ISRAËL ET LA TURQUIE
Par Gérard AKOUN
Judaïques FM
Il semblait à
la lecture d’un certain nombre de déclarations faites par Tayyip Erdogan,
premier ministre turc, et surtout de celle de son ministre des affaires
étrangères Ahmet Davutoglu, que les relations entre Israël et la Turquie allait
s’améliorer. En effet, les deux parties s’étaient mises d’accord sur la somme,
qui servirait à indemniser les victimes du Mavi
Marmara ; on a parlé de 20 millions de dollars, et sur quelques
autres dispositions.
Il s’agissait, vous vous en souvenez peut-être, de ce bateau,
affrété, en mai 2010, par une association «humanitaire»
proche du pouvoir, pour forcer «pacifiquement»
le blocus de Gaza et qui en avait été empêché par les commandos israéliens.
Mais, avant-hier Monsieur Erdogan a exigé aussi la levée du siège maritime de
Gaza pour clore définitivement l’affaire. Comment expliquer cette
volte-face ?
Cliquer sur la suite pour entendre la chronique
Élections
Dans quelques
semaines auront lieu des élections municipales que le premier ministre et son
parti l’AKP ne peuvent se permettre de perdre. Un échec dans les grandes villes
signerait la fin des rêves d’Erdogan qui se voit comme le futur Atatürk,
version islamiste ou même comme le prochain calife. Or la situation économique n’est pas des plus
brillantes, la livre turque est dévaluée et des affaires de corruption
jusqu’aux plus hauts sommets ont obligé plusieurs ministres à démissionner.
Gülen |
De plus Erdogan a perdu le soutien
de l’imam Fethullah Gülen, un
intellectuel et penseur musulman,
partisan d’un islam tolérant et moderne. Une personnalité de poids qui se
trouve à la tête de la puissante confrérie Hizmet qui regroupe 150 millions de personnes à travers
le monde, des intellectuels et des cadres issus des couches moyennes et qui dispose en Turquie d’un réseau d’un millier d’écoles. Son
influence est très forte, jusque dans les plus hautes sphères de l’État.
Il avait soutenu l’AKP et son chef pendant de longues années, mais la mégalomanie et la dérive dictatoriale de Tayyip Erdogan ont provoqué la rupture entre les deux hommes. Ils n’étaient plus d’accord sur le plan politique : Fethullah Gülen avait critiqué la répression contre les manifestations étudiantes, il est pour le dialogue interculturel et religieux, et n’a pas hésité à rentrer en relation avec le lobby juif aux États-Unis. Mais, il est surtout très proche des américains dont il soutient la volonté de rapprocher Israël et la Turquie.
Il avait soutenu l’AKP et son chef pendant de longues années, mais la mégalomanie et la dérive dictatoriale de Tayyip Erdogan ont provoqué la rupture entre les deux hommes. Ils n’étaient plus d’accord sur le plan politique : Fethullah Gülen avait critiqué la répression contre les manifestations étudiantes, il est pour le dialogue interculturel et religieux, et n’a pas hésité à rentrer en relation avec le lobby juif aux États-Unis. Mais, il est surtout très proche des américains dont il soutient la volonté de rapprocher Israël et la Turquie.
L’alibi des Palestiniens
Erdogan avait
absolument besoin de mobiliser son électorat populaire qui commence à souffrir
du ralentissement de la croissance, et qui est déçu par la corruption de l’AKP,
«parti de la justice et du développement»,
le parti blanc qui devait lutter
contre la corruption. Quelle meilleure carte pouvait-il jouer, pour ce faire,
que le soutien au Hamas à Gaza, des frères musulmans et des sunnites comme lui,
contre Israël.
Une fois de plus les Palestiniens sont utilisés à des fins
personnelles qui leurs sont totalement étrangères. On remarquera que les
Iraniens qui ne sont ni Arabes ni sunnites mais qui aspirent, eux aussi, à
prendre la tête du monde arabe, soutiennent le Hamas. «Rien ne se fera sans la levée du siège de Gaza »a déclaré
Erdogan, il faudra, sans doute, attendre les résultats électoraux de l’année
2014 pour que la situation puisse se débloquer.
Mais le ver est dans le fruit et
la bataille au sommet pour la présidence de la république est déjà commencée
entre Abdullah Gul un disciple de Gülen
et un Erdogan démonétisé. Des chances pour
que les relations entre Israël et la Turquie se normalisent.
"Des chances pour que les relations entre Israël et la Turquie se normalisent."
RépondreSupprimerAcceptons-en l'augure !