CHRONIQUE DES ÉCHECS ISRAÉLO-PALESTINIENS
Par
Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
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Les négociateurs autour d'Obama |
Les discussions
entre Israéliens et Palestiniens ont repris après plusieurs années d’impasse et
trois ans de refus de se retrouver face à face. Le conflit dure depuis plus de
soixante ans et les Américains ont consacré, en vain, des dizaines d’années à trouver une solution négociée. L’Histoire
est remplie de tentatives de négociations qui ont toutes été vouées à l’échec.
Camp David
Camp David 1978 |
L’optimisme avait
pourtant régné depuis les accords de Camp David, signés le 17 septembre 1978 par le président égyptien Anouar el-Sadate et
le premier ministre israélien Menahem Begin, sous la médiation du président des
États-Unis, Jimmy Carter. Deux accords-cadres furent signés à la Maison-Blanche,
après 13 jours de négociations secrètes à Camp David. Ils furent suivis de la
signature du premier traité de paix entre Israël et un pays arabe : le traité
de paix israélo-égyptien de 1979. On doit cette réussite au courage de deux
hommes qui ont bravé leurs opinions publiques pour faire cesser le bruit des
armes.
Mais l’accord
était incomplet car le volet palestinien était absent des résolutions. On pensait
alors que deux ennemis, qui se parlaient dorénavant, allaient régler en
quelques réunions un sujet épineux que les pays arabes avaient volontairement
évité de résoudre pour maintenir un abcès
de fixation.
Intifada |
S’ensuivirent vingt années de
brouille, émaillées d’Intifada et de terrorisme palestinien international. Mais
dans les derniers jours de sa présidence, Bill Clinton a essayé de pousser Israéliens
et Palestiniens à trouver un accord pour un statut final de la région. Le
sommet pour la Paix au Proche-Orient de Camp David (surnommé Camp David II)
s'est tenu du 11 au 25 juillet 2000 dans la résidence du président Bill Clinton
en présence de Ehoud Barak, premier ministre de l'État d'Israël et de Yasser
Arafat, président de l'Autorité palestinienne.
Camp David II |
De nombreux blocages sont
apparus et le sommet ne permit pas aux deux parties de trouver de compromis. Les
discussions ont buté sur les mêmes problèmes fondamentaux du statut de
Jérusalem et du retour des réfugiés de 1948. Le problème des implantations ne
constituaient pas encore de point d’achoppement.
Feuille de route
Dès son arrivée
à la présidence, George W. Bush s’est attelé au problème palestinien sous l’égide
du Quartette composé de l’Organisation des Nations unies, de l’Union européenne,
des États-Unis d’Amérique et de la Fédération de Russie. La «Feuille de
route» avait été adoptée par le Quartette diplomatique, réuni le 30 avril
2003, comme une proposition pour mettre un terme au conflit
israélo-palestinien. Avec la même méthode que Kerry aujourd’hui, la Feuille
de route était destinée à aboutir, par étapes, à un règlement permanent du
conflit israélo-palestinien, sur la base du principe de l'existence de deux
États.
Elle comportait
des étapes claires, un calendrier, des dates limites et des critères destinés à
encourager les progrès par des mesures réciproques des deux parties dans les
domaines politique, sécuritaire, économique, humanitaire et de création des
institutions. Bien qu’ambitieuse, la feuille de route ne trouva pas d’application
concrète.
Le 8 février
2005 s’est tenu à Sharm el Sheikh en Égypte un sommet entre le président palestinien,
le premier ministre israélien, le roi de Jordanie et le président égyptien qui
était à l’initiative de cette rencontre. Ils sont repartis
avec seulement un accord pour un cessez-le feu mutuel. Ariel Sharon avait
d’emblée prévenu qu’il s’agirait seulement de négociations sur l’arrêt de la
violence.
Mahmoud Abbas avait
annoncé un accord de cessez-le-feu de toutes les organisations palestiniennes
tandis qu’Ariel Sharon s’était engagé à arrêter les opérations militaires,
avait accepté de libérer 900 prisonniers palestiniens des prisons israéliennes
et de remettre aux Palestiniens la responsabilité
de cinq villes de Cisjordanie. Mais ces discussions avaient alors encore buté
sur les mêmes problèmes de l’arrêt des constructions dans les implantations,
sur la destruction de la clôture de sécurité et sur la levée des check-points.
Les problèmes politiques n’avaient pas été abordés tandis que le
conseiller d’Ariel Sharon, Dov Weisglass, chef de la délégation avait déclaré
que «la feuille de route c’est comme du formol où on peut conserver indéfiniment
tout processus de paix et toute perspective d’État palestinien». Avi Pazner,
porte-parole israélien, avait confirmé qu’«il n’y aura jamais de retour
des Palestiniens en Israël et jamais Jérusalem ne sera la capitale de l’État
palestinien». Cela suffit à, bloquer toute avancée des discussions.
Annapolis
Les Américains
ne s'étaient pas décourégés puisqu’ils organisèrent, le 27 novembre 2007, la conférence d'Annapolis pour la paix au
Moyen-Orient, tenue à l'Académie navale d'Annapolis, dans le Maryland aux
États-Unis. Cette conférence avait officialisé pour la première fois la «solution
à deux États» pour résoudre le conflit israélo-palestinien. La solution était
inscrite à l'ordre du jour et acceptée par les deux parties. Mais auparavant, George
W. Bush avait donné le coup de grâce aux paramètres Clinton dans une lettre à
Ariel Sharon d’avril 2004.
Annapolis |
Le président
des États-Unis abandonnait l’idée d’un retour aux frontières de 1967. Mais la
conférence d’Annapolis rassemblait des acteurs affaiblis. Ehoud Olmert sortait
de la guerre du Liban de l’été 2006 où il avait été contesté par les faucons de
sa coalition. Mahmoud Abbas ne contrôlait plus la bande de Gaza aux mains de
son rival islamiste Hamas qui d’ailleurs n’avait pas été invité à la réunion
d’Annapolis ce qui l’a conduit à récuser par avance tout compromis. Pour qu’un
sommet réussisse, il est indispensable que les participants ne soient pas
affaiblis au sein de leur camp.
Pourparlers
2010
La dernière
série de pourparlers directs est tombée en panne en 2010 sur la question des implantations
israéliennes en Cisjordanie. Le premier ministre israélien,
Benjamin Netanyahou et le président palestinien, Mahmoud Abbas s’étaient sont
rencontrés le 2 septembre 2010, à Washington pour discuter de la paix. Cela
faisait vingt mois que les pourparlers étaient rompus. Aucune
condition préalable aux négociations n'avait été posée mais cinq principales questions devaient être résolues pour
un accord final.
La question des
constructions dans les implantations, la création d’un État palestinien, le
statut de Jérusalem comme Capitale des deux États, le droit au retour des réfugiés
de 1948 et la gestion. Le président égyptien, Hosni Moubarak, partenaire des
négociations, avait affirmé que le «gel complet de la colonisation était
crucial pour le succès des négociations». Les Palestiniens voulaient
proclamer un État sur l'ensemble des territoires limités par les frontières de
1967. Les israéliens exigeaient la
démilitarisation, le contrôle de l'espace aérien et des frontières extérieures
d'un tel État. Israël considère
Jérusalem comme sa capitale «indivisible et éternelle» et veut garder le
contrôle de la Vieille ville et de certains des principaux lieux saints des
trois monothéismes. Les Palestiniens réclamaient le droit au retour des réfugiés tandis
que Netanyahou voulait lui d'abord que les Palestiniens reconnaissent Israël comme
l'État du peuple juif. Enfin au sujet de l’eau, les Palestiniens éxigeaient le droit de creuser des puits pour ne plus être obligés d'acheter l'eau
auprès de la compagnie israélienne Mekorot.
Ce sont
précisément ces mêmes problèmes qui seront à l’ordre du jour des nouveaux
pourparlers qui se tiendront sous l’égide de John Kerry qui, après six voyages
dans la région en quatre mois, estime que les deux parties sont prêtes à parler
de «la base pour la reprise des négociations sur le statut final». Le
défi est immense pour les négociateurs israéliens Tsipi Livni et Yitzhak Molcho
qui devront s'entendre avec Saeb Ereikat et le haut
fonctionnaire Mohammad Shtayyeh. Ils devront trouver de nouveaux arguments pour
ne pas conduire les discussions à l’échec comme par le passé. Seul le génie des
hommes devra s’exprimer.
Celui qui réussit dans sa vie, c'est celui qui a eu la force de se relever une fois de plus qu'il n'est tombé....
RépondreSupprimerPour ces négociations, c'est pareil: Ceux qui réussiront seront ceux qui auront éssayé une fois de plus que ceux qui ont abandonné.
Espérons que bientôt nous pourrons dire "échec et brillant" ou "réussite et vivant" plutôt que "échec et mat" et de toute façon, le passé est le passé comme le dit si bien le proverbe palestinien "illi fât mât".
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