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dimanche 7 décembre 2014

LES PARTIS ARABES ARBITRERONT LA PROCHAINE KNESSET



LES PARTIS ARABES ARBITRERONT LA PROCHAINE KNESSET

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

            
          Sauf grosse surprise de dernière minute et compte tenu du système électoral israélien, les partis arabes, 11 députés au moins, arbitreront la prochaine Knesset. Selon un dernier sondage du 3 décembre,  le Likoud (22) et HaBayit Hayehudi (16) disposeront ensemble de 38 mandats et 54 en intégrant les religieux orthodoxes (16). En cas de constitution d’un front centriste-travaillistes avec le parti social de Moshé Kahlon (13), le parti travailliste d’Isaac Herzog (12), Israël Beiteinou (10) d’Avigdor Lieberman, Yesh Atid (10) de Yaïr Lapid, Meretz (6) et Hatnoua (4)  de Tsipi Livni, cette coalition du centre-gauche obtiendrait 55 sièges.  
          On peut s’étonner bien sûr de cette union hétéroclite du centre, mais contrairement aux autres élections, le vote se fera sur les questions économiques qui laissent sur le carreau de plus en plus de citoyens défavorisés. Un réel consensus existe entre ces partis si différents pour réduire les disparités sociales.



Groupe charnière

Députés arabes israéliens

            Les partis arabes deviendront le groupe charnière qui fera la pluie et le beau temps à la Knesset. Les trois partis arabes actuels envisagent d’ailleurs un regroupement en une entité unique qui pourrait booster leurs résultats et réduire l’abstention chronique des populations arabes. Le paradoxe est étonnant de constater que ceux qui sont voués aux gémonies par les nationalistes détiendront la clef des décisions de l’Assemblée, avec une possibilité de blocage institutionnel.

            Mais rien n’est fait et les lignes peuvent encore bouger en fonction de l’évolution et de la réussite de certaines manœuvres politiques. Les États-majors ont trois mois pour affiner leurs armes et leurs coups fourrés. La recomposition du paysage politique israélien est en marche avec ses déceptions, ses rivalités et ses renoncements. Même l’infatigable Shimon Pérès est mis à contribution alors qu’il vient de quitter la présidence de l’État. Il aurait reçu deux propositions pour rejoindre un grand bloc du centre-gauche, non pas en tant que député, mais en tant que Sage et animateur d’une coalition TSN, tous sauf Netanyahou. On veut qu’il réédite l’exploit de la création du parti centriste Kadima avec le succès qu’on a connu.
Dery et Yshaï

            La guerre a aussi éclaté au sein du parti Shass des orthodoxes séfarades dont  l’érosion peut lui faire perdre de 3 à 5 sièges. Les rivalités entre les deux têtes du parti s’affichent au grand jour. L’ancien leader Elie Yshaï menace de créer une nouvelle formation parce qu’il se sent marginalisé. Son entourage multiplie les attaques contre le leader Arie Déry parce qu’il «est persuadé qu’il est très bien tout seul, alors que les sondages attribuent au mieux 6 mandats au parti. Déry est en train de briser le parti». Cela dénote l’ambiance qui prévaut au parti Shass au bord de l’implosion.

La trahison

Netanyahou-Saar

            Mais on n’est jamais trahi que par les siens : «Mon Dieu, protège-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge». Certains membres du Likoud, par lassitude ou par crainte de perdre les élections par l'usure du pouvoir, préparent une offensive contre leur leader. L’ancien homme fort du Likoud et ancien ministre de l’Intérieur, Guidéon Saar, a été approché par des hauts responsables du parti qui lui ont offert le parti sur un plateau, avec à la clef le poste de premier ministre. Netanyahou est donc trahi par ses proches, par ceux qu’il a installés au sommet de la hiérarchie. Mais il ne peut s’en prendre qu’à lui-même car il n’a jamais su ménager un avenir aux jeunes étoiles montantes du Likoud.

Il a préféré les laisser partir plutôt que de partager une partie de son pouvoir avec eux. Il en a été ainsi de Naftali Bennett, son ancien directeur de Cabinet, de Moshé Kahlon son ministre des télécommunications représentant l’aile gauche du parti et dernièrement de Guidéon Sar. Le départ de Saar a sonné comme un désaveu du premier ministre tant leur avenir était imbriqué. Le Likoud sent que le feu couve à la maison et qu’il ne peut plus s’endormir sur les lauriers des victoires de Bibi au point de songer à le sacrifier pour la bonne cause du parti.
Guidéon Saar et son dernier fils

La politique est ainsi faite de renoncement et d’ingratitude que plus rien n’étonne de la part des dirigeants politiques. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises car nous sommes gouvernés par des experts en retournement de veste qui ont le don d’imaginer des solutions auxquelles le simple citoyen est incapable de songer. La route est encore longue jusqu’au 17 mars 2015.



2 commentaires:

  1. Merci Jacques ... et bien ... d'un côté cela remonte le moral (Bibi isolé), de l'autre, la perspective d'un parti arabe, fort, uni et arbitre n'est pas du tout réjouissante !

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  2. Quand la minorité tient la balance du pouvoir, elle amène des responsables médiocres, plus facilement dominés. La V éme république promettait d'en finir avec des gouvernements faibles et si des français espèrent dans une 6 eme république, des israéliens espèrent le messie.

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