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samedi 26 octobre 2013

LA MONDIALISATION DU BABIL Par Jean SMIA



LA MONDIALISATION DU BABIL

Par Jean SMIA
copyright © Temps et Contretemps



Fin juin 2013 on nous informait que la NSA aurait tenté et réussi à avoir des renseignements sur les activités des instances européennes. Aujourd'hui on en remet une couche.



Contre-indications



Alors que tout le monde sait qu'Internet est un système qui a été créé pour fournir toute information à celui qui sait comment poser la question, cela implique que rien ne peut y être confidentiel, pas même l'adresse que vous recherchiez dans les pages jaunes ... il y a 15 ans. Simplement aucun des fournisseurs d’accès n'a jamais clairement informé les utilisateurs de cet inconvénient. Sur la notice des médicaments: il y a les contre-indications, mais pour internet et le téléphone portable, ils ont «omis» de nous dire qu'il était contre-indiqué d'y faire circuler ce que l'on veut garder intime. 

Nous étions habitués à ce qu'ouvrir un courrier soit un délit et que les écoutes téléphoniques soient autorisées par une commission rogatoire. Et aujourd'hui, offusqués de découvrir la réalité des choses, nous demandons qu'Internet assume la confidentialité des publications alors qu'il est construit pour faire exactement l'inverse. S'offusquer que ce que vous publiez sur Internet soit à la disposition de n'importe qui, est aussi inapproprié que de s'offusquer que votre voisin détaille votre linge mis à sécher sur le balcon.



Violation du secret




Cependant, même si elle semble inapplicable, reste la LOI. En France, la violation du secret de la correspondance, par voie postale ou par télécommunication, est actuellement réprimée par les articles 226-15 et 432-9 du code pénal et par l'article L 33-1 du code des postes et des communications électroniques.

·         Art. 432-9. — Le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public, agissant dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions ou de sa mission, d'ordonner, de commettre ou de faciliter, hors les cas prévus par la loi, le détournement, la suppression ou l'ouverture de correspondances ou la révélation du contenu de ces correspondances, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende. Est puni des mêmes peines le fait, par une personne visée à l'alinéa précédent ou un agent d'un exploitant de réseau ouvert au public de communications électroniques ou d'un fournisseur de services de télécommunications, agissant dans l'exercice de ses fonctions, d'ordonner, de commettre ou de faciliter, hors les cas prévus par la loi, l'interception ou le détournement des correspondances émises, transmises ou reçues par la voie des télécommunications, l'utilisation ou la divulgation de leur contenu.

Bon, alors, je prends ma calculette : 70.000.000 de communications multipliées par 45.000 Euros d'amende, ça fait : 3.150 Milliards d'Euros. Ce serait pas mal, comme petit magot, pour tenter de faire baisser nos impôts, non ? Et en plus c'est légal et écologique. Moi, pour cette mensualité, je leur permettrai d'en écouter 100 millions par mois. 


Espionnage




Cependant, il reste une inconnue qui me paraît un inconvénient majeur. Grâce à ces écoutes : à combien d'attentats avons-nous échappé ? Combien de tonnes de drogues ont été détruites ou saisies ? Combien de trafics en tout genre ont été torpillés ? La réponse restera obligatoirement un secret car, si cela était révélé, cela permettra aux malfaisants de contourner le problème.

Cependant, il faut se souvenir que l'affaire Cahuzac a été révélée grâce à un détournement de correspondance électronique privée et à sa divulgation. Alors des questions viennent : l'union Européenne dispose-t-elle d'un service de renseignement et d'un service de contre-espionnage ? Si oui, il sert à quoi leur service de contre-espionnage ?

Et nous, nous n'espionnons personne ? Les Russes non plus ? Ni les Iraniens, Turcs, Chinois, Indiens, Israéliens.... ? Ou alors, sommes-nous dans l'attente d'un clone de Snowden parmi ces nationalités ?  À moins que l'Union n’espère-t-elle que ces services lui soient fournis par les adhérents à l'Union ? En intérim... Sauf que pour avoir besoin d'espionner et contre-espionner, il faut une stratégie et un dessein politique qui ne soient pas l'aléatoire résultat d'un marchandage à plusieurs dizaines d’interlocuteurs. Espionner l'UE, c'est comme espionner la roulette d'un casino en imaginant parvenir à prévoir le numéro qui va sortir.

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