Sur les lieux de l'attentat-suicide à Suruç en Turquie, le 20 juillet 2015. |
Mais contre qui ? Essayons d’y
voir un peu plus clair. Il y a quelques jours, un attentat, du côté turc de la
frontière syrienne, tuait 30 Kurdes et en blessait plusieurs autres. Les Kurdes
ont soupçonné les services turcs d’être
derrière cet attentat et en représailles, leur PKK assassina deux policiers qu’il accusait d’en
être les auteurs ou les instigateurs.
Immédiatement après, le gouvernement turc qui jusque-là faisait preuve d’une certaine indulgence envers le Daesh a bombardé les positions de celui-ci en Syrie et a adhéré à la coalition montée par les États-Unis pour le combattre. Mais pour faire bonne mesure, il est allé également bombarder les positions du PKK, mettant ainsi fin à l’accord d’armistice signé en 2012 ; et la guerre entre eux a repris.
Le gouvernement de M. Erdogan se
bat donc actuellement sur deux fronts. D’une part aux côtés des Américains
contre l’État islamique et d’autre part contre le PKK son ennemi juré. Or les
Kurdes d’Irak qui abritent le PKK sont également les alliés des USA et sont les
combattants les plus efficaces contre le Daesh. Où est la logique dans tout
cela ?
Il faut dire que la priorité des
priorités du gouvernement turc est d’empêcher à tout prix la création d’un État
kurde en Irak qui donnerait des idées aux 20 millions de Kurdes de Turquie. Par
ailleurs ce pays sunnite voit d’un très mauvais œil l’accession de l’Iran
chiite propulsé par les États-Unis au rang de première puissance de la région.
Mais en prenant part à la guerre contre le Daesh, il se comporte objectivement
comme l’allié des Mollahs.
En fait, entre les Sunnites et
les Chiites, Barack Obama a choisi ces derniers. Il est persuadé, probablement
à tort, que le danger que représente le
djihadisme sunnite est bien plus grand que la menace iranienne, alors que
l’Iran est déterminé à renforcer l’axe chiite qu’il dirige. Il fournit ses alliés
en armes, en hommes et en argent dans la guerre contre le Daesh et les autres
groupes sunnites. Il soutient les milices chiites telles que le Hezbollah et
déploie ses propres milices Al Qods et Gardiens de la révolution, en Irak et en
Syrie. Son objectif prioritaire demeure la destruction d’Israël.
Rebelles syriens |
Il y aurait peut-être pourtant
une troisième voie, au moins en ce qui concerne la Syrie. Sous le nom de «Jaish
al-Fatah», l’armée syrienne libre,
d’importants groupes d’opposants sunnites, les Frères musulmans et même
la Jabhat al-Nusra liée à Al Qaeda se sont unis sous la houlette des États
sunnites modérés et se battent à la fois
contre le Daesh et les forces de Bachar Al Assad. Leur éventuelle
victoire serait probablement la moins mauvaise solution pour Israël et pour la
région.
Pour en revenir à la Turquie,
Erdogan pourrait être tenté à la faveur de la situation actuelle de dissoudre
le parlement et provoquer de nouvelles élections pour retrouver une majorité
absolue. Tout cela est bien compliqué et dangereux. Souhaitons à Israël que sa
diplomatie sache se montrer à la hauteur.
Après le génocide Arménien, voici venu le génocide Kurde. 100 ans après la Turquie va marquer l'histoire à sa façon. Et la coalition dans tour ça?
RépondreSupprimer