MOSHE YAALON VEUT TESTER LES IRANIENS
Par Jacques BENILLOUCHE
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Yaalon concentré sur le discours iranien |
Souvent il n’est pas nécessaire de grandes décisions ou de grands sommets pour évaluer l’état des relations entre deux pays, à fortiori deux adversaires. Quelques détails suffisent à jauger du climat et des prédispositions des chancelleries.
On se souvient que lors du discours d’Hassan Rohani, le 24 septembre 2013 à l’Assemblée de l’ONU, la délégation israélienne avait été la seule à quitter la réunion, rappelant les heures noires où de nombreuses délégations sortaient de la salle au moment où s'exprimait le représentant israélien. Cette démarche avait été critiquée par bon nombre d’observateurs diplomatiques qui avaient estimé qu’il fallait d’abord laisser le nouveau régime iranien faire ses preuves avant de décider éventuellement de le boycotter.
La 50ème Conférence sur la
sécurité s’est tenue du 31 janvier au 2 février 2014 à l’Hôtel Bayerischer Hof
de Munich. Cette conférence, l’une des principales mondiales dédiées aux
questions de sécurité, rassemble des décideurs et responsables politiques,
institutionnels et sécuritaires de premier plan pour débattre des enjeux de
sécurité. Une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement, une cinquantaine de
ministres des affaires étrangères et de la défense et une dizaine de dirigeants
d’organisations internationales ont participé aux débats.
Or, ayant peut-être assimilé les critiques émises contre
la délégation israélienne ou dans une volonté de marquer un changement notable
dans les relations avec l’Iran, le ministre israélien de la défense, Moshé
Yaalon, a décidé d’écouter le discours du ministre iranien des Affaires
étrangères sans esquisser de geste de départ. Il n’en fallait pas plus pour qu’aussitôt
les observateurs considèrent qu’il s’agissait d’un signe, sinon de
réchauffement des relations, au moins de modération puisque les adversaires acceptaient
de s’écouter.
Venant d’un «faucon» du gouvernement, le signe est révélateur. Il est trop tôt pour parler d’un changement de doctrine mais Yaalon a voulu tester la politique des petits pas. Il s’agit à présent de voir si la rhétorique iranienne va évoluer en ce qui concerne Israël, face à ce qui peut être considéré comme un geste de modération. Dans le cas contraire cela renforcerait la position de ceux qui sont persuadés que l’Iran n’a pas changé avec l’arrivée d’Hassan Rohani. En tout état de cause, Yaalon cherche à améliorer l'image d'Israël en tant que partisan de la paix et mettre en relief l'hypocrisie de l'Iran.
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Zarif face à Yaalon au premier rang à droite |
Venant d’un «faucon» du gouvernement, le signe est révélateur. Il est trop tôt pour parler d’un changement de doctrine mais Yaalon a voulu tester la politique des petits pas. Il s’agit à présent de voir si la rhétorique iranienne va évoluer en ce qui concerne Israël, face à ce qui peut être considéré comme un geste de modération. Dans le cas contraire cela renforcerait la position de ceux qui sont persuadés que l’Iran n’a pas changé avec l’arrivée d’Hassan Rohani. En tout état de cause, Yaalon cherche à améliorer l'image d'Israël en tant que partisan de la paix et mettre en relief l'hypocrisie de l'Iran.
Rupture avec l’ancien régime
Le ministre iranien Zarif a de son côté
manifesté une rupture totale avec l’ancien régime d’Ahmadinejad qui voulait
rayer Israël de la carte et mettre en cause le principe de la Shoah : «Bien
sûr, nous ne faisons pas la même déclaration que le gouvernement précédent a
fait. Mais les hommes politiques israéliens ont privé le peuple palestinien de
ses droits les plus élémentaires. Tant que cela n'est pas résolu la crise persistera.
Cependant la Shoah, tragiquement cruelle, ne doit pas se reproduire». Par ailleurs, le président iranien, qui mise sur
une offensive de charme depuis sa prise de fonction, a fait don de 170.000 dollars au profit du seul hôpital juif
du pays.
En faisant cette déclaration officielle, le ministre iranien des affaires
étrangères s'est conformé à l'une des exigences de Benjamin Netanyahou qui avait affirmé à l’Assemblée générale de l’ONU :
«Lorsque les dirigeants de l'Iran cesseront de nier la Shoah du peuple juif
et d’appeler à la destruction de l'État juif, et reconnaîtront le droit
d'Israël d’exister, alors la délégation israélienne écoutera leurs discours à
l'Assemblée générale».
Mais deux Iran continuent à coexister. Celui du guide suprême Ali Khamenei qui traite Israël de «sinistre, impur, chien enragé de la région» et celui de Rohani qui se démarque d’Ahmadinejad pour mettre fin à l’isolement de son pays. Il est encore tôt pour savoir si une hirondelle annonce réellement une évolution dans les relations diplomatiques entre Israël et l'Iran, que les Américains appellent de leur voeu.
Mais deux Iran continuent à coexister. Celui du guide suprême Ali Khamenei qui traite Israël de «sinistre, impur, chien enragé de la région» et celui de Rohani qui se démarque d’Ahmadinejad pour mettre fin à l’isolement de son pays. Il est encore tôt pour savoir si une hirondelle annonce réellement une évolution dans les relations diplomatiques entre Israël et l'Iran, que les Américains appellent de leur voeu.
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