L'UNION EUROPÉENNE, CUL PAR-DESSUS TÊTE
Par Marianne ARNAUD
Qu'on me pardonne cette
expression, mais renseignements pris, elle date du XVème siècle, ce qui lui
donne la légitimité de l'antériorité historique. Qui pourrait nier le désarroi
qui s'est emparé des peuples européens ? Eux, à qui l'Europe de Bruxelles
avait promis la paix et la prospérité, se trouvent face à son impuissance à
honorer ses promesses. L'UE va de crise en crise, et à chaque échec, demande
aux peuples encore et encore «plus d'Europe».
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Maurice Allais |
Aucune des crises de l'UE
n'avait été prévue par les apparatchiks qui la gouvernent, et les peuples ont
dû les subir sans en avoir été avertis. Alors que d'éminents économistes comme
le prix Nobel français, Maurice Allais, avait en son temps, attiré l'attention
sur les dangers d'imposer une monnaie unique à des pays n'ayant aucune
harmonisation économique, fiscale, industrielle ou sociale, il n'a pas été
écouté.
Lors de l'introduction de
l'euro, on a pu assister au comportement de certains pays qui ont profité des
faibles taux d'intérêt, comme l'Espagne ou l'Irlande, pendant que d'autres
perdaient de leur compétitivité comme la Grèce, le Portugal, l'Italie et la
France. A cela il faut ajouter le fait que les grands pays comme l'Allemagne ou
la France n'ont pas respecté le Pacte de stabilité qui limitait à 3% les
déficits annuels autorisés, et à 60% du PIB celui de la dette. Les pays du Nord
de l'Europe, sur le modèle de l'Allemagne, tentaient d'assainir leurs finances
publiques pour gagner en compétitivité, tandis que ceux du Sud de l'Europe, et
notamment, la France, ne réalisaient aucune des réformes structurelles
nécessaires.
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Dani Rodrick |
La succession des crises
économiques européennes pose indiscutablement la question de la nature de ses
institutions politiques. Ainsi que le demande Dani Rodrick – cité dans un
article de Martial Foucault [1] - l'Union
européenne peut-elle concilier les trois dimensions du «trilemme politique
de l'économie mondiale» ? Et Martial Foucault d'expliquer : «Par
trilemme, Rodrik fait l’argument que mondialisation, démocratie et
États-nations sont incompatibles simultanément. La démocratie n’est compatible
avec la souveraineté nationale que si la mondialisation est bridée (golden
straitjacket). Si la mondialisation est encouragée tout en conservant
l’État-nation, alors la démocratie est en danger. Et enfin, combiner
mondialisation et démocratie implique de renoncer à l’État-nation comme point
focal de la gouvernance internationale. Appliqué à l’espace européen, ce
paradigme de l’économie politique internationale suggère que la Grande
Récession a finalement renforcé la mondialisation et la souveraineté nationale
au détriment de la démocratie. Les solutions apportées par l’Union européenne,
la BCE et le FMI (troïka) à la crise grecque confirment le renoncement à la
légitimité démocratique de cet arrangement institutionnel».
Et c'est là où le bât blesse :
dans tous les pays d'Europe l'euroscepticisme fait rage ! La dernière crise
européenne, connue sous le nom de : «crise des migrants», a semé la
discorde entre les peuples et leurs gouvernants jusqu'au cœur de l'Allemagne
elle-même. Madame Merkel qui de façon inconsidérée, et pour donner bonne
conscience aux Allemands, s'était fait photographier au milieu des migrants,
n'a pas mesuré «l'appel d'air» que cette photographie constituerait pour
des milliers de migrants. Quelques jours plus tard, elle avait été contrainte
de fermer ses frontières sous la pression de sa base politique, devant l'afflux
insupportable des migrants, ce qui en dit long sur la confusion qui règne au
sommet de l'État !
Si on affirme toujours aux
Français que la France n'est pas le pays dont rêvent les migrants, ils
continuent cependant à ne pas comprendre pourquoi 80% des mesures de reconduite
à la frontière de migrants en situation irrégulière, ne sont pas exécutées,
aucun traité européen ne justifiant «l'invasion» de l'Europe par «toute la misère du monde» ?
C'est dans ce climat délétère
que Marine Le Pen, forte de sa légitimité de député européen et de présidente
du groupe Europe des nations et des libertés, a profité de ce «moment
historique» de la présence d’Angela Merkel et de François Hollande au
Parlement européen, pour les apostropher en ces termes : «Merci Mme Merkel
de nous faire le plaisir de venir aujourd'hui avec votre vice-chancelier,
administrateur de la province France !» Elle a encore affirmé : «Je ne
vous reconnais pas Madame, le droit de disposer de nous dans une tentation
absurde de domination de l'Europe». Et pour finir, s'adressant au président
français : «Le peuple français se détourne de vous, M. Hollande, comme il
s'est détourné hier de M. Sarkozy, parce qu'il a soif de France !»
[1] Article paru
dans CAIRN.INFO, intitulé «Les politiques économiques européennes face à la
Grande Récession»
1 commentaire:
J'approuve complètement votre analyse qu'il faudrait diffuser et qui serait un grand réconfort pour quantité de gens qui souffrent en silence, consternés de constater que l'Europe qu'on leur a imposée comme un espoir de croissance, d'emploi et de paix est un leurre, voire une escroquerie. La dernière crise pour ne citer que celle-là et qui n'en est qu'à son début prouve que la paix promise n'est pas au rendez-vous. J'approuve les propos de Marine le Pen dans lesquels certain journaliste de Libération n'a voulu voir que les propos d'une " harpie "qui lui a fait honte pour la France. Il faut que des voix comme la vôtre s'élèvent pour dénoncer cette UE qui n'en finit pas de détruire la France par idéologie mondialiste et ultralibérale.
A ce titre, je vous remercie d'exprimer si bien ce que le peuple silencieux n'a jamais l'occasion de dire.
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