L’UKRAINE, LA RUSSIE ET LES JUIFS
La chronique de André NAHUM
Judaïques F.M
La révolution pro-européenne de
l’Ukraine et la chute du président Victor Ianoucovitch sont un coup dur pour la
Russie. Paralysé par les jeux Olympiques qui se tenaient dans son pays, Poutine
a encaissé cette défaite dans le silence. Mais le maître du Kremlin
n’est pas homme à subir une telle humiliation sans y répondre et il
réagira sûrement. Sous quelle forme ? Nul ne peut encore le dire et il ne
se contentera certainement pas du rappel de son ambassadeur à Kiev.
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Deux parties
N’oublions pas qu’avant de faire
partie de l’URSS, l’Ukraine était une province de l’empire Russe. Aujourd’hui,
si sa partie occidentale, catholique et ukrainophone, a été le moteur du
changement de régime, sa partie orientale et le sud sont en majorité orthodoxes
et russophones et n’acceptent pas les évènements qui viennent de se
produire à Kiev, même si certains d’entre eux déplorent la corruption et la
gestion désastreuse du président déchu.
Kroutchev et Kennedy |
Il
faut savoir que la Crimée, dont la capitale Sébastopol
abrite la flotte russe de la mer noire, a toujours été
russe, avant que Kroutchev, lui-même ukrainien ne l’attribue
en 1953 à l’Ukraine dans le cadre de l’URSS, sans imaginer que cette URSS
allait imploser une quarantaine d’années plus tard. Il est difficilement
acceptable pour les Russes de voir cette province et ce port tomber entre des
mains hostiles. Il y va de leurs intérêts majeurs.
C’est-à-dire que les Européens,
dans cette affaire, marchent sur des œufs. S’ils ne veulent pas
revenir à la guerre froide, s’ils ne veulent pas de la partition de ce
pays, ils doivent prendre langue avec Poutine parce que l’intérêt de
tous est que l’Ukraine devienne un pont entre l’Union Européenne et la Russie
et non une zone de confrontation. Avant de s’engager davantage avec ses nouveaux
gouvernants, ils devraient s’assurer que leur objectif est bien
d’instaurer une démocratie et non de remplacer un régime autoritaire par un
autre aussi autoritaire.
Antisémitisme chronique
Il n’y a pas que des angelots
dans les mouvements qui ont renversé Ianoukovitch et certains
éléments seraient les héritiers des SS Ukrainiens qui pendant la dernière
guerre ont été les soldats les plus antijuifs et les plus féroces de
l’armée allemande. Et même si l’Ukraine entretient de bonnes relations avec l’État
d’Israël, n’oublions pas que l’antisémitisme y est une maladie chronique dans
un pays dont la population juive après le génocide nazi se monte aujourd’hui à
200.000 âmes. Ainsi des cocktails Molotov auraient
frappé la synagogue Giymat Rosa à Zaporizhia à 400 kilomètres au sud-est
de Kiev, dans la nuit du 23 février.
Lors d’un rassemblement à Tcherkassy le
week-end dernier, plusieurs ultra-nationalistes ont arboré des
T-shirts sur lesquels on pouvait lire : «Tabassons les Zhids».
Le terme Zhids étant une insulte souvent entendue en Europe de l’Est et pouvant
être traduit par «sale Juif» ou encore «youpin». La communauté juive inquiète aurait fait appel au
ministre des Affaires étrangères d’Israël, Avigdor Lieberman, en le priant de
bien vouloir l’aider à se protéger.
Tout ceci pour dire que tout en
nous réjouissant de la chute d’un régime corrompu et totalitaire, il faut
savoir que le chemin est encore long et espérer que les gouvernants américains
et européens ne commettront pas de faute majeure dans la partie difficile qui
s’annonce entre eux et les Russes, car elle est loin d’être jouée.
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