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jeudi 4 juillet 2013

EN ÉGYPTE L’ARMÉE REVIENT Par Gérard AKOUN



EN ÉGYPTE L’ARMÉE REVIENT

Par Gérard AKOUN
Judaïques FM

Général Al-Sissi

Personne ne sait ce qui peut se produire dans les prochains jours en Égypte. Mais on peut déjà tirer un certain nombre de leçons  des événements qui se sont déroulés dans ce pays depuis le renversement de Moubarak. L’euphorie révolutionnaire passée, deux forces s’étaient  retrouvées en présence quand il a fallu gouverner le pays. 
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L’une, celle des Frères musulmans  mieux organisés,  mieux encadrés et disposant d’une capacité importante de mobilisation à travers le réseau des mosquées, l’autre celle  d’Égyptiens, jeunes et moins jeunes, urbanisés, épris de liberté, de démocratie et de modernité. Ces derniers avaient été les artisans de la révolution mais inorganisés, éparpillés dans de multiples partis, ils ont été incapables de remporter les élections qui ont suivi. Il faut ajouter que les Frères musulmans étaient considérés comme les principales victimes de la dictature dont ils  avaient été les opposants  irréductibles et qu’ils étaient bien implantés dans les campagnes. 


Fin du printemps arabe


La victoire électorale des islamistes va sonner le glas de ce que l’on a appelé le printemps arabe qui devint pour ceux qui avaient, naïvement, espéré des changements importants et rapides, l’hiver islamique. Elle va conforter l’opinion  de ceux qui portaient un regard sceptique sur ces mouvements, qui considéraient qu’un pays comme l’Égypte n’était pas mûr pour la démocratie ou que l’islam est incompatible avec la démocratie. Ils oubliaient que la démocratie a mis des siècles  pour s’installer durablement en Europe.

Mais on constate, à la lumière des événements qui se développent actuellement, que l’Égypte a changé, que le peuple a pris conscience de sa force. Il avait porté au pouvoir, démocratiquement, les islamistes mais ceux là ont échoué à gouverner, à garantir la sécurité, à faire les réformes nécessaires pour améliorer la situation économique. Les Égyptiens ont pris conscience  de l’impéritie des Frères musulmans. C’est une chose de faire, localement, du social auprès de populations déshéritées, c’en est une autre de gouverner un pays de plus de 80 millions d’habitants. Et ce n’est pas l’application de la charia qui va les nourrir. 

Douze, quinze  millions d’Égyptiens sont descendus dans les rues pour réclamer son départ, mais le président Morsi est autiste ; il s’est accroché à sa légitimité, qu’il tient, à  juste titre, de son  élection, mais il n’a pas compris qu’être majoritaire n’autorise pas à gouverner contre la minorité, n’autorise pas à accaparer tous les pouvoirs. C’est une ironie de l’histoire d’entendre un ennemi de la démocratie, comme tout bon Frère musulman, se réclamer de la démocratie pour se maintenir au pouvoir, alors que les défenseurs des libertés sont prêts à accepter le retour de l’armée dans la gestion directe ou indirecte du pays à la suite d’un coup d’État. 


Échec de la Confrérie




Cet échec des Frères musulmans en Égypte, est un coup dur porté à la confrérie qui rêve toujours d’instituer le Califat. Ce ne sera pas sans conséquence dans les pays où les islamistes sont au pouvoir ou espèrent-y accéder. En Tunisie où la situation est  comparable à celle de l’Égypte, beaucoup moins peuplée mais aussi pauvre avec peu de matières premières, pas de pétrole ou très peu, sa seule richesse : le tourisme qui ne rime pas avec islamisme.  
Besir Atalay

En Turquie, bien plus développée,  Erdogan a tissé lentement sa toile, mais il s’est heurté il y a quelques semaines à d’importants mouvements de protestation, dans toutes les villes,  contre une islamisation rampante de la société. Il en a rendu responsable le lobby des finances, entendez juifs, son vice-premier ministre Besir Atalay a accusé nommément la diaspora juive et d’autres agents de l’étranger en déclarant  «les incidents du parc Gezi ont été orchestrés par la diaspora juive qui a été active dans cet évènement». Les islamistes modérés ne sont pas moins antisémites que les extrémistes. Ces déclarations sont scandaleuses, mais la désignation  d’un bouc émissaire pour pallier ses propres carences  est toujours  une preuve de faiblesse.
Adly Mansour, président cour constitutionnelle

Le président Morsi a été destitué par l’armée et remplacé par le président de la Cour constitutionnelle jusqu’à la tenue d’une élection présidentielle anticipée. La constitution est suspendue : «Un gouvernement regroupant toutes les forces nationales et doté des pleins pouvoirs sera chargé de gérer la période actuelle» a indiqué le général Al Sissi.

      Le représentant de l'opposition, Mohammed El-Baradei, qui s'est exprimé après le général Al Sissi avec qui il a mené des tractations durant la journée, a estimé que ces mesures «répondent aux aspirations du peuple». C’est le deuxième acte de la révolution égyptienne. Ce soir, la place Tahrir exulte.

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