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jeudi 7 avril 2016

Le palestinien Dahlan fait à nouveau parler de lui



Le palestinien Dahlan fait à nouveau parler de lui

par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


            
          C’est une information cyclique qui revient au-devant de la scène politique palestinienne régulièrement. Mohamed Dahlan n’a pas abandonné son projet de prendre la direction de l’autorité palestinienne. Certes, on ne l’entend pas souvent mais ses gesticulations politiques font de lui l’homme le plus courtisé par de nombreux pays arabes, mais aussi par les Américains et les Israéliens. Il a la réputation d’être l’homme du Mossad et de la CIA mais il s’en défend bien sûr. L’Autorité palestinienne l’a exclu du Fatah en 2011 et l’a contraint à s’exiler aux Émirats Arabes Unis où il est devenu l’un des conseillers du souverain et l'homme le plus écouté.



Projet renaissance Dam

            Il reste discret et fait peu de déclarations politiques sur la situation en Cisjordanie mais son silence est bruyant car il intervient sans cesse dans les forums internationaux sponsorisés par les grands pays arabes. Il est le Palestinien le plus présent sur les scènes internationales en raison de son charisme et de son expertise sécuritaire et diplomatique. Ainsi en mars 2015, il a joué un rôle majeur de médiateur dans l'accord signé par l’Égypte, l'Éthiopie et le Soudan concernant la construction en Éthiopie du plus grand barrage d’Afrique avec deux centrales hydro-électriques. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lui avait assigné la mission épineuse de négocier ce projet Renaissance Dam.

Dahlan deuxième à gauche

            Dahlan avait participé le 19 novembre 2015 à une conférence sur la sécurité tenue à Bruxelles sous les auspices de l'OTAN : «Cooperative security & interconnected threats». Il avait pris la parole pour attaquer les mouvements islamiques et pour accuser la Turquie de soutenir l'État islamique. En décembre 2015, Dahlan avait aussi participé à la préparation du Forum culturel international à l’occasion du 70ème anniversaire de l’UNESCO. Ce forum, qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg, a été l’occasion pour lui d’être aux côtés du président russe Vladimir Poutine lors de son ouverture.
Ahmed Jarba

            Le 18 janvier, le journal turc Gercek Hayat l’avait accusé d’avoir fomenté un coup d'État contre le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avec l’aide des Émirats Arabes Unis (EAU), soutenus par la Russie. Enfin le 13 mars 2016, il avait participé au Caire à la conférence constitutive du mouvement d’opposition syrien, Ghad al-Suri (Lendemain de la Syrie) présidé par Ahmed Jarba et d'autres opposants syriens. C’est à l’instigation de Mohamed Dahlan qu’Ahmad Jarba avait fait publier, dans un journal israélien, un message en hébreu appelant à soutenir l’opposition en Syrie et précisant qu’il était en faveur d’une rencontre avec Benjamin Netanyahou. Le nouveau mouvement Ghad al-Suri avait voulu ainsi sensibiliser le public israélien à son message politique et ouvrir une opportunité de relations bilatérales avec Israël.
            Dahlan n’est plus le chef d’une bande de miliciens palestiniens à Gaza ; il a acquis une stature internationale. Les relations étroites de Dahlan avec les Émirats Arabes Unis et son important carnet d’adresses lui permettent d’agir en tant que diplomate de haut niveau, capable de transcender la cause purement palestinienne. Il a ainsi pris, en plus de son expertise sur les questions sécuritaires, une envergure internationale qui lui donne une crédibilité dépassant de loin sa seule influence à la Mouquata. 
          L’Autorité palestinienne a beaucoup perdu en l’éliminant de sa direction. Mahmoud Abbas aurait pu la crédibiliser en lui donnant une audience internationale alors que Dahlan a pris un grand poids politique en conseillant, sur le plan sécuritaire, le prince héritier Cheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan des Émirats Arabes Unis, prenant ainsi une grande place au sein de l'État. C'est face à cette concurrence que Mahmoud Abbas vient d'annoncer qu'il était ouvert à des négociations avec Israël. 
            Usant aussi de sa proximité avec le président Sissi il peut dépasser le seul niveau de la scène palestinienne. Mohamed Dahlan a développé des relations apaisées avec tous les acteurs modérés de la région, ceux qui pourraient compter dans une ouverture diplomatique avec Israël à savoir, les Émirats Arabes Unis, l’Égypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite et l’opposition syrienne. L’Europe n’est pas insensible au personnage qui rassure parce qu’il évite de parler de lutte armée et d’éradication de l’État juif. Il a gardé les faveurs des jeunes du Fatah et a maintenu des relations étroites avec le prisonnier palestinien le plus célèbre, Marwan Barghouti, et avec l’ancien premier ministre Salem Fayyad, sans compter les membres du Comité central qui n’osent pas afficher au grand jour leur préférence. Ceux qui l’ont fait ont subi des sanctions allant jusqu’à l’exclusion des postes de direction ou au licenciement pur et simple. C’est pourquoi Dahlan évite l’affrontement direct avec Mahmoud Abbas pour ne pas lui donner l’occasion de sévir. Mais seules des relations internationales pourraient l’aider à réaliser son ambition.

            De nombreux Israéliens, des deux bords et des plus célèbres, le voient comme le prochain président palestinien. Avigdor Lieberman l’aurait rencontré de manière secrète dans plusieurs capitales européennes.  En janvier 2016, Yossi Beilin, architecte des accords d’Oslo estimait que Dahlan ferait un bon président car il est pragmatique et intelligent. Mais Dahlan sait qu’il a besoin de partisans au sein même de la population de Palestine et, pour cela, il n’oublie pas de distribuer en projets de charité une partie de ses millions de dollars dans les territoires pour s’acheter des partisans.
            Il n’a jamais fait mystère de son opposition aux islamistes d’une manière générale et aux Frères musulmans en particulier et cela ne date pas d’hier. Quand il était étudiant à Gaza en 1981, il avait déjà organisé la lutte contre la fraternité. Il avait par ailleurs, lorsqu’il était à la tête des services de sécurité de Gaza, arrêté entre 1995 et 2000 des centaines de membres du Hamas impliqués dans des opérations militaires contre Israël. Mais, pragmatisme oblige, cela n’empêche pas que depuis quelques temps, les relations entre le Hamas et Dahlan se soient réchauffées dans une alliance contre l’ennemi commun, Mahmoud Abbas. De ce fait ses chances d’accéder au poste suprême sont de plus en plus élevées bien que Mahmoud Abbas persiste à ne pas vouloir lui céder sa place. Le seul qui pourrait lui faire de l'ombre serait Majed Faraj, le nouveau responsable de la sécurité de l'Autorité palestinienne, un personnage sans charisme et peu connu sur le plan international. 

Les précédents articles sur Dahlan :










        

1 commentaire:

  1. Très bien cet article , du journalisme pur ,
    J'ai toujours pensé à cet homme , notre intelligentia ,doit être prête comme de juste , je pense Yossi Beilin qui a été prêt de lui et qui sera de la partie , le problème restera le "BARghouti

    Je reste sur la touche

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