L’UTILITÉ CONTESTÉE DE LA
FRANCOPHONIE
Par Jacques
BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
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L’intérêt de la francophonie est
une question légitime que l’on doit se poser au moment où la succession d’Abdou
Diouf à l’Organisation Internationale de la Francophonie est disputée. La France, qui a été à
l’initiative de sa création, y a perdu son influence car elle n’a pas été
capable d’empêcher la politisation d’une organisation qui se voulait une
enceinte culturelle et éducative et qui a dévié de ses objectifs fondateurs.
L’ancien président sénégalais, un homme politique chevronné, a peut-être eu
tort d’orienter l’OIF vers des prises de position politique, tous azimuts. Il
appartient au gouvernement français, principal financier, de modifier la donne
en imposant un candidat qui revienne aux fondamentaux et qui redonne des
couleurs à la culture française.
Impérialisme de la culture
anglo-américaine
Abdou Diouf, avait montré au
départ une bonne volonté dilapidée par une mauvaise gouvernance qui n’a pas
réussi à modifier des statuts plaçant Israël parmi les oubliés de
l’Organisation de la Francophonie. Et pourtant il s’était plaint dans un
article au journal le Monde du «désamour, désintérêt des Français pour la
Francophonie» sans chercher à en analyser les causes. Il feint d’ignorer
que les cinquante-sept États membres de droit, répartis sur l’ensemble des
continents, se sont comportés en fossoyeurs de l’organisation en imposant sa politisation.
Au lieu de promouvoir la langue et la culture françaises
et de combattre «l’impérialisme» envahissant de la culture
anglo-américaine, les sommets de la francophonie ont fixé des ordres du jour
strictement politiques : paix et droits de l’homme, démocratie et économie,
technologie et environnement, enjeux environnementaux et économiques face à la
gouvernance mondiale, et enfin égalité femmes/hommes. Tout a été organisé pour
que la politique et l’idéologie priment sur la culture et la linguistique. Les
politiques auraient dû être exclus de ces réunions pour que la lutte ne soit
que littéraire.
Israël
exclu
Israël, avec ses centaines de milliers d’immigrés originaires
des anciennes colonies françaises et des pays de l’Est amoureux du français,
est exclu de l’organisation par suite du veto politique de certains pays dont
l’intransigeance vis à vis du pays hébreu va jusqu’à prendre la culture en
otage. Pourtant M. Diouf avait estimé, à juste titre, que la «langue
française appartient à ceux qui ont choisi de la féconder aux accents de leurs
cultures, de leurs imaginaires, de leurs talents». Mais il ne s’agissait
que de dialectique et non d’actes.
Cette volonté de mêler la politique à la culture ne
s’explique pas. Rien n’est fait par l’Organisation pour considérer que la
défense et la diffusion des textes de Zola, Balzac ou Victor Hugo doivent
s’élever au-dessus des intérêts politiques des dirigeants. La culture est un
espace de liberté et de paix où les amoureux des textes, des mots et des
phrases bien faites devraient se retrouver dans le seul combat pour la défense
du talent et de la liberté de penser et d’écrire.
Israël ne mérite pas, selon certains diplomates
représentant souvent des régimes verrouillés ou anachroniques, de figurer parmi
cette caste qui se permet de fixer des objectifs dénaturés alors que Malraux et
Sartre défendaient d’abord le combat littéraire avant la lutte politique. La
France, marraine de cette organisation, a déçu jusqu’à présent en faisant preuve de retenue et en se réfugiant
derrière l’alibi des statuts. On organise des révolutions, on modifie des pans
entiers de Constitution mais on hésite à modifier quelques articles d’un
règlement, devenu obsolète avec le temps, qui permet à un seul pays d'apposer
son veto contre l'admission d'Israël.
Anomalie
Cyrano de Bergerac au théâtre Cameri de Tel-Aviv
Israël est exclu de cette organisation malgré ses 10% de
francophones, ses dizaines de publications en français et une grande vie
culturelle à l’initiative souvent de l’Ambassade de France et de son conseiller
culturel. Son voisin, l’Égypte y adhère avec moins de 1% de francophones sans
oublier l’Albanie et les Îles Seychelles avec des francophones qui se comptent
à l’unité. Les membres de l’OIF devraient s’inspirer des idéaux de culture pour
faire asseoir à la même table des ennemis dont le seul ordre du jour serait alors
de lutter pour la prééminence de la langue française. Mais pour cela il faut
d’abord faire preuve de réalisme avant de faire preuve d’intelligence.
L’intelligence consiste à comprendre que la culture peut souvent favoriser des
liens humains purs et désintéressés et conduire des ennemis potentiels à se
parler, puis à se connaître et enfin à s’apprécier.
Quelques politiques courageux osent ouvertement se prononcer sur cette anomalie qui met Israël au ban de la culture française malgré les nombreuses publications dans la langue de Molière qui naissent au fil des amours des Israéliens avec le texte et les mots. La langue française doit être considérée comme une espèce protégée et paradoxalement Israël, selon le souhait d’Abdou Diouf, «fait l’effort de se penser dans un ensemble linguistique dynamique et créateur de diversité culturelle».
Quelques politiques courageux osent ouvertement se prononcer sur cette anomalie qui met Israël au ban de la culture française malgré les nombreuses publications dans la langue de Molière qui naissent au fil des amours des Israéliens avec le texte et les mots. La langue française doit être considérée comme une espèce protégée et paradoxalement Israël, selon le souhait d’Abdou Diouf, «fait l’effort de se penser dans un ensemble linguistique dynamique et créateur de diversité culturelle».
Le nouveau responsable de l’OIF qui sera élu devra faire
preuve du courage politique qui a manqué jusqu’alors pour corriger une anomalie qui fait tâche alors que seul l’intérêt
de la langue française est en jeu. Les citoyens des pays concernés ont certes d’autres
soucis plus dramatiques que cet enjeu-là. Néanmoins, le moment est passionnant
pour l’espace mondial francophone. Jamais, sans doute, l’influence française
n’a été aussi faible mais c’est parce que la baisse de l’influence culturelle
entraîne automatiquement une baisse de l’influence politique. Comme
contributrice, la France a tant diminué son apport qu’elle est suivie de près
par le Canada, lequel pourrait bientôt devenir le premier soutien de la
francophonie.
Le jeu francophone peut être rebattu d’une manière stimulante en le mettant au service des projets les plus efficaces, les plus novateurs. Il appartient à l’OIF de corriger sa trajectoire.
Le jeu francophone peut être rebattu d’une manière stimulante en le mettant au service des projets les plus efficaces, les plus novateurs. Il appartient à l’OIF de corriger sa trajectoire.
M. Benillouche, qui faudrait-il à la tête de la francophonie pour corriger l'injuste anomalie que vous avez raison d'évoquer ? Et ne faudrait-il pas qu'Israël fasse pression sur le France de façon beaucoup llus déterminée et convaincante qu'auparavant ? Et En a-t-il réellement envie, au fond, avec tant d'autres sujets à son agenda ?
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