes armés en Syrie, en Libye et
en Irak. Elle s’inquiète d’un «deal» stipulant de rapatrier des milliers
de terroristes en Tunisie, sans poursuites judiciaires. Selon la militante
citoyenne Latifa Bouslama : «Nous sentons l’odeur d’un arrangement
international stipulant de rapatrier ces combattants en Tunisie, par les mêmes
puissances régionales qui ont encouragé leur immersion dans ces combats». L’universitaire
Mehdi Abdeljawed, s’est dit inquiet de voir la Tunisie «envahie par ces
troupes de terroristes, rodés aux techniques des perturbations et des crimes».
La Tunisie doit «éviter le piège des puissances régionales, comme la Turquie
et le Qatar, qui ont été derrière l’immersion des jeunes Tunisiens dans ces
conflits».
Mehdi Abdeljawed |
Enfin,
l’ancien président Moncef Marzouki, dont la responsabilité est fortement engagée
dans cette situation, insiste sur la nécessité du respect à la lettre de la
Constitution, en ce qui concerne le droit au retour à son pays de tout Tunisien
et l’interdiction absolue de déchoir quelqu’un de sa nationalité. Empêcher le
retour des terroristes tunisiens va les pousser à la
potence pour un millier d’entre eux et au crime international pour deux autres
milliers.
Marzouki lors d'un entretien avec les salafistes tunisiens |
L’attentat
de Berlin prouve que l’Europe n’est pas à l’abri de troubles terroristes et qu’elle
doit s’attendre à des répercussions sécuritaires dont elle n’a pas encore
trouvé la parade.
Les musulmans sont extraordinaires !
RépondreSupprimerIls commencent par prétendre que ce que font les terroristes musulmans, n'a rien à voir avec l'islam.
Allant jusqu'à prétendre que ces derniers ne sont pas musulmans.
Ensuite ils jouent la carte de la victimisation, entre la soit disant amalgame dont ils sont les victimes. Et le fait que si leurs pays ou pays d'origine en sont là, c'est à cause de l'Occident.
Pour finir, ils refusent le retour de leurs propres-ressortissants terroristes dans leurs pays, allant jusqu'à envisager de faire voter des lois comme la Tunisie s'apprête à le faire afin d'en faire des apatrides.
Apatrides qui relèveraient des conventions de l'ONU concernant les réfugiés et apatrides, qui leur donneraient droit à des passeports onusiens...
C'est le comble l'ironie !
Tout cela sous le silence assourdissant de l'Occident...