TURBAN BLANC ET BLANC TURBAN
Par Jacques BENILLOUCHE
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Il
est de l’islamisme comme il est de l’Iran. Le terme de «modéré» n’est
pas adapté car l’islamisme est une forme plus pernicieuse de l’islam tandis que
les barbus enturbannés ne peuvent pas être modérés tant qu’ils restent
totalement attachés à leur dogme et à leur Guide suprême. On peut à la rigueur
qualifier de pragmatiques plutôt que de modérés ceux qui mettent en avant,
d’abord l’intérêt de leur pays et de leurs citoyens.
Les résultats transmis par le
ministre iranien de l’intérieur, Mostapha Mohammad Najjar, sont une surprise
pour tous les commentateurs car l’élection d’Hassan Rohani a été acquise dès le
premier tour. Certes il était prévisible qu’il soit parmi les deux premiers candidats
pour un éventuel second tour mais nul n’avait prévu qu’il mette un terme si
vite à huit années de pouvoir exécutif conservateur. Il a obtenu 18,6 millions
de voix (50,68%) face à cinq candidats qualifiés de purs et durs et inféodés au
Guide Suprême Ali Khamenei. On attendait
plutôt une surprise de la part du maire de Téhéran, Mohammad Bagher Ghalibaf,
qui cependant le suit de très près. Le scrutin a été acquis parce que les iraniens
se sont précipités à près de 73% dans les bureaux de vote.
Ali Kkamenei |
On ignore la marge de manœuvre dont
disposera le nouveau président car son pouvoir est verrouillé par Ali Khamenei
et, de ce fait, il est peu probable qu’il y ait un infléchissement immédiat de la politique iranienne. Hassan
Rohani a toujours été dans les arcanes du pouvoir islamiste iranien, au plus
haut sommet. Il est membre depuis 1991 du Conseil de Discernement, qui
s'apparente à un conseil d'État arbitrant les litiges entre le parlement, le
Sénat et le conseil des Gardiens de la révolution. Il est membre depuis 2000 de
l'Assemblée des Experts qui élit et révoque le Guide de la révolution. Il
est depuis 1989 secrétaire du Conseil suprême de la Sécurité nationale, directement
placé sous l’autorité du guide suprême de la révolution, qui a en charge de
déclarer la guerre, de mobiliser les forces armées, de désigner les chefs des
différentes armées et des Pasdarans et de définir les plans stratégiques et la
politique de défense. Hassan Rohani fut par ailleurs vice-président du Majlis
(parlement) de 1992 à 2000. Il fait partie du sérail et n’a jamais fait preuve
d’aucune velléité pour s’opposer aux instances dirigeantes, c’est dire s’il est
mouillé dans les grandes décisions prises par l’Iran. C’est pourquoi il ne peut
pas renier brutalement ses anciennes convictions.
Le seul élément positif de cette
élection, dans l’immédiat, est le départ de l’illuminé Ahmadinejad qui va
rejoindre le cimetière politique de ceux qui n’ont pas réussi leur triste besogne.
Il avait décidé de rayer Israël de la carte, d’élever le niveau de vie des
classes défavorisées et des classes moyennes et de terminer son programme
nucléaire, or il n’a réussi qu’à décrédibiliser le pouvoir iranien. Mais le
Guide suprême regrettera cette marionnette à ses ordres dont le rôle qui lui a
été assigné consistait à s’opposer à toute émergence d’un courant réformateur. Mais
là aussi il a échoué.
Rohani est aussi un homme à turban
et il est tenu à suivre la politique de ses pairs. Il ne sera original que s’il décide de réduire son programme
nucléaire, de diminuer l’agressivité verbale à l’égard d’Israël et pourquoi pas
de reconnaitre l’État juif. C’est ce qui le distinguera des autres ayatollahs
et consorts.
Mohammad Khatami |
L’Iran a déjà fait l’expérience d’un
réformiste du 2 août 1997 au 3 août 2005 avec le président Khatami. Il avait au
cours de ses deux mandats construit des relations diplomatiques avec de
nombreux États, y compris ceux de l'Union européenne et de l'Asie. En politique
intérieure, il avait prôné la liberté d'expression et la tolérance, mais il n’est
jamais parvenu à changer les institutions, ni à relancer l'économie du fait de
l'opposition conservatrice au Parlement et du contrôle exercé par le Guide
suprême. Il n’y a aucune raison pour que le nouveau président ne soit pas
bloqué lui-aussi dans son action. Son pragmatisme consistera à admettre que les
iraniens veulent qu’on leur donne du pain et non de l’uranium enrichi.
Israël ne s’attend pas à un
changement immédiat et ne veut pas s’engager dans des hypothèses tant qu’il ne
connait pas précisément les intentions du nouvel élu. Mais il est clair que le
risque de conflit s’éloigne et que Barack Obama peut s’estimer dans le vrai après
avoir décliné une stratégie d’attente. Il n’est pas certain que les iraniens
vont réduire leur programme nucléaire parce qu’il est bien avancé mais, comme l’occident
réclame depuis plusieurs années des garanties, il espère que Rohani sera le bon
interlocuteur. Il faut se souvenir qu’en 2003, en tant que responsable des
négociations sur le dossier nucléaire, il avait réussi à persuader le Guide d’accepter
une suspension de l’enrichissement d’uranium.
Israël n’oublie pas que sa candidature avait été
présélectionné par l'ayatollah Khamenei, qui a disqualifié les candidats qui n’étaient
pas en phase avec ses vues. Il n’oublie
pas non plus le programme nucléaire a été lancé et conçu par le guide et non
par le président iranien. Alors Israël préfère se prononcer uniquement sur les
actions de Rohani et sur ses capacités à cesser de diffuser la terreur à
travers le monde. Il n’oublie pas enfin que, malgré sa qualité de représentant
du Guide, il est qualifié au Conseil suprême de la sécurité nationale pour prôner
plus de souplesse dans les discussions avec l’occident.
Il pourrait même
envisager des discussions directes avec les États-Unis pour tenter de remédier
à la grave crise économique due aux sanctions internationales. Il serait
contraint à ces discussions car la
majorité de ses électeurs partage une même préoccupation: la crise économique,
qui se traduit par une hausse du chômage, une inflation supérieure à 30% et une
dépréciation du rial de près de 70%.
Avec Rohani il
ne faudra pas s’attendre à un changement dans l’idéologie du pays mais
peut-être une évolution dans la rhétorique et dans les méthodes de gouvernance. Le prochain président sera le deuxième
personnage de l'État selon la Constitution iranienne, mais il n'aura que peu
d'influence sur les dossiers stratégiques comme le nucléaire, qui sont sous
l'autorité directe du guide suprême. Rohani et Ahmadinejad risquent d'être turban blanc et blanc turban.
Est ce que les turbans seraient plutôt verts et comme les pastèques beaucoup de rouge à l 'intérieur mais ils ne connaissent pas nos pastèques qui n'ont pas de pépites ,en hébreu garin signifie pépites noyau mais aussi nucléaire
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RépondreSupprimerPour les Gaulois que nous sommes, cher monsieur Benillouche, il n'y a qu'une élection qui vaille la peine qu'on s'y attarde ce dimanche, c'est celle de Villeneuve-sur-Lot !
Je croyais qu'Israël était le centre du monde et pas la France !
RépondreSupprimerJe vais corriger mes classiques.