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dimanche 18 octobre 2015

L’ESCALADE Par Gérard AKOUN



L’ESCALADE

Par Gérard AKOUN


Attentat de Raanana

Jour après jour, les terroristes continuent à frapper en Israël. Les attentats les plus graves, se sont produits, avant-hier, à Jérusalem et à Ra’ananna, une petite ville à quelques kilomètres, au nord de Tel-Aviv que les Français connaissent bien puisqu’ils sont nombreux à s’y être installé en faisant leur Aliah. Le bilan est lourd, quatre morts et une quinzaine de blessés. Dans un cas, les terroristes n’ont pas seulement utilisé des couteaux, ils se sont, aussi, servis d’un pistolet, dans l’autre, ils ont lancé  une voiture bélier contre un arrêt de bus.


Députés arabes israéliens

Ces attentats ne dérogent pas à la règle établie, semble-t-il, depuis le début de cette vague de violences, ils sont le fait d’Arabes israéliens et surtout  de résidents de Jérusalem est, qui les uns comme les autres  possèdent des papiers d’identité leur permettant de circuler, librement en Israël. Mardi, les députés arabes israéliens et des mouvements islamistes israéliens  avaient appelé à une grève générale et à une manifestation, pour  la défense de la mosquée Al Aqsa. Des milliers d’Arabes israéliens se sont réunis à Sakhnine, une ville à majorité arabe située au nord d’Israël pour protester entre autres, «contre les intentions prêtées au gouvernement israélien de modifier le statu quo sur l’esplanade des mosquées  et les incitations à la haine du gouvernement israélien» 

L'expression est sans doute excessive, quoi qu'il y ait certainement dans le camp du premier ministre des personnes qui n'éprouvent pour les Arabes que mépris, au mieux, haine, au pire. Mais si Benyamin  Netanyahou, lui-même, n'appelle pas réellement à une telle haine, force est de constater que depuis la veille des dernières élections où il déclarait qu'il n'y aurait pas d'Etat palestinien, et où il appelait les Juifs à venir en masse voter pour contrebalancer le vote des Arabes israéliens, il n'a rien fait, c'est le moins qu'on puisse dire, pour avancer dans les négociations et montrer sa bonne volonté aux Palestiniens. Il croit que la gestion à bas bruit  du conflit avec les Palestiniens est favorable à  Israël et qu’il vaut mieux le statu quo que l’aventure.
Mais les torts sont évidemment partagés : Mahmoud Abbas a lui aussi été incapable de se résoudre aux compromis nécessaires pour aboutir à un accord. Il a peur de subir le même sort que Sadate s’il devait accepter des concessions territoriales et sécuritaires exigées par Israël et il s’imagine que le temps joue en faveur des Palestiniens.
Vague ou tsunami ?

Ils se trompent tous les deux ; le fossé se creuse de plus en plus entre les deux peuples ; les Israéliens ignorent leurs plus proches voisins et les Arabes, qu’ils soient israéliens ou palestiniens, haïssent les Israéliens qu’ils rendent responsables de tous leurs maux. Cette haine, en ce moment,  se manifeste tous les jours à l’égard des Juifs, à travers ces attentats, qui, sans distinction, blessent ou tuent des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards. Leurs auteurs, qui  sont, pour la plupart, très jeunes  savent qu’ils ont très peu de chances de survivre aux crimes qu’ils vont commettre.
Mais ils ont été soumis à un embrigadement, à un endoctrinement religieux qui leur fait croire que mourir en martyr, les ferait bénéficier, dans l’au-delà, d’un avenir plus glorieux. Ces jeunes n’étaient pas nés quand les accords d’Oslo ont été signés, le conflit israélo-palestinien était encore politique, c’était le choc entre deux nationalismes et on pouvait croire encore qu’il serait résolu à court terme, une génération tout au plus,  par la négociation. Aujourd’hui, cet espoir s’éloigne et les dirigeants palestiniens, en raison de leurs atermoiements, ne leur offrent pas, beaucoup d’autres perspectives qu’une mort glorieuse

Le gouvernement israélien se doit d’assurer, grâce à l’action de l’armée et de la police, la sécurité de tous ses citoyens. Il doit ramener le calme à l’est et à l’ouest de Jérusalem y compris en  séparant les deux secteurs de la ville. Les responsables palestiniens doivent s’efforcer de calmer le jeu, comme le leur conseillent les dirigeants d’un certain nombre de pays arabes, et s’abstenir de déclarations douteuses qui ne font que jeter de l’huile sur le feu comme celle que Mahmoud Abbas  a faite hier soir «Les Israéliens tuent des enfants palestiniens dans les rues».
Les  dirigeants israéliens et palestiniens ne  doivent pas oublier que dans un Moyen-Orient en proie aux extrémismes religieux, le conflit qui les oppose peut très  rapidement, se transformer, en guerre de religion incontrôlable, aux conséquences imprévisibles. 

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