LIEBERMAN : UN VIRAGE COURAGEUX
Par Jacques BENILLOUCHE
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Il ne fait aucun doute qu’Avigdor Lieberman a évolué dans
sa conception de résoudre le conflit israélo-palestinien. Le fait d’avoir été
écarté du gouvernement, pour cause de procès, lui a laissé le temps de
réfléchir et de raisonner à froid sachant que le dogme du Grand Israël, qu’il
avait défendu avec passion, était devenu caduc. Il a assimilé l’idée qu’un État
unique binational représentait un danger pour l’identité juive d’Israël car il
sera difficile d’intégrer 1,7 million d’Arabes.
Il s’est nettement démarqué de
son collègue au gouvernement, Naftali Bennett, qui persiste dans son illusion d’annexer
purement et simplement des pans entiers de la Cisjordanie, sans réellement expliquer
l’avenir des populations arabes qui y vivent.
Conversion
à gauche
Manifestants à Oum El Fahm |
Mais contrairement aux idées établies, la conversion d’Avigdor
Lieberman à des idées qui étaient l’apanage de la gauche ne date pas
d’aujourd’hui. Il y a une dizaine d'années il avait soulevé la proposition d'inclure, dans l'Etat palestinien à naître, des villes et des villages peuplés d'Arabes israéliens et situées le long de la fameuse ligne verte marquant virtuellement les frontières de cessez le feu de 1967. En contrepartie, les implantations juives de taille importante situées en Cisjordanie seraient intégrées dans les frontières d'Israël.
Quand elle n’était pas accusée de racisme, sa proposition était qualifiée par les Palestiniens de tentative de nettoyage ethnique parce qu’ils y voyaient une volonté de transformer Israël en un État purement juif. Le principe de son projet courageux, face aux réticences des nationalistes juifs, consiste à offrir l’espace encadré par les routes 5, 6 et 66 englobant plusieurs villages arabes et surtout la grande ville arabe d’Oum El-Fahm qui a toujours contesté les institutions israéliennes.
Quand elle n’était pas accusée de racisme, sa proposition était qualifiée par les Palestiniens de tentative de nettoyage ethnique parce qu’ils y voyaient une volonté de transformer Israël en un État purement juif. Le principe de son projet courageux, face aux réticences des nationalistes juifs, consiste à offrir l’espace encadré par les routes 5, 6 et 66 englobant plusieurs villages arabes et surtout la grande ville arabe d’Oum El-Fahm qui a toujours contesté les institutions israéliennes.
Tracé de la bande délimitant les zones cédées |
Le temps a permis aux esprits de se calmer et aux
mentalités d’évoluer puisque même les gauchistes purs et durs trouvent la proposition
de Lieberman raisonnable. Les Américains aussi estiment que le ministre des
affaires étrangères a rejoint le camp de la paix ce qui dans leur bouche est un
compliment. Il est vrai que Lieberman avait assuré que : «Personne ne sera
expulsé de son domicile, personne ne verra ses biens confisqués. Nous ne
faisons que déplacer la frontière».
Par ailleurs, les Arabes israéliens, qui étaient les plus fermement opposés au projet, par refus de vivre sous souveraineté palestinienne, sont ébranlés dans leurs convictions. Il semble effectivement qu’ils deviennent plus pragmatiques selon un sondage d’Haaretz, puisque 40% d’entre eux approuvent l’idée d’être rattachés à la Cisjordanie, les laïcs se chargeant de réduire l’influence des islamistes.
L'accord-cadre selon Lieberman : nous transférerons ici et là et c'est là que sera la frontière |
Par ailleurs, les Arabes israéliens, qui étaient les plus fermement opposés au projet, par refus de vivre sous souveraineté palestinienne, sont ébranlés dans leurs convictions. Il semble effectivement qu’ils deviennent plus pragmatiques selon un sondage d’Haaretz, puisque 40% d’entre eux approuvent l’idée d’être rattachés à la Cisjordanie, les laïcs se chargeant de réduire l’influence des islamistes.
Apport
des Arabes israéliens
Les Palestiniens ont compris que leur avenir ne dépendait
plus que d’eux car les investissements industriels israéliens ne se font que
dans les territoires juifs alors que la violence a diminué. Ils pensent que les
liens avec les Arabes israéliens se sont développés et qu’ils pourraient
bénéficier de l’apport d’une population rompue aux idées démocratiques et ayant
une expérience économique qui pourrait être mise au service la Cisjordanie. Ils
ont surtout compris que tout espoir de coexistence avec les Israéliens est vain
tant que persiste le risque islamiste.
Harish |
Le seul aspect négatif du projet peut s’exprimer au sujet
de la ville d’Harish qui serait englobée dans les territoires cédés. Harish située à
proximité d’Oum El-Fahm a été fondée par le Nahal en 1982 puis transformée en kibboutz
en 1985 pour être ensuite fusionnée en 1993 avec le village Katzir. Au départ
la ville fut conçue pour les populations juives orthodoxes, puis elle a
progressivement englobé des Arabes, mitoyens de la frontière, dans le cadre
d’un plan d’extension.
Une expérience unique a permis de voir coexister les
synagogues et les minarets dans un environnement pacifique. Les
bas coûts des logements ont attiré des jeunes israéliens et de nombreux laïcs qui ont cohabité avec
les religieux, membres de la secte hassidique Breslev. Même des immigrants
russes ont été attirés par cette nouvelle ville tandis que des bédouins ont été
déplacés de Ramlé vers Harish.
Manifestation à Harish |
Mais
en fait cette expérience ne fut qu’une illusion car rien n’a été fait pour
faciliter la vie des 200 familles qui n’ont trouvé sur place aucune structure
sociale et économique, hormis des logements à bon marché et qui ont manifesté pour alerter les autorités. L’expérience
multiculturelle a trouvé ses limites et Avigdor Lieberman ne trouverait aucun
inconvénient à inclure cette nouvelle ville dans le package de cession de
territoires aux Palestiniens. Cela pourrait être l’alibi que la correction des
frontières passerait aussi par la cession de villages juifs.
C'est la part d'Israël !
RépondreSupprimerQuelle sera la part des palestiniens ?