C’est une constante chez les Juifs. Ils ne veulent jamais tenir compte des
leçons du passé et attendent les dernières extrémités pour jauger des risques
qu’ils encourent dans certains pays. Il y aura toujours des personnes pour dire
que la situation en Turquie ou en Iran ne justifie pas un départ des Juifs.
On
se souvient qu’à l’avènement de Khomeiny, Israël avait mis à la disposition des
Juifs des avions pour leur permettre de quitter leur pays avant l’explosion politique
mais ils ont préféré envoyer leurs tapis en Israël pour sauvegarder une partie
de leurs biens, estimant que leur vie n’était pas en danger. On se souvient
aussi des derniers Syriens qui ont tenu à rester chez eux et qui se sont
trouvés bloqués, avec interdiction d’en sortir.
Signes précurseurs
Aujourd’hui les Juifs
ukrainiens sentent le vent tourner alors que de nombreux signes précurseurs
démontraient que l’antisémitisme dans leur pays était une pratique d’État. Les
néo-nazis défilaient à la barbe des autorités pour ne pas dire avec l’acquiescement
des forces gouvernementales. L’Ukraine a un long passé de pogroms et d’actes
antisémites pour croire à un épisode exceptionnel et passager ; il s’agit
même de vieilles rengaines. Selon Yad Vashem, 60.000 Juifs ont été tués pendant
la guerre par les Einsatzgruppen, des nationalistes ukrainiens et la milice
ukrainienne.
L’ex-opposition qui a pris le
pouvoir est hétéroclite, composée de trois courants qui se déchirent. En plus
du courant Timochenko et du boxeur Vitali Klitshko, le troisième courant mené
par le parti Svoboda, le plus virulent, s’affiche ouvertement antisémite. Il
s'appelait auparavant le Parti national-socialiste d'Ukraine dont la branche armée
(UPA) collabora activement avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et
massacra les Juifs de Galicie.
Oleh Tyahnybok |
Ils avaient manifesté l'an passé contre le
pèlerinage dans la ville d'Ouman de Juifs hassidiques sur la tombe de Nahman de
Bratslav. Le chef de Svoboda, Oleh Tyahnybok, avait alors qualifié le régime du
président Ianoukovitch de «mafia judéo-moscovite». Sous des uniformes
neutres et derrière leurs drapeaux, ils ne font plus illusion car ils prônent
officiellement la «purification» de l’Ukraine avec pour objectif de
casser du Juif. Ils ont d’ailleurs donné le ton en incendiant, le 23 février,
la synagogue de Zaporizhia, à l’est de
Kiev.
Attaques antisémites
Les attaques antisémites se
multiplient. Le rabbin de Bilytske a reçu plusieurs messages lui enjoignant
sinon de quitter le pays immédiatement, au moins la ville. Cette situation
dramatique a contraint les communautés juives d’Ukraine, sous la houlette du
rabbin Menahem Margolin, à appeler à l’aide le gouvernement israélien. Elles réclament
l’impossible, à savoir l’aide des forces de sécurité israéliennes pour venir à
leur secours. On voit mal des commandos de Tsahal débarquer à Kiev.
Certes l'État
d’Israël se donne la mission d’assurer la sécurité des Juifs du monde, même
dans les pays étrangers. Or les Juifs ukrainiens n’ont pas besoin d’aide
militaire mais de places d’avion vers Israël avant qu’il ne soit vraiment trop
tard. Déjà le nouveau pouvoir s’appuie sur la tradition chrétienne en forçant
les policiers antiémeute à se mettre à genoux et à multiplier les signes de
croix pour demander pardon.
Nul n’est capable de prévoir
l’avenir des Juifs dans un pays totalement divisé entre ceux qui lorgnent vers
l’Europe et ceux qui préfèrent mettre leur avenir entre les mains de l’ami
russe qui n’a pas l’intention d’accepter que l’Ukraine s’émancipe en menant une
politique totalement indépendante. La déflagration est possible et dans cet
éventuel chaos, les Juifs seront comme d’habitude désignés comme les boucs
émissaires pour payer l’échec éventuel de la révolution. Mais fidèles à la
tradition, ils attendront la dernière seconde pour abandonner leur pays ;
il sera alors peut-être trop tard.
http://frblogs.timesofisrael.com/les-juifs-et-les-lecons-du-passe/
http://frblogs.timesofisrael.com/les-juifs-et-les-lecons-du-passe/
Oh un moment de fatigue, j'ai cru que l'article évoquait la situation par anticipation des juifs de France... Non, à eux rien ne peut arriver : le Crif veille!
RépondreSupprimer@ Pat Quartier
RépondreSupprimerL’article s’adresse aussi en filigrane aux Juifs de France mais je ne cherche pas à faire du catastrophisme. Car la situation n’est heureusement pas comparable. Mais ils sont grands pour décider tous seuls.
Merci pour cette analyse !
RépondreSupprimerMerci pour cet article. C'est terrifiant de sentir cette montée de l'antisémitisme qui n'a aucun fondement si ce n'est celui de la haine la plus primaire. Y a t-il un moyen d'aider les juifs d'ukraine?
RépondreSupprimer