MIRI REGEV, LE SEUL HOMME POLITIQUE DU LIKOUD
Par Jacques BENILLOUCHE
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Général
de brigade
Après un court passage
(2004-2005) dans les services de la censure militaire de la presse et des medias, elle a été
promue au rang de général de brigade en prenant le poste de porte-parole de
Tsahal en 2005. C’est à ce titre qu’elle
a eu à couvrir le désengagement d'Israël de Gaza en 2005 et la guerre du Liban
de 2006. Elle a quitté l’armée en 2007 pour rejoindre l’aile droite du Likoud en novembre 2008, expliquant qu’elle
avait toujours soutenu la plate-forme du parti durant de nombreuses années.
Placée à la vingt-septième place sur la liste du parti pour les élections de
2009 elle gagna de justesse son entrée à la Knesset lorsque le Likoud avait obtenu 27 sièges.
Vidéo de Miri Regev candidate en 2008
C’est au parti qu’elle a véritablement révélé sa personnalité. Son langage s’est durci au fur et à mesure de la
législature, prenant vers la fin des accents révolutionnaires anti arabes. Miri
Regev était réputée pour avoir un langage populiste direct, sans fioritures, parfois vulgaire et xénophobe pour certains, ce qui poussa ses adversaires et même ses amis à la qualifier de «marchande de
poissons». C’est une «grande gueule» qui ne refuse pas à se
mesurer à tous ceux qui s’en
prennent à son parti et à son gouvernement. Ses interventions musclées et son vocabulaire imagé lui ont aussi donné
le qualificatif «d’aboyeuse» du Likoud.
Miri Regev s’est imposée politiquement en mai 2012, lorsqu’elle a participé à une manifestation anti-immigration en qualifiant les immigrés illégaux soudanais de «cancer dans notre corps». Elle s’en est ensuite excusée en prétendant que la citation avait été dénaturée parce qu'elle ne voulait pas «comparer les êtres humains au cancer».
Vidéo de Regev justifiant sa déclaration sur les immigrés
Miri Regev s’est imposée politiquement en mai 2012, lorsqu’elle a participé à une manifestation anti-immigration en qualifiant les immigrés illégaux soudanais de «cancer dans notre corps». Elle s’en est ensuite excusée en prétendant que la citation avait été dénaturée parce qu'elle ne voulait pas «comparer les êtres humains au cancer».
Activiste
du Likoud
Aux primaires de 2014, elle a
définitivement gagné ses galons de femme politique en arrivant, à la surprise
générale, quatrième de tous les militants du Likoud. Mais elle avait beaucoup
travaillé pour se hisser à cette place en surfant à travers les rivalités au sein du parti, en tant que femme d’abord et en tant
que séfarade surtout. La surprise venait
du fait qu’elle était considérée comme agitatrice d'idées dans le parti, «l’épine
dans le pied de Netanyahou».
Elle s’est battue en première
ligne en étant l’instigatrice de projets de loi tendant à lier les mains du
premier ministre, soit face au processus de paix soit en ce qui concerne
l’éventuelle annexion de la vallée du Jourdain. Elle s’était donné pour tâche
de faire capoter les pourparlers de paix en exigeant que la Knesset ait le
contrôle pour tout ce qui concerne Jérusalem et le droit au retour des réfugiés
palestiniens : «Les négociations sur ces questions, qui sont lancées
sans l'approbation de la Knesset, sont non contraignantes. Dans un tel cas, les
organismes gouvernementaux ne seront pas engagés à l'issue de ces négociations».
En fait, elle avait repris avec
plus de talent un projet conçu précédemment par le ministre Gilad Erdan qui n’avait jamais été
soumis au vote de la précédente Knesset. Elle s’est expliquée en précisant
que : «L'objectif est de parvenir à une situation dans laquelle il ne
peut y avoir de négociations sur les concessions drastiques qui ont un impact
négatif sur l'identité juive de l'État et exacerbent le fossé qui existe dans
la société israélienne, sans l'approbation d'une majorité au parlement
d'Israël. Ces actions sont interdites, anti-démocratiques, et, selon ce projet
de loi, illégales. Ainsi, toutes les négociations menées sans approbation de la
Knesset seraient non valides.»
Netanyahou avait accepté ce projet
du bout des lèvres car il avait compris que l’annexion de la Vallée du Jourdain
avait pour but d’écarter les implantations de tout accord diplomatique. Il
savait que cela influerait de manière fondamentale sur ses relations avec les
Américains. Mais il a laissé faire pour ne pas s'opposer à Miri Regev qui concentrait sur elle les amertumes des militants extrémistes du Likoud.
Huit ministres sur les onze qui
composaient le comité législatif du gouvernement avaient adopté ce projet à
l’exception de Yaïr Lapid et Yaël German de Yesh Atid ainsi que de Tsipi Livni qui
s’était élevée avec vigueur contre cette décision : «Ce projet de loi et
ce vote en commission ministérielle n'a pas pour but d'annexer une partie de la
Cisjordanie, mais plutôt de protéger le statut de certains membres du Likoud
face à l'extrême droite du parti au prix d'une atteinte à l'image du pays, de
son isolement et de sa sécurité». Le projet de loi devait encore être
approuvé par la Knesset mais il n’a pas reçu de majorité car les Centristes au
sein de la coalition gouvernementale s’y sont opposés, avec bien sûr tous les
membres de l’opposition.
Faucon
du Likoud
Cette proposition de loi avortée
a cependant promu Miri Regev au rang de «faucon» de la coalition, au
sein de l’aile droite du Likoud. Elle a donc engrangé les votes des militants
qui l’ont d’ailleurs adoubée aux primaires en la hissant au sommet. Elle avait ainsi
réussi à changer le consensus israélien sur les territoires parce qu'elle avait senti qu'il n’y
avait pas de vision politique claire au sein de son parti. Elle avait surtout
appris les secrets de la manipulation politique d’un pays au point de dicter au premier
ministre les décisions auxquelles il n’était pas préparé. Si elle n’avait pas fait
carrière dans l’armée, elle aurait pu être une activiste révolutionnaire de l’extrême-droite.
Elle avait mobilisé les radios
et les chaînes de télévision qui diffusaient ses «crises nerveuses» et
son discours teinté de chauvinisme, à la limite de racisme, avec un sens de
l’humour lourd et souvent déplacé. Ces adversaires lui ont attribué pour cela le
sobriquet de «marchande de poissons» en raison de ses propos populistes. Dans les commissions de la Knesset qu'elle présidait, elle ciblait uniquement les députés arabes allant jusqu'à leur refuser le droit à la parole. On se souvient d'elle dans un débat animé avec la passionaria travailliste Stav Shaffir.
Certains la trouvaient dangereuse politiquement car elle était adepte des petits pas consistant à d’abord annexer la vallée du Jourdain pour ensuite s’emparer de toutes les routes menant aux implantations, pour enfin mettre la main sur la totalité de la Cisjordanie. Elle plaisait aux militants de l’aile droite du Likoud qui, grâce à son discours ultra nationaliste, n’avaient pas rejoint Naftali Bennett et son parti. Elle s'était élevée en particulier contre l'interdiction faite aux Juifs de prier sur le Mont du Temple dans une intervention violente à la Knesset avec des expressions arabes déplacées.
https://www.youtube.com/watch?v=EbGjm8mUlTU
Certains la trouvaient dangereuse politiquement car elle était adepte des petits pas consistant à d’abord annexer la vallée du Jourdain pour ensuite s’emparer de toutes les routes menant aux implantations, pour enfin mettre la main sur la totalité de la Cisjordanie. Elle plaisait aux militants de l’aile droite du Likoud qui, grâce à son discours ultra nationaliste, n’avaient pas rejoint Naftali Bennett et son parti. Elle s'était élevée en particulier contre l'interdiction faite aux Juifs de prier sur le Mont du Temple dans une intervention violente à la Knesset avec des expressions arabes déplacées.
Vidéo de son intervention à la Knesset
Lien de l'intervention avec sous-titres
Elle justifiait sa stratégie d'annexion en
expliquant que la charge incombant à l’armée, appelée aux quatre coins du
territoire, devenait de plus en plus grande. Elle proposait donc de bloquer
l’avance éventuelle de l’ennemi par les implantations qui devaient donc être annexées au plus vite. Les militants politiques assurent que Miri Regev est un esprit malin
qui connaît toutes les ficelles et les failles du système. Elle avait pris
tellement d’ascendant sur eux qu’elle était devenue le seul "homme" politique du
Likoud qui n’avait pas peur d’affirmer ses convictions, face à un premier
ministre omnipuissant.
3 commentaires:
Elle n'st ni raciste ni populiste ;elle est nationaliste .De vraiment raciste je me pencherais du coté de la gauche israélienne une fois gratté le vernis des apparences . Les meilleurs rapports humains et de travail entre arabes et juifs sont opérés sur le terrain avec des gens de droite nationaliste. Cette donne est vérifiable en pratique hors discussions politiques tendant a diviser .Les arabes israéliens le reconnaissent .
Kamal Hachkar - oui, une Marocaine qui réclame à corps et à cris un maroquin dans le prochain gouvernement. Elle a tant de qualités! Et surtout, elle est modeste. L'une de ses dernières déclarations qui ont fait la "une": "j'ai été coulée dans le métal dont on fait les Premiers ministres" !!!
Il est certain que cette femme sioniste et militante a une personnalité qui lui donnera la puissance d'aller au sommet.
Je ne dirai pas qu'elle était devenue le seul "homme à affirmer ses convictions face au premier ministre" mais tout simplement qu'elle était devenue la seule à affirmer ses convictions face au premier ministre.
Nous avons au niveau de la conviction l'équivalent dans l'autre bord avec Ztipi. Elle n'a malheureusement à ce jour pas accédé à la fonction suprême et son alliance démontre peut être une faiblesse.
En deux mots faisons également confiance aux femmes en espérant que leur engagement soit égal à leur sagesse.
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