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jeudi 7 février 2013

LE FRONT NATIONAL SE BANALISE par Gérard AKOUN



LE FRONT NATIONAL SE BANALISE

Par Gérard AKOUN
Judaïques FM


Le baromètre  annuel d’image du Front national réalisé par TNS-Sofres pour le Monde, France info et Canal+ montre que ce parti se banalise et que plus d’un tiers des français adhèrent à ses idées. Marine Le Pen recueille ainsi les fruits de la politique qu’elle pratique depuis son élection à la présidence du  parti. Elle s’est efforcée de sortir le Front national du ghetto dans lequel son père l’avait enfermé, de le dédiaboliser.  

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Loin du père fondateur



Elle s’est démarquée du discours négationniste de son père, de son antisémitisme, de ses mauvais calembours. Elle s’est affranchie de son père et de sa vieille garde qui sentait le souffre, pour s’entourer d’une équipe rajeunie, avec laquelle elle essaie de se débarrasser de l’étiquette familiale  facho raciste qui lui colle à la peau. Cela semble lui avoir réussi puisque la candidate «Bleue Marine» est arrivée en troisième position dans la dernière élection présidentielle. Les fondamentaux du Front national n’ont pas, pour autant, changé même si Marine Le Pen a mis en avant dans sa campagne des propositions économiques et monétaires, ce sont toujours la sécurité, l’immigration, la préférence nationale. Alors où se situe le changement ? Jean Marie Le Pen se contentait du rôle de batteur d’estrade, dans lequel il excellait, mais il ne souhaitait absolument pas accéder au pouvoir alors que la fille s’y prépare ; elle  veut faire du FN un parti de gouvernement. Elle se rapproche de son objectif.

47% des personnes interrogées estiment que le Front National «ne constitue pas un danger pour la démocratie», ils sont 54% chez les sympathisants de l’UMP et les mêmes considèrent que Marine Le Pen représente «une droite patriote attachée aux valeurs traditionnelles», 35% des sondés considèrent qu’elle est capable de gouverner. Il est à craindre que les barrières érigées par l’UMP pour éviter tout accord électoral  avec l’extrême droite aient du mal à résister, lors des prochaines élections municipales en 2014, dans la mesure où le FN serait  perçu par les sympathisants  de droite comme un élément constitutif  de cette droite.


Repli de l’opinion




Mais il ne faudrait pas mettre cette banalisation du FN uniquement au crédit de Marine Le Pen, elle profite  de ce que constate un sondage Ipsos pour le Monde, le Cevipof, la Fondation Jean Jaurès paru il y a quelques jours : «un profond repli de l’opinion qui se caractérise par une très forte défiance à l’égard du monde extérieur et d’autrui». Ce sondage s’intitule: France 2013 : les nouvelles fractures. Pour 78% des personnes interrogées «on n’est jamais trop prudent quand on a affaire aux autres», pour 62% des français «la plupart des hommes et des femmes politiques sont corrompus» quant aux journalistes, ils font mal leur travail pour 58% et ne parlent pas des vrais problèmes des français pour 72%.  Une très forte majorité, (87%) «a besoin d’un vrai chef pour remettre de l’ordre»,  la montée du  populisme devient une vraie menace  dans un pays en crise à partir du moment  où le peuple se cherche un sauveur… n’est pas le Général de Gaulle qui veut.

On n’en est pas encore là. Mais il faut prendre garde. Des fractures, qui ne sont pas nouvelles, s’approfondissent ; la xénophobie : 70% des français considèrent «qu’il y a trop d’étrangers en France», ou le rejet de l’islam. Pour 74% des français, la religion musulmane n’est pas tolérante et pas compatible avec les valeurs de la société française ; pour la religion  catholique  les chiffres sont respectivement de 28% et 11%, et pour la religion juive de 34% et 25%.  Ces chiffres sont inquiétants, car ils remettent en cause, le vivre ensemble dans la société française. Certains juifs ont eu du mal à trouver l’équilibre entre le respect de leurs obligations religieuses et la vie dans une société laïque,  mais ils y sont parvenus. Les musulmans devront en faire autant, s’ils veulent rassurer les français  de bonne foi qui s’angoissent.   Ces deux sondages, rendus publics à quelques jours d’intervalle, constituent un avertissement, pour le gouvernement et pour le président Hollande, ces fractures ne se refermeront pas par une victoire au Mali mais par une victoire en France remportée sur le chômage et la précarité.


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