UKRAINE : ET MAINTENANT ?
La chronique de André NAHUM
Les Russophones
de l’est de l’Ukraine ont voté en masse pour l’indépendance de leur province. Même
si ce vote était parfaitement illégal, même s’il a été probablement trafiqué,
il n’en reste pas moins qu’une majorité de ces populations russophones ne veut
plus de la nationalité ukrainienne et exige un changement.
Referendum
Poutine, qui
prétend être resté en dehors de tout cela et qui a poussé l’astuce jusqu’à
conseiller de repousser la date de ce referendum, prend note de ses résultats,
appelle les parties en présence au dialogue et aura beau jeu de décider
finalement de se plier à la volonté populaire au nom du droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes. Ce qui ne l’empêchera pas de venir en France, le 6 juin,
comme si de rien n’était pour assister aux célébrations du débarquement allié.
Alors,
maintenant, que peuvent faire les occidentaux ? Ils ont eu l’opportunité il y a
quelques semaines de pousser les nouvelles autorités de Kiev à négocier avec
les contestataires de l’est pour arriver à une solution, peut-être fédérale,
qui tout en préservant la spécificité des russophones aurait maintenu l’unité
du pays. Au lieu de cela, ils ont décidé des sanctions dérisoires qui n’ont pas
tellement ému le Kremlin. Rouler les grands yeux et montrer ses dents quand on
n’a pas les moyens de modifier le cours des choses n’étaient certainement pas
la meilleure façon de préserver l’unité de l’Ukraine.
Caricature de Denis Pessin de Slate |
La situation
a-t-elle atteint maintenant un point de non-retour et la partition de ce pays
est-elle désormais irréversible ? C’est fort probable. Ne serait-il pas
judicieux, pourtant pour les Occidentaux de persuader le gouvernement ukrainien
de prendre langue d’urgence avec les séparatistes pour trouver un accord avant
le 25 mai, date d’élections qui seront certainement boudées par les russophones
des provinces rebelles et ne résoudront pas la crise.
L’Europe
Quel autre
choix y-a-t-il ? Revenir à la guerre froide avec des sanctions dures qui
feraient autant de mal à la Russie qu’à l’Occident ? Notre gouvernement a déjà
montré les limites de cette option en décidant finalement de livrer à la Russie
les bateaux porte-hélicoptères Mistral qu’elle nous avait commandés. La
realpolitik a ses raisons que la raison comprend fort bien.
Porte-hélicoptères Mistral |
Dans cette
affaire, l’Europe aura montré une fois de plus sa faiblesse et cela doit nous
inciter à agir pour la renforcer. La
situation est d’autant plus inquiétante pour son avenir que les élections qui
vont avoir lieu dans une dizaine de jours risquent d’amener une forte
proportion de souverainistes et de populistes anti-européens qui peuvent lui
donner le coup de grâce.
Or, nous
constatons tous les jours que du point de vue économique, politique et
militaire, nous avons besoin d’une Europe forte et crédible pour rester en paix
et pouvoir compter vraiment dans le monde face aux géants que sont les États-Unis,
la Russie, la Chine, l’Inde ou le Brésil. L’Europe est notre avenir.
Que l’on s’en
souvienne le 25 mai prochain quand nous serons dans l’isoloir.
Cher Monsieur,
RépondreSupprimerNavré de vous contredire, mais même si il y avait 0 % d'abstentions et même si les populistes obtenaient 0 % des voix, l’Europe n'est ni construite ni organisée ni conçue pour devenir forte.
L'unanimité nécessaire pour orienter une décision est paralysante et rend atone toute velléité de dynamisme.
Énarques, fonctionnaires, politiciens éjectés lors d’élections nationales et lobby y ont construit une sorte de forteresse qu'il est impossible de modifier.
Européen convaincu, j'avais voté « oui », au référendum, mes concitoyens avaient dit « non », et tout s'est passé comme s'ils avaient dit « oui ». J'ai alors compris que j'avais perdu mon temps en allant voter.
La seule chose qui pourrait faire que l'Europe devienne aussi forte que la somme des atouts de chaque pays qui la constitue, est une construction de type fédéral.
Actuellement, loin de décupler les savoirs faire et les excellences de chacun, l'Europe se contente de taxer les profits des uns pour compenser les déficits des autres.
Aucun pays démocratique n'est né démocratique. Tous sont passés par une construction politique pyramidale.
Il est probable que l'Europe, si elle a le destin de devenir forte, n’échappe pas à cette règle.