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samedi 5 octobre 2013

LE HEZBOLLAH RECENTRE SES ACTIVITÉS CONTRE ISRAËL



LE HEZBOLLAH RECENTRE SES ACTIVITÉS CONTRE ISRAËL

Par Jacques BENILLOUCHE 

copyright © Temps et Contretemps

  À présent que les Occidentaux ont réglé, à leur manière, le problème syrien qui n’a jamais constitué pour les Israéliens un danger immédiat, Israël va pouvoir concentrer son attention sur le Hezbollah, le bras armé de l’Iran au Liban. Le risque aux frontières nord d’Israël reste entier bien que cette milice ait subi de lourdes pertes en Syrie, en combattant auprès des forces régulières. 

Les partisans d’Hassan Nasrallah ont dû affronter les troupes aguerries d’Al-Qaeda, lourdement armées et renforcées par des mercenaires islamistes expérimentés venus de Tchétchénie, d’Irak et d’Afghanistan. Le Hezbollah a tout fait pour camoufler à la population ses échecs mais les funérailles de nuit des militants morts au combat ont été éventées. Cela n’a pas évité de mettre en évidence l’étendue du désastre subi par les miliciens vaincus.

 

 


Rapatrier les troupes


Le parti chiite a donc pris la décision de «rapatrier» au Liban plus de 1.200 combattants qui étaient basés dans la périphérie de Damas, pour cesser l’hémorragie, pour calmer la critique au sein même du mouvement et pour réorienter son combat vers son objectif initial : Israël et la défense des Palestiniens. Les positions militaires abandonnées par les troupes en déroute auraient été remises à des éléments des Gardiens de la révolution iranienne, consolidant ainsi une infiltration plus grande de l’Iran dans les rouages syriens.

Il n'est pas impossible que l'ordre lui soit venu de Téhéran de ne pas épuiser ses forces et de les réserver pour une éventuelle confrontation avec Israël, si ce dernier persistait dans sa volonté d'attaquer les usines nucléaires iraniennes. 

Signe des difficultés du Hezbollah, son chef a prononcé le 23 septembre un discours totalement ignoré des médias occidentaux. Contre toute attente, Hassan Nasrallah a exhorté les pays du Golfe et la Turquie à revoir leur stratégie en Syrie pour trouver une solution politique à la crise syrienne : «Mettez vos rancœurs de côté et privilégiez la raison et les intérêts des populations de la région pour mettre en avant le dialogue et donner une chance aux initiatives politiques, que certains d’entre vous continuent de bloquer». 
Mais il n’a pas manqué d’attaquer frontalement l’Arabie saoudite pour son soutien à «des dizaines de milliers de combattants étrangers venus du monde entier».  Il a ainsi donné l’impression de vouloir mettre ses pas sur ceux du président Rohani en prônant la modération; mais il n’a pas été écouté car sa crédibilité est fortement atteinte.


Certes le choc de la défaite calme pour l’instant les ardeurs des combattants mais il faut faire confiance aux leaders chiites pour ranimer la flamme du combat. La décision du redéploiement des troupes a été engagée avant la reprise des relations irano-américaines ce qui ne permet pas de faire un lien avec l’arrivée au pouvoir de Rohani.

Clash à Baalbek entre Hezbollah et résidents

 


Elle a été justifiée par la perte de contrôle du Hezbollah dans les zones qu’ils occupaient, soumises à des attentats à la voiture piégée comme à Baalbek. Par ailleurs trois personnes y ont été tuées au cours d'une fusillade à un poste de contrôle tenu par des combattants du Hezbollah. Des forces salafistes ont en effet profité du départ du Hezbollah de la banlieue sud de Beyrouth, pour se déployer au camp palestinien de Bourj Brajneh. Le contrôle de ce camp a été rendu difficile depuis la rupture entre le Hezbollah et le Hamas tandis que les relations avec les palestiniens du FPLP-CG sont rompues parce qu’ils sont accusés d’aider et d’armer l’opposition syrienne.


 


Germes de la guerre au Liban


L'armée libanaise se déploie dans la banlieue sud de Beyrouth, le 23 septembre 2013

 


Le Hezbollah est accusé par les Libanais d’avoir importé les germes de la guerre dans un territoire qui a déjà souffert du conflit de 2006, lui occasionnant un coût humain et une perte matérielle exorbitante. Cette guerre a, en revanche, apporté la paix aux frontières d’Israël mais a répandu les prémices d’un nouveau conflit interne pouvant, à nouveau, conduire à une guerre civile. 

Les Libanais constatent que les armes aux mains de troupes théocratiques et islamiques n’ont fait qu’apporter le malheur chez eux. Ils reposent le problème de l’existence chez eux d’une milice armée incontrôlable par les autorités légales. Les dirigeants libanais devront tôt ou tard prendre l’ultime décision s’ils veulent que les règles démocratiques et la Constitution soient respectées et s’ils veulent redonner son lustre à l’armée légale.

 


L’arrivée au pouvoir du «modéré» Hassan Rohani ne changera pas la donne pour Israël car le Hezbollah est directement contrôlé par le Guide suprême Ali Khamenei et soutenu par les Gardiens de la révolution iranienne. Le président n’a aucune influence hiérarchique sur les relations de l’Iran avec les miliciens libanais. D’ailleurs le financement du Hezbollah ne provient pas de l’État iranien mais des fonds Khums, une tradition musulmane qui impose aux riches d’offrir un cinquième de leurs revenus aux autorités religieuses. Il s’agit d’un brassage de plusieurs millions de dollars distribués tous les ans sous l’autorité du Guide suprême et de l’armée des Gardiens de la Révolution islamique dont le Hezbollah est l’une des branches officielles.


 


Le règne des gardiens de la révolution


 
Qasem Soleimani


L’arrivée de Rohani au pouvoir, avec une volonté de dialogue, n’influencera en rien la doctrine du Hezbollah qui campera sur ses positions radicales et guerrières. Les miliciens islamistes sont sous la responsabilité directe des Gardiens iraniens qui ont désigné leur représentant en Irak, Syrie, Gaza et Liban en la personne du général Qasem Soleimani qui règne sur 200.000 hommes. Issu des Gardiens de la Révolution, il ne cesse de restructurer le Sud-Liban en y construisant, à la barbe de la FINUL, de nombreux blockhaus et de longs tunnels qui débouchent directement sur la frontière israélienne.


Mais les partisans du nouveau président iranien ne restent pas inertes. Ils sont à la base de frictions entre les partisans modérés de Rohani et ceux qui veillent, par la force, au maintien de révolution islamique et qui ont tendance à opter pour un extrémisme radical. Il est probable que cela aura malgré tout un impact sur la politique de négociations américano-iraniennes.


Le Hezbollah est persuadé qu’il ne sera pas affecté par le changement de gouvernance puisque Rohani fait partie du sérail à Téhéran. Selon lui, il a seulement utilisé une approche trompeuse différente pour soutenir le régime et le rendre plus pérenne, sous le flou de réformes dans sa politique. Par ailleurs, Hassan Nasrallah est convaincu que l’Iran a beaucoup investi sur lui au-delà de ses frontières en le chargeant de défendre la sécurité de l’Iran à travers le conflit israélo-palestinien, tout en étant une tête de pont chiite sur les rives de la Méditerranée. 

Si danger il y a pour Israël, il viendra en priorité du nord.

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