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lundi 16 mars 2015

LA RÉALITÉ DES EXTRÉMISMES EN ISRAËL



LA RÉALITÉ DES EXTRÉMISMES EN ISRAËL

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

  Tous les partis qui se présentent aux élections ont le mérite de participer à la démocratie israélienne à l’exception de deux partis, positionnés aux deux bords extrêmes de l’échiquier politique.

            La liste arabe a bénéficié d’une indulgence à la fois du gouvernement qui n’a pas su ou pas voulu légiférer pour interdire les comportements anti étatiques et des instances suprêmes. Il ne fait aucun doute que les partis qui composent la liste arabe prônent la disparition d’Israël en tant que tel et l’émergence d’une entité qui ferait revenir le pays au magma de la veille de 1947.


Cohabitation compliquée


Les grandes villes arabes de Taybe, de Kfar Kassem, d’Um El-Fahm, dont les habitants disposent de la nationalité israélienne, profitent de toutes les manifestations pour brûler dans les rues le drapeau israélien et pour défiler sous l’emblème palestinien. Les représentants élus à la Knesset refusent de chanter l’hymne national lors des ouvertures de sessions et manifestent leur réprobation en restant assis à leurs sièges en narguant leurs collègues juifs. Au mieux, ils quittent la Knesset durant l’hymne national mais aucune loi ne peut leur être opposée.

Ces comportements démontrent que la cohabitation devient de plus en plus compliquée au sein de l'État juif. Le problème de la double appartenance des Arabes d’Israël, qui représentent  21% de la population, fait douter de la loyauté d’une communauté pourtant intégrée socialement et financièrement. L’apparition systématique de drapeaux palestiniens dans les manifestations arabes crée un malaise qui met en évidence le difficile positionnement de cette minorité (qui comprend des Arabes musulmans et chrétiens). Les Arabes israéliens disposent de tous les droits civiques et sociaux avec la seule exception qu’ils sont exemptés du service militaire, ce qui leur interdit d’accéder ensuite à certains postes sensibles. Mais de plus en plus d’Arabes exigent, et c’est tout à leur honneur, de faire les trois années d’armée.

Les fils et petits-fils des 156.000 Palestiniens qui étaient restés en 1948 à l’intérieur des frontières d’Israël, représentent aujourd’hui une communauté de 1,66 million. Ils demeurent éclatés entre leur soutien affectif aux Palestiniens et leur volonté pragmatique et irréductible de rester en Israël : «Nous sommes des Israéliens, nous nous sentons israéliens, nous parlons souvent un excellent hébreu, nous sommes diplômés de l'université, mais nous sommes toujours considérés comme des citoyens de seconde zone».

Loyauté douteuse

Les différentes interventions militaires contre le Liban ou Gaza ont élargi le fossé qui s’est creusé entre la population juive et la population arabe qui avait ouvertement manifesté sa solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza sous prétexte qu’ils y comptent encore des membres de leurs familles réfugiés en 1948. Arborant des drapeaux palestiniens ou verts aux couleurs de l'islam, ils avaient rejoint en masse les militants du «mouvement islamique», légal en Israël pour manifester contre Tsahal.
Avigdor Lieberman avait alors été le seul à prôner une logique de séparation. Ou bien ils pouvaient rester en Israël et faire preuve de loyauté envers ses institutions et son gouvernement, ou alors devenir palestiniens et déménager vers les territoires de Cisjordanie. Il avait proposé des solutions pour se «débarrasser» des Arabes : échange territorial avec adjonction de villes israéliennes et division de Jérusalem pour offrir la partie arabe de l’Est, hors Lieux Saints, à un  nouvel état palestinien. Mais cette solution est rejetée par la Droite nationale qui refuse la création de deux États et qui veut annexer la Cisjordanie, dans le cadre d'un seul État qui risque de perdre à terme son identité et sa spécificité juive.

Que fait-il dans cette galère ?


À l’autre bout de l’échiquier, on se demande qu’est allé faire Elie Yshaï dans la galère de Yahad. Certes, après avoir quitté Shass il savait qu’il ne pouvait atteindre seul le seul de l’éligibilité des 3,25% des votants.  Alors il a décidé de puiser les voix parmi les déçus de Bennett et du Likoud et enfin parmi ses anciens fidèles de Shass. Mais il a franchi un pas étonnant en se liant à la personne la plus controversée de l’extrême-droite israélienne. Baruch Marzel a un passé de militant violent qui a fait ses premières armes au parti raciste Kach du rabbin Kahana, interdit depuis mais qu’on essaie de faire renaître de ses cendres, sous d’autres cieux et d’autres appellations.

Les méthodes de certains militants de Yahad n’ont rien de démocratiques. Elles cherchent plutôt à attirer l’attention des medias plutôt que celle des électeurs. L’un de ses militants a aspergé la tête de la députée Hanin Zoabi, ce qui a eu l’avantage de faire parler d’elle et de la sortir de son anonymat pour ceux qui ne la connaissaient pas encore. 
Baruch Marzel

Si la liste atteint le seuil des quatre députés, Baruch Marzel intégrera la Knesset ce qui laisse présager de sérieuses empoignades physiques au sein des travées de l’assemblée. Il a eu la chance d’être sauvé par la Cour suprême alors qu’il avait été invalidé par la Commission Centrale électorale. C’est un spécialiste des coups fourrés qu’il utilise comme seuls arguments, les arguments religieux l’ont longtemps abandonné. Il veut être l’émule du docteur Baruch Goldstein,  auteur du massacre du Caveau des Patriarches à Hébron en 1994. Il avait tué 29 Palestiniens musulmans qui priaient, avant d'être maîtrisé et battu à mort. Ce sacrifice a été vain. Baruch Marzel n’exploite que la violence qui est son idéologie première et à ce titre il a soutenu de nombreux crimes perpétrés contre les Arabes sous couvert de nationalisme.

Parti Communautaire


Elie Yshaï, qui s’est frotté à la démocratie à ses postes de ministre et de chef du parti orthodoxe séfarade, s’est perdu dans Yahad. Pour sauver son poste de député et celui de Yoni Chetboun, il a été contraint de cautionner les dérives de ses partenaires de liste. Alors qu’il  figurait au Shass au nom de la défense des orthodoxes séfarades, il a réduit ses prétentions dans son nouveau parti en se donnant une image communautaire limitée aux originaires de Tunisie, pour attirer les quelques voix de ceux qui se souviennent encore de leurs racines lointaines.
Yahad est un résidu de tous les candidats extrémistes qui ont été rejetés par les partis nationalistes. Il n’est pas sûr que les fidèles de Yshaï puissent le suivre jusqu’au bout dans cette aventure controversée. Il était habitué à des prises de position politique limites, du temps où il dirigeait le Shass. Il avait en effet considéré l’homosexualité comme une maladie et avait fustigé les immigrés clandestins africains qui apportaient avec eux le sida et la culture de la consommation de drogue. Des positions qu’aiment les anciens de Kach. Il s’est d’ailleurs senti pousser des ailes racistes au contact de ses nouveaux «amis» pour leur donner des gages sur sa nouvelle conversion. Ainsi, il a violemment insulté Hanin Zoabi qui n’a pas été invalidée par la Cour suprême : «vous appartenez au parlement de Gaza».

Il a décidé de ménager l’avenir de son poste ministériel en prenant dès à présent position pour  Benjamin Netanyahou dont il a approuvé le discours à Washington. Il en a profité pour faire un clin d’œil aux habitants des implantations dont il lorgne les voix en précisant qu’il «quitterait tout gouvernement qui soulève la possibilité de bannir les Juifs de leurs maisons». Toute sa campagne électorale s’effectue dans les implantations en puisant dans l’électorat de Bennett qui a ainsi perdu 4 à 5 députés au profit de Yahad.  En fait, il n’a trouvé comme stratégie électorale que de faire du Bennett sans Bennett avec le risque, s’il n’atteint pas le seuil de 3,25% des votants, de redistribuer ses voix à l’ensemble des autres partis, de gauche en particulier. 

Soutiens tunisiens
 
Rabbin Meïr Mazouz
Le sort de Yshaï est lié à celui de Chetboun, qui a suivi une stratégie politique brouillonne tout azimut, lui aussi embarqué dans une formation extrémiste qui n’est pas à son image. Sioniste religieux, il avait choisi la carte des francophones, bien qu'il parle peu leur langue, car ils étaient orphelins d’un leader charismatique. Il s’est brouillé avec son mentor Bennett qui l’avait lancé en politique. Alors, il a basculé vers le soutien à la communauté tunisienne en intégrant dans Yahad trois personnalités tunisiennes Michael Ayash, fondateur d’établissements religieux à Safed,  le rabbin Refael Cohen, ancien maire adjoint de Safed et Sasson Trabelsi chef du conseil religieux de Kfar Saba, après avoir confié l’idéologie religieuse du parti au rabbin Meir Mazouz, lui aussi d’origine tunisienne.
La liste Yahad, constituée de bric et de broc de marginaux, est aussi entachée par la présence d’Amital Bareli qui a servi comme rabbin militaire à la division de Gaza et qui a encouragé en juillet 2005 les soldats à désobéir aux ordres de désengagement de Gaza. Le tribunal militaire de Commandement Sud l’avait condamné à quatre mois de prison et l’avait dégradé. Cette personnalité sulfureuse jette un doute sur la liste.
Bref, tant que ces partis marginaux ne représentent qu’eux-mêmes avec 4 ou 5 députés pour Yahad, cela devient préoccupant lorsqu’ils peuvent, comme la liste unie arabe avec 13 à 15 députés, conditionner l’émergence d’une coalition à la Knesset et peut-être y diffuser des thèses anti israéliennes dans l'hémicycle.



1 commentaire:

  1. Je suis surpris voir agacer de cette histoire Séfarade/Ashkenase encore aujourd'hui,quand on me demande d'ou je suis je répond Juif,mais de culture occidentale et je ne comprends pas cette séparation systématique,ma famille arrive d'Egypte mais il y a de cela deux cent cinquante ans et si elle c'est fondue dans la société occidentale,grâce à ma grand-mère je sais que je suis juif et donc un respect inconditionnel à l'état d'Israël !

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