GOUVERNEMENT ISRAÉLIEN : JAMAIS
DEUX SANS TROIS
Par Jacques BENILLOUCHE
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Amir Peretz |
Le gouvernement israélien donne vraiment l’impression d’une
alliance hétéroclite, d’un mariage entre la carpe et le lapin tant cette union
anormale crée une situation anormale. Après les élections de 2013, l’extension du
spectre politique de la coalition, de l’extrême-droite au centre-gauche,
pouvait constituer une dynamique politique si les intérêts personnels ne
primaient pas sur l’intérêt du pays. Mais le poids important du premier ministre a découragé les tentatives de changement.
Faiblesse du premier ministre
Pour la troisième fois, nous
voyons le signe d’un éclatement de la coalition avec une reprise en main du
gouvernement par le premier ministre. Surfant sur la faiblesse de Benjamin
Netanyahou, certains ministres se sont lancés dans des déclarations intempestives
pour critiquer sa politique, en menaçant même de quitter leur poste si certaines
conditions n’étaient pas remplies. On se souvient qu’un ministre français avait
affirmé : «un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne».
Danny Danon et netanyahou |
La première incartade a été immédiatement
sanctionnée par le premier ministre pour mettre fin à la cacophonie. Il a
choisi un deuxième couteau pour servir d’exemple aux autres leaders des grands
partis. Danny Danon, ministre adjoint de la défense, avait été démis de ses
fonctions le 15 juillet pour avoir fait des «déclarations irresponsables». Il
avait déclaré à l'occasion d'une interview à Ynet que «le premier ministre
était directement responsable de la faiblesse de l'opération contre le Hamas.
Il a géré l'opération comme un membre du parti d'extrême-gauche Meretz». Ce
limogeage avait indisposé la branche nationaliste du Likoud à laquelle
appartenait Danny Danon.
Saar et Netanyahou |
La démission surprise du ministre
de l’intérieur, au 1er novembre,
Guideon Saar, avait ensuite entériné la rupture des deux plus hauts
personnages politiques. L’homme, qui était l’alter ego et le confident de
Netanyahou, n’a pas résisté à l’appel du large. Il avait été profondément vexé
d’avoir été mis à l’écart du saint des saints, le cabinet de sécurité, où sont
débattues les questions essentielles du pays. Son concurrent Guilad Erdan avait
été choisi à sa place. Mais sa motivation était d’ordre économique.
Saar avait rejoint les inquiétudes de l’aile gauche du Likoud
qui souhaitait un infléchissement de la politique économique du gouvernement :
«nous devons élever la bannière sociale ... il ne faut pas blesser les
classes les plus faibles ... nous ne devons pas voler les brebis du pauvre
homme ...» Ses préoccupations étaient certes aussi dans le projet électoral
du centriste Yaïr Lapid mais ce dernier a été phagocyté en acceptant un poste
ministériel où il a eu les bras liés pour envisager toute possibilité de
réformes.
L’homme du Dôme de fer
Après la démission de Guideon Sar
et la révocation de Dany Danon, le gouvernement est à présent ébranlé pour
l’attaque frontale d’Amir Peretz, numéro-2 du parti Hatnouah de Tsipi Livni. Son
nom était réapparu à l’occasion de la guerre de Gaza car il avait été le ministre de la défense,
seul contre tous, qui avait réussi à imposer la construction du système de missiles
anti-missiles Dôme de fer dont la réussite n’est plus à prouver.
Interrogé à la
chaîne 2 de télévision israélienne, il a lancé une attaque en règle contre le
premier ministre, attaque qui anticipait sa décision de démissionner. Le
ministre de la Protection de l'Environnement n’a pas arrondi les angles
et a été percutant : «quand tout flambe aux alentours, le premier ministre
embrase le terrain au lieu de calmer le jeu ... Il a raté toutes les occasions
qu'il avait et il a préféré rester paralysé, captif aux mains des extrémistes.
Netanyahou n'est pas la solution, il est le problème».
Nous ne connaissons pas encore
les intentions de Tsipi Livni, responsable du processus de paix avec les
Palestiniens. Elle pourrait choisir de combattre le gouvernement de l’intérieur.
Mais il est certain qu’en raison de ces départs, se profilent à l’horizon de
nouvelles élections anticipées. Deux des anciens ministres, de sensibilité
sociale, pourraient organiser une stratégie de reconquête d’un espace en friche
à gauche. Il n’est pas impossible que les deux anciens ministres, Saar et Peretz, se trouvent
des points communs avec Moshé Kahlon, autre transfuge du Likoud, pour se
présenter devant les électeurs avec un programme de mesures sociales, non
seulement pour les classes défavorisées mais aussi pour les classes moyennes.
Le gouvernement se rapproche de l’heure
de vérité. Il ne peut pas laisser s’étioler sa base politique sans prendre des
mesures draconiennes passant par l’appel au peuple qui seul pourra trancher. Mais sauf à voir la gauche et le centre s’unir dans un combat
contre Netanyahou, le résultat des élections ne changera pas grand-chose à la
situation politique du pays en raison d’un système électoral sclérosé, à la
proportionnelle intégrale, qui fige les frontières politiques.
Merci pour ton article, Jacques ...
RépondreSupprimerOui, les jours de ce gouvernement sont comptés, et c'est heureux !
Les meilleurs numéros d'équilibriste ont une fin, et la chute approche.
Quand à Peretz, considéré naguère comme un crétin des Alpes, les Israéliens lucide devraient lui ériger des statues partout, car grâce au "dôme de fer" qu'il a eu le courage de promouvoir contre vents et marées, le pays a évité des désastres cet été : alors, écoutons ses avertissements !
Si le gouvernement Nathanyaou sautait, les successeurs seront assez affaiblis pour faire des concessions dangereuses pour Israël.
RépondreSupprimerCertes les pauvres sont de plus en plus démunis à la décharge de ce gouvernement.
On ne change pas de capitaine quand le bateau affronte une tempête.(YN)
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