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mercredi 30 juillet 2014

LE JEU DANGEREUX DE MAHMOUD ABBAS



LE JEU DANGEREUX DE MAHMOUD ABBAS

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

            

          Mahmoud Abbas, le dirigeant palestinien «modéré», a opéré l'un de ses revirements politiques dans lesquels il excelle. Jusqu’alors, on le croyait converti aux thèses occidentales impliquant le choix de la négociation plutôt que la confrontation avec Israël. Mais dans un discours à Ramallah le 23 juillet, il a prôné la résistance armée contre Israël allant jusqu’à faire l’éloge du djihad islamique. Sa position a surpris plus d’un, en particulier John Kerry qui avait tout misé sur le chef de l’Autorité pour faire avancer le processus de paix moribond.



Volte-face


Il est difficile d’expliquer les raisons de cette volte-face intervenue à la suite de ses trois voyages au Caire, au Qatar et à Ankara. Le fait que le Hamas ait tenu plus de trois semaines face à l’une des armées les plus fortes du monde n’est pas la seule explication. Mahmoud Abbas, le laïc, s’est toujours estimé idéologiquement éloigné du Hamas, privilégiant  la résistance pacifique populaire comme moyen de parvenir à un État palestinien. Il avait accepté sans hésitation la proposition égyptienne de cessez-le-feu qui rejoignait en fait les propositions de la Ligue Arabe et des États-Unis.

Mais il avait anticipé son changement de position en annulant la visite qu’il devait effectuer en Arabie Saoudite à la suite de l’échec de John Kerry d’aboutir à un véritable cessez-le-feu. Certes il n’était plus en odeur de sainteté avec l’Arabie qui a constitué un triumvirat avec l’Égypte et la Jordanie pour un soutien presque officiel à Israël. Alors, pour ne pas être écarté du jeu politique, il a changé sa dialectique en changeant de ton : «Il est temps que nous tous élevons nos voix légitimes face aux assassinats d'Israël et à sa machine de destruction. Les forces israéliennes ont franchi toutes les lignes et brisé toutes les lois internationales et les valeurs humanitaires avec la plus grande brutalité. Nous savons que nous n'avons pas d’avions ni des chars mais ce que nous avons est plus fort que la puissance de feu et l'arrogance. Nous avons la force de notre droit et de la justice».

Les dirigeants palestiniens prétendent que leur président n’a pas changé de position puisqu’il a toujours réclamé la levée du blocus de Gaza. Mais ils pensaient que ces objectifs seraient atteints pacifiquement alors que le cessez-le-feu a uniquement pour but «d’arrêter la résistance».  Dès lors où les États-Unis et Israël ne sont pas parvenus à des résultats tangibles, «il lui restait peu de choix sinon de soutenir sans réserve la résistance héroïque de notre peuple ». Le succès de la résistance dans la bande de Gaza a donc apporté une équilibre entre les deux partis Fatah et Hamas.

Retour du Qatar sur la scène

Mais la raison majeur du changement d’attitude de Mahmoud Abbas reste sans conteste les relations difficiles avec le président égyptien. Al-Sissi n’est prêt à lui apporter son soutien que s’il accepte de se réconcilier avec l’ancien homme fort de Gaza, Mohamed Dahlan que les Égyptiens et les Émirats voudraient bien voir reprendre du service pour éliminer le Hamas. Mahmoud Abbas avait effectivement accepté, sous la pression des Émirats,  une réunion secrète avec l’ancien chef de la sécurité palestinienne mais aucun accord n’a pu être trouvé. Le Président de l’Autorité lui a interdit l’accès de la Cisjordanie et il se méfie de l’homme fort de la CIA et du Mossad qui lorgne sur son poste.


       Il semble en fait que Mahmoud Abbas ait tourné casaque après son entrevue à Doha avec le leader politique du Hamas, Khaled Mechaal, et après sa réunion avec l’émir du Qatar Tamim bin Hamad al-Thani qui lui aurait promis une aide financière substantielle pour compenser l’aide éventuelle égyptienne. Mais cet appui est uniquement réservé à un gouvernement palestinien d’unité nationale. Le Qatar cherche à retrouver sa place au Proche-Orient après en avoir été évincé par l’Arabie saoudite et par l’Égypte qui ne lui pardonne pas d’avoir soutenu les Frères musulmans. Ce nouveau soutien d’une puissance riche a été l’élément déterminant pour que Mahmoud Abbas, tout à coup, appuie les combats du Hamas et se trouve en phase avec leurs dirigeants qu’il a toujours combattus. L’argent n’a pas d’odeur. 
          Le président Abbas a peut-être faibli mais il reste encore très puissant vis-à-vis des Occidentaux qui n'ont que lui à qui s'accrocher. Mais sa volte-face risque d'accroître l'intransigeance du Hamas qui choisit la politique de l'extrême en refusant tous les cessez-le-feu humanitaires. 

3 commentaires:

  1. La girouette de Ramallah vient de montrer son vrai visage en s'alliant avec les plus actifs soutiens des génocidaires de la bande.
    Mais surtout, de rater -- une fois encore -- l'occasion qu'Israël lui aurait fourni en lui remettant les clefs de Gaza. Car il est probable qu'Israël n'aura aucune envie de réoccuper -- une fois les tunnels détruits et le Hamas à genou.
    Se priver de l'alliance Égypte, EAU, Arabie saoudite est d'une incompréhensible stupidité, à moins que Abbas ne préfère jouer du billard à 18 bandes. Mais il faut alors être sacrément doué. Et là, j'ai de très forts doutes.

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  2. En adoptant cette attitude, Abbas veut l 'élimination totale du Hamas en poussant celui ci a l'intransigeance

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  3. Bonjour,

    @Kravi (que je suis sur Causeur ;)), Vous dites "une fois les tunnels détruits et le Hamas à genou."

    Bon pour les tunnels, je veux bien, cela va se faire mais le hamas à genoux...J'en doutes fort maintenant.
    Comme le dit M. Benillouche, l'organisation terroriste de Gaza a parfaitement réussi son coup et a déjà gagné sa guerre en résistant plus de 3 semaines...copier/coller du Hezbollah en 2006!La rue arabe va jubiler...

    A croire que Tsahal n'a toujours pas trouvé la parade à la réalité des combats asymétriques.
    En même temps, sans objectif politique clair et(destruction des tunnels? élimination de la branche armée du hamas? réoccupation de Gaza? arrestation des dirigeants?), aucune opération militaire ne peut réussir.

    La classe politique israélienne semble douter, ne sachant pas vers quoi s'orienter: aller au bout de la traque du hamas en résistant à l'Amérique ou lâcher du lest dés à présent pour minimiser l'aveu de faiblesse que représente -pour moi- l'opération en cours.

    Israël se tire une balle dans le pied à chaque fois qu'il hésite et perd de plus en plus de crédit face à l'opinion internationale et face à ses ennemis.

    Quant à Mohamed Dahlan, quid de son installation au pouvoir à Gaza? Cela aurait été un objectif stratégique intéressant pour Israël, pour contrebalancer le pouvoir de Abbas.

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