Benyamin Netanyahou
s’obstine à vouloir répondre à l’invitation des Républicains à se rendre à
Washington pour prononcer devant les deux chambres réunies un discours consacré,
principalement, au nucléaire iranien. Il veut convaincre les membres du Congrès,
majoritairement républicain, de s’opposer à la politique menée par Barak Obama,
partisan du compromis que le groupe des
cinq plus un, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Russie et la
Chine plus l’Allemagne voudrait imposer à l’Iran. Si ce pays accepte les conditions
posées par le conseil de sécurité, concernant la réduction et le contrôle des
stocks des matières fissiles, l’ouverture totale des lieux de production aux
inspections, nombre de sanctions économiques qu’il subit, pourraient être
levées.
Nucléaire
iranien
Les Israéliens
ne font pas confiance aux Iraniens, ils sont persuadés, qu’ils continueront en
secret à enrichir de l’uranium pour pouvoir se doter de la bombe. Il faut donc,
selon eux, leurs interdire toute la
possibilité de développer un armement nucléaire qu’ils pourraient utiliser
contre Israël. Le désaccord est total avec les États-Unis. Barak Obama refuse
de recevoir Benyamin Netanyahou à la Maison-Blanche, d’autant qu’il considère
que ce voyage, à deux semaines des élections législatives israéliennes, a
surtout pour objet de conforter l’image du premier ministre et de lui fournir
un avantage électoral sur ses adversaires. Il ne veut pas lui offrir un tel
cadeau alors qu’il souhaite un changement de majorité en Israël.
L’attrait que
Daesh, malgré sa barbarie, exerce auprès des musulmans sunnites, ne peut plus
être occulté. Plus de 20.000 étrangers, entre autres 5.000 saoudiens, 1.500
Marocains, ont rejoint ses troupes. Son extension
territoriale en Irak, en Syrie, et maintenant en Libye, les menaces qu’il fait
planer sur l’Arabie Saoudite, sur la Jordanie et le rôle ambigu que joue la
Turquie par rapport à Daesh doivent être pris en considération. La lutte contre
Daesh sera longue et difficile. Les Américains veulent aboutir à un compromis avec
l’Iran chiite qui en est demandeur. Pour ne pas avoir à se battre sur deux
fronts, deux adversaires peuvent s’allier contre un ennemi commun. Mais,
même dans cette nouvelle configuration,
les Américains ne peuvent se permettre
de mettre en danger la sécurité de l’État d’Israël qui reste leur allié le plus
sûr dans la région.
Discours au Congrès
Netanyahou le
sait, il en profite, il agace, mais attention à ne pas trop tirer sur la corde.
Les opinions publiques peuvent se
retourner, des pétitions circulent aux États-Unis contre sa venue ; le
vice-président des États-Unis n’assistera pas à sa prestation devant le
congrès, pas plus qu’un certain nombre de représentants démocrates. Israël ne
peut se permettre la moindre fracture
dans ses relations avec les États-Unis. Les rapports avec l’Union Européenne se
dégradent, un certain nombre de pays, qui en font partie, ont reconnu l’État de
Palestine, la Suède va ouvrir très bientôt une ambassade à Ramallah. L’Union Européenne
condamne la poursuite des constructions dans les territoires ; elle
considère qu’elles sont un obstacle à la tenue de négociations sérieuses avec les Palestiniens. Les opinions publiques
sont de plus en plus favorables à la cause palestinienne, les Israéliens seraient
les seuls responsables de l’échec des diverses négociations en dépit des
atermoiements des responsables palestiniens, de leur division, de leurs surenchères qui les empêchent de signer des compromis
douloureux pour les deux parties.
Israël ne peut
et ne doit pas se couper des États-Unis qui demeurent, malgré le
refroidissement actuel, l’allié le plus sûr. Mais, il ne peut pas non plus négliger l’Union Européenne. Il
ne peut rester seul contre tous, si fort soit-il, ce serait suicidaire. La France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne
font partie du groupe des cinq plus un qui devra se prononcer à la fin du mois
de mars, sur le compromis qui pourrait être signé avec l’Iran. On sait que la
France, en particulier, s’est montrée la plus exigeante, peut-être plus que les
États-Unis, quant aux garanties que l’Iran devrait fournir pour parvenir à un
accord.
Juifs de France
L’Europe doit
faire face a une poussée de l’antisémitisme, en provenance de milieux
islamiques. Il ne s’agit pas d’un
antisémitisme d’État comme celui qu’ont pu connaître les pays de l’Est et
l’Union Soviétique. Or depuis le 11 janvier, date des attentats qui ont frappé
la France, Benyamin Netanyahou a appelé à plusieurs reprises les Juifs de
France à immigrer massivement en Israël, il leur demande de «regagner leur foyer, de revenir dans leur patrie». Je
comprends parfaitement que le premier ministre israélien souhaite qu’un très
grand nombre de Juifs fasse leur Alyah en Israël.
Doit-on lui rappeler que l’Alyah
est un choix personnel et lui faire remarquer, qu’en interpellant les Français
juifs de cette manière, il en fait, en France, des étrangers potentiels, qu’il nourrit l’antisémitisme en mettant en doute
leur appartenance à la citoyenneté française. Je me demande si Benyamin
Netanyahou a mesuré l’effet de ses appels sur les gouvernants de ce pays qui ont envoyé des policiers, des
soldats protéger, de jour comme de nuit, les synagogues, les écoles, les
centres culturels juifs. Se rend-il compte qu’il se livre à un détournement de
citoyenneté ?
Yaacov NEEMAN
RépondreSupprimerCeux qui accusent Bibi d'avoir mis à mal nos relations avec les Etats-Unis n'ont pas compris qui est réellement Barack Hussein Obama. Issu de la rencontre d'un homme né dans l'Afrique orientale profonde (le Kenya) et d'une hippie américaine tiers-mondiste, éduqué dans une madrassa (école primaire musulmane) en Indonésie, puis dans le système scolaire et universitaire laïque post-chrétien occidental,l'actuel occupant de la Maison Blanche est un individu partagé, à cheval sur plusieurs cultures, sans réelle cohérence intérieure. Pour lui, toutes les cultures se valent, et il voudrait qu'elles coexistent toutes dans la paix et la fraternité : "La preuve, regardez-moi !" Il s'affirme pourtant être chrétien, mais se livre chaque année, à l'occasion de Pessah, à un Séder crypto-juif qui témoigne de son "ouverture d'esprit", de sa "tolérance". Certains de ses proches se sont convertis au judaïsme et d'autre à l'islam. Sa politique extérieure est à l'image de sa personnalité métissée : faible, incertaine, fluctuante -- dangereuse pour Israël, où certains s'acharnent à vouloir considérer que les Etats-Unis sont notre allié naturel. Il faut à présent reconnaître, dire et répéter que dirigés par Obama, l'indéfectible amitié des Etats-Unis pour Israël n'est plus ce qu'elle était. Bibi n'a rien à voir la-dedans. Plus prosaïquement, à Washington, au Pentagone, on en n'a rien à faire de la bombe iranienne. "The Iranians may bomb Israël, why should we worry ? Un conflit nucléaire au Moyen-Orient, pourquoi ça nous affecterait ? Quand on a bombardé Hiroshima, on pouvait continuer à se baigner sans danger sur les plages de Santa Monica, sur les merveilleuses plages sauvages de la Californie, sans aucun danger, sans craindre aucune radiation nucléaire. Et la deuxième bombe, celle de Nagazaki n'a eu aucune conséquence, sanitairement parlant. sur les pays voisins. Le monde est vaste et, géographiquement, Israël est très loin de nous... Pourquoi voudriez-vous qu'on soit plus ferme avec Téhéran ? C'est vous (Israël) qui êtes en danger, pas nous..." Je suis persuadé que cette attitude cynique (le cynisme, c'est le réalisme des politiques) n'est pas étrangère à l'attentisme de Barack Hussein Obama. L'erreur de Bibi -- qui est pourtant le seul capable de diriger Israël -- c'est d'appeler le monde à notre rescousse, de croire qu'Européens et Américains vont prendre des risques pour défendre le peuple juif. Regardez comment les démocraties se sont comporté vis-à-vis des Juifs allemands après 1933... ! A suivre.