Les
funérailles de Shimon Peres, la semaine dernière à Jérusalem, ont donné lieu à
une cérémonie imposante et néanmoins émouvante. Une foule de chefs d’État ou de
gouvernement, de ministres, de personnalités venues du monde entier avaient
tenu à accompagner dans sa dernière demeure, l’artisan des Accords d’Oslo, le
combattant infatigable pour l’instauration d’une paix véritable entre les Israéliens
et les Palestiniens.
Jusqu’à
son dernier jour, son optimisme était resté sans faille, il avait foi en la paix,
mais ce n’était pas une foi naïve ou aveugle. Elle reposait sur une analyse
lucide de la situation dans la région, des antagonismes entre les différents
protagonistes, des convergences possibles mais aussi des compromis nécessaires
pour sortir d’un statu quo mortifère. La conclusion qui en ressortait était que
la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël était incontournable si on
voulait aboutir à la paix et qu’Israël continue d’exister en tant qu’État juif
et démocratique.
Je
disais en commençant cette chronique qu’il y avait de nombreuses chefs d’État à
ces funérailles mais ceux du monde arabe ont brillé par leur absence. Le
président égyptien, le roi de Jordanie qui dirigent deux pays officiellement en
paix avec Israël n’étaient pas du voyage ; ils n’ont pas voulu braver
leurs opinions publiques alors que la coopération entre Israël et ces pays est très
bonne mais elle n’engage que les dirigeants.
Un seul, Mahmoud Abbas, le chef de
l’Autorité palestinienne, est venu. Peut-être, n’était-ce pas dénué d’arrière-
pensée, peut-être espérait-il que sa présence, à sa demande il faut le préciser,
provoquerait un mouvement de sympathie, le rappellerait au bon souvenir des
chefs d’État présents ? Peu importe, il avait eu le courage de braver son
opinion publique, non seulement celle des Palestiniens mais aussi celle des
citoyens arabes israéliens, du moins de leurs représentants à la Knesset.
Il
s’est retrouvé assis au premier rang avec les chefs d’État mais c’était à la
demande expresse de la famille Peres. Il a échangé une longue poignée de main avec
Benyamin Netanyahou et quelques mots avec lui et son épouse. Cet échange de
courtoisie passé, le gouvernement israélien s’empressait d’annoncer de
nouvelles constructions en Cisjordanie. Or nous savons qu’une des pierres
d’achoppement à la reprise des négociations avec les Palestiniens est la
poursuite de ces constructions. Mahmoud Abbas a dû se sentir renforcé !!
Benyamin
Netanyahou se dit toujours favorable à la solution de deux États mais dans les
faits, il ne fait rien pour la rendre possible. Je doute d’ailleurs qu’il le
puisse dans la mesure où, s’il s’y risquait, sa coalition éclaterait. Mais il
ne faut pas croire que les seuls obstacles à la reprise des négociations se
situent du côté israélien, les Palestiniens y ont aussi leur part.
La
division entre deux entités, Cisjordanie et Gaza, constitue un obstacle important,
les Israéliens ont beau jeu de dire qu’ils n’ont aucune garantie qu’un accord
signé avec l’Autorité Palestinienne, donc avec Mahmoud Abbas en Cisjordanie,
serait ratifié par le Hamas qui clame
qu’il n’y a pas de solution au problème en dehors du djihad. Les Palestiniens
savent qu’ils doivent mettre fin à leurs divisions mais ils en sont incapables.
Des élections municipales devaient se tenir le 8 octobre, les premières depuis
10 ans. Des différends juridiques, dont ils se rejettent mutuellement la
responsabilité, ayant éclaté entre le Fatah et le Hamas à propos de
l’organisation de ces élections ; elles ont été annulées.
Il
n’y aura pas d’élections à Gaza où le Hamas serait en perte de vitesse. Mahmoud
Abbas, même s’il reste le meilleur interlocuteur pour Israël, n’est pas le
dernier à attiser la méfiance des Israéliens en faisant des déclarations
provocatrices et inopérantes comme sa demande d’annuler la déclaration Balfour
ou le retour aux frontières de 1947.
Le
temps n’est ni l’allié des Palestiniens ni celui des Israéliens. Mais dans un
camp comme dans l’autre, les dirigeants donnent l’impression d’attendre le
miracle, le coup de baguette magique, qui fera disparaitre l’adversaire et donc
le problème.
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