La
date butoir tant attendue du 31 mars devait
être l’aboutissement de plusieurs mois, que dis je, de plusieurs années
de négociations entre l’Iran et le groupe mandaté par le Conseil de Sécurité de
l’ONU, les 5+ 1, les États-Unis, la Grande Bretagne, la France, la Chine, la
Russie, plus l’Allemagne. Il n’en fut rien, aucun accord sur le contrôle du
nucléaire iranien n’a pu être signé. Les discussions ont été ajournées, pour
être reprises le mercredi 1er avril au petit matin, sans que l’on
puisse savoir si des avancées importantes ont pu, quand même, avoir lieu, tant
les propos tenus par les participants des deux camps en présence sont
contradictoires.
Nous progressons
Les Iraniens et les Russes, soutenus par
les Chinois, ont tenu des propos optimistes que je résume
ainsi : «Nous progressons».
Les Américains, les Français, les Anglais et les Allemands ont été plus nuancés
dans leurs déclarations, sans pour autant parler de rupture : «on continue de négocier» et pas
seulement sur des points de détails, semble-t-il !
Site de Fordo |
Face aux Iraniens, soutenus activement
par les Russes, les Occidentaux sont divisés sur la durée de l’application de
l’accord qui porte essentiellement sur le contrôle du potentiel nucléaire de
l’Iran, sur ses moyens de recherche et développement, sur la libre inspection de tous les sites y
compris celui souterrain de Fordo, sur
son engagement à ne pas se doter de la bombe atomique et sur le calendrier de levée des sanctions
économiques. Les Français, suivis maintenant par les Allemands, ne font pas
confiance aux Iraniens pour respecter tous leurs engagements.
En
2013, déjà, Laurent Fabius avait refusé de soutenir une proposition américaine
qu’il ne trouvait pas assez «exigeante»
vis-à-vis des Iraniens. À la veille des négociations qui se tiennent à Lausanne,
il souhaitait «un accord robuste» et
mardi avec les Allemands il avait menacé de quitter la table des négociations.
La France s’avère dans cette négociation plus sourcilleuse que les Américains
et comprend mieux les craintes d’Israël
et des pays sunnites. C’est sans doute parce que nous sommes moins éloignés,
que les États-Unis, de l’Iran et de
l’arc chiite qui s’est formé au Moyen Orient, sous sa direction.
Signer à tout
prix
Barak Obama a besoin de signer, certains
disent «à tout prix pour ne pas perdre la face», un
accord avec l’Iran pour soigner son
image, pour laisser une trace de sa présidence dans l’Histoire. Cela me
semble exagéré. Disons plus tôt que les intérêts des Américains et de leurs
alliés divergent : Barak Obama veut
se dégager du Moyen-Orient et de ces guerres que Bush lui a laissées en héritage.
Il considère que l’ennemi principal dans
la région n’est pas le régime des mollahs mais l’État islamique, qu’Américains
et Iraniens combattent de concert. Entre les monarchies sunnites et Daesh, les
relations sont ambiguës.
Roi Salman |
L’Arabie Saoudite, en particulier, a enfanté
ce monstre qui, maintenant, leur fait peur. Elles ne peuvent le combattre, réellement,
dans la mesure où son affaiblissement
renforcerait l’Iran et les chiites. Mais elles savent que Daesh, qui les traite d’impies, les chassera, dès
qu’il en aura la possibilité, pour s’adjoindre leurs territoires et leurs
richesses. A tort ou à raison Obama considère que la République Islamique
constitue un élément stable dans la région à condition qu’elle évolue, qu’elle
se démocratise à la faveur des résultats de cet accord qui lui permettrait
d’améliorer sa situation économique. Il
espère qu’il en sera ainsi.
Mais sa motivation principale est de se
dégager du Moyen-Orient car les intérêts stratégiques des États-Unis ne
sont plus les mêmes. Ils se sont
déplacés de l’Atlantique au Pacifique. C’est là que se jouera le leadership des
États-Unis sur l’économie mondiale contre le géant chinois.
Les
Iraniens ne peuvent laisser passer cette occasion de retrouver une place
dans la communauté internationale. La situation économique dans laquelle ils se
trouvent est catastrophique. Le Guide
suprême de la Révolution, le Président de la République se sont engagés
publiquement dans la voie de la négociation, eux non plus ne peuvent perdre la
face, ils font traîner les négociations pour prouver à leurs opposants, à leur peuple, au monde
chiite qu’ils peuvent tenir la dragée haute à l’Amérique et à ses alliés,
qu’ils peuvent arracher des concessions aux 5+1.
L’Iran a impérativement besoin de pouvoir exporter son pétrole, et que soient levés les interdits bancaires. Il est possible qu’elle accepte de se maintenir en dessous du seuil nucléaire, dans la mesure où elle est devenue en quelques mois, une puissance incontournable dans la région en structurant les communautés chiites sous son aile. Ce n’est qu’une hypothèse, les négociations continuent.
L’Iran a impérativement besoin de pouvoir exporter son pétrole, et que soient levés les interdits bancaires. Il est possible qu’elle accepte de se maintenir en dessous du seuil nucléaire, dans la mesure où elle est devenue en quelques mois, une puissance incontournable dans la région en structurant les communautés chiites sous son aile. Ce n’est qu’une hypothèse, les négociations continuent.
Hag Sameah le Pessah
Ce qui prouve que la politique sécuritaire de Netanyahou envers l'Iran n'était pas forcément électoraliste, mais surtout réaliste contrairement à ce qu'on a pu lire dans les différents articles de ce blog.
RépondreSupprimerCordialement
Véronique Allouche