TURQUIE : GRANDE GUEULE ET PETITS BRAS
Le billet d'humeur de Jean SMIA
Des tanks turcs près de Mursitpinar, près de Kobane |
Les militaires, pour qualifier une
attitude hardie et courageuse, emploient l'adjectif «couillu». Cependant, par opposition, «jouer petit bras» est moins trivial.
La
récente proposition turque de créer une «zone
tampon» à sa frontière avec la Syrie, zone dans laquelle la coalition ne
bombarderait pas au prétexte que les réfugiés seraient alors à l'abri, est
symptomatique de la lâcheté de la stratégie islamiste de combattre. Qu'il
s'agisse du Hezbollah, du Hamas, de Daesh ou des Turcs, qu'il s'agisse de
Sunnites ou de Chiites ou de Frères musulmans, le concept militaire reste
identique : mettre les plus vulnérables en paravent face à leur ennemi et se
réfugier derrière eux.
Protéger la veuve et l'orphelin
Réfugiés kurdes à la frontière turque |
Enfants, femmes, vieillards, impotents,
réfugiés sont, pour eux, un bouclier parfait. Notre vieux concept occidental de
«protéger la veuve et l'orphelin» n'a
pas cours chez ces gens-là. Ainsi, plus il y aura de victimes innocentes, plus les
palabres sur la victimisation, images à l'appui, influeront sur l'opinion. D'autre
part, si cette apathie de tous les gouvernants de pays musulmans pour relever
le défi de Daesh contraste avec leurs fanfaronnades verbeuses lors de parades
militaires, c'est que chacune de leurs armées est mobilisée pour maintenir les
pouvoirs en place. Et s'ils envoyaient des troupes vers ce front, non seulement
ils connaissent, par avance, la proportion de défections, mais en plus ils sont
certains de ne plus se maintenir en place.
Etat-Major turc |
Tout le monde se souvient des «procès» inventés (pas intentés) par
Erdogan pour «musulmaniser» l'État-major
de son armée qui, selon la constitution turque, était la garante de la laïcité du
gouvernement. Maintenant, le succès d'Erdogan dans l'élimination des forces
laïques de son État-major se retourne contre lui : les convictions des gens
qu'il a mis en place dans l'État-major de son armée font qu'ils ne considèrent
pas le Daesh comme un ennemi de la nation Turque. Les ennemis de la nation turque,
pour cet État-major, sont les minorités turques. Des dizaines de morts par
manifestation, en Turquie : il n'y a que l'armée pour obtenir des scores
pareils.
Grâce
à Erdogan, le Daesh est, déjà, dans l'État-major de l'Otan.
J'aime bien la formule finale ;"
RépondreSupprimerGrâce à Erdogan, le Daesh est, déjà, dans l'État-major de l'Otan."