LES JUIFS DE BARACK OBAMA
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et
Contretemps
Obama au Kotel |
Le texte sur les «juifs
de François Hollande» caracole en tête des articles les plus lus depuis
plusieurs mois. Mais malgré son succès, il a valu au site quelques critiques acerbes :
«vous citez ceux qui ont une goutte
ou plusieurs gouttes de sang juif comme si cela leur donnait une caution
particulière en politique et plus particulièrement dans la politique à l’égard
d’Israël. Ce genre de fichier est dangereux et rappelle une triste époque
!».
Finalité
Certains lecteurs
s’étaient alors mépris sur la finalité de cet article. Il ne s'agissait pas de glorifier la condition de juif. Il ne nous appartient pas de le faire. A l'époque, la communauté
juive soutenait dans sa très grande majorité la candidature de Nicolas Sarkozy,
et c’était son droit. Mais les attaques contre le parti socialiste ne portaient
pas sur son programme politique mais restaient souvent en dessous de la
ceinture. Des caricatures odieuses et sans fondement montraient Martine Aubry
en tchador ou François Hollande déguisé en barbu islamiste. Le lien entre
antisionisme et islamisme devenait implicite et il avait été mis en exergue par
les amis de Patrick Buisson qui pensaient qu’il fallait frapper les esprits pour
susciter la peur. Le chantre de l’extrême-droite savait de quoi il parlait.
C'est dans ce contexte que Temps et Contretemps a décidé de publier l’article
sur les nombreux juifs, proches du candidat socialiste, pour mettre la réalité à
sa place et pour prouver que François Hollande ne pouvait pas être antisioniste
et encore moins antisémite si tant de juifs l’entouraient. Les arguments relayés
par des officines occultes étaient mensongers et les montages ignobles. Cette
peur orchestrée pour «révéler» la position socialiste anti israélienne n’avait
pas le début d’un soupçon de preuve. Au final, le favori de l’extrême-droite, Patrick
Buisson s’était planté en plantant du même coup son candidat Nicolas Sarkozy,
dans une stratégie complètement débridée.
C'est cette même démarche d'information qui nous conduit à réaliser un texte similaire pour le président américain. En effet, parallèlement aux attaques insensées contre François
Hollande et durant quatre ans, nous avons eu droit à la même charge contre
Barack Obama, orchestrée par un universitaire, français non juif, devenu
gourou des francophones qui appréciaient son anti islamisme forcené et
tellement exacerbé qu’il inspirait le doute. Tant de haine pour le président
américain et tant de dévotion pour un État juif, qui lui était étranger, sonnaient mal dans
l’esprit de ceux qui cherchaient la finalité de cette démarche étonnante sauf à y voir un
but mercantile. Il avait inondé les médias de ses textes illuminés et de ses
brûlots sur Barack Hussein, en martelant
systématiquement le deuxième prénom pour prouver que président américain était
musulman donc antisémite. Il était allé jusqu’à annoncer avec certitude que pour cette raison ultime, il ne serait pas réélu ;
c’est dire sa capacité d’analyse pondérée.
Intérêts
américains
En fait, Barack Obama,
comme François Hollande, défend les intérêts de son pays qui ne sont pas
forcément en phase avec ceux d’Israël. Les israéliens doivent s’habituer à
comprendre qu’il est difficile de demander aux États étrangers de calquer leur
politique sur celle de l’État juif. Mais il est inadmissible d’attaquer la
stratégie politique d’Obama, certes parfois critiquable sur certains points,
sur la seule consonance de son deuxième prénom musulman. Le président américain
n’est pas antisémite et pour cause, de nombreuses personnalités de son
entourage et au sommet de la hiérarchie présidentielle sont juives, ou au moins
proches de la communauté. La liste est longue mais quelques noms sont
révélateurs.
Le premier et le plus connu fut son ancien chef de cabinet
à la Maison Blanche, Rahm Emanuel, né de parents israéliens et volontaire dans
l'armée israélienne durant la première guerre du Golfe en 1991. Il fait partie de Anshe
Sholom B'nai Israel, une congrégation orthodoxe moderne de Chicago.
Denis McDonough |
Barack Obama vient de nommer son nouveau chef de Cabinet à la Maison
Blanche en la personne de Denis McDonough
qui entretient des liens étroits avec la communauté juive. William Daroff, directeur des Fédérations juives d'Amérique
du Nord s'était adressé, quelques semaines avant l’élection présidentielle, à
l'Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient en ces
termes : «Au cours des quatre dernières années, en parlant en privé
avec moi, et plus publiquement avec les dirigeants des Fédérations juives, McDonough
a fermement et vigoureusement défendu la politique Moyen-Orientale de
l’administration. Il a été franc et très disponible pour discuter et débattre
des subtilités des questions politiques, toujours d’une manière juste et
respectueuse et d'une façon qui montre clairement qu'il n'a aucun doute sur
l'engagement du président Obama en
faveur de relations israélo-américaines fortes. Il est évident qu'il a
l'oreille du président ». Nathan Diament, directeur de l'Union
orthodoxe à Washington, a abondé dans le même sens en qualifiant McDonough de «personne
de bon sens et de grande franchise»
Les juifs
de Chicago
McDonough succède à Jacob Lew, juif orthodoxe qui a
toujours été à l’écoute des appels des dirigeants de la communauté juive.
Jacob Lew officiait
comme chef de cabinet de la Maison Blanche et a été nommé, le 10 janvier
2013, Secrétaire d’Etat au Trésor. En tant que juif
orthodoxe pratiquant, il observe les restrictions religieuses sur le shabbat qui l’obligent à quitter
son bureau le vendredi en début d’après-midi pour rentrer chez lui avant le coucher
du soleil. Il s’interdit d’utiliser les appareils électriques ou électroniques,
y compris le téléphone durant la journée du samedi. Il a toujours refusé de
répondre aux appels téléphoniques, même ceux du président. A noter cependant
qu’il n'a pas été choisi parce qu'il
était juif, mais en raison de son expertise.
Ceux qui insistent pour qualifier Obama de musulman ont
du mal à expliquer pourquoi sa carrière a été favorisée par de grandes familles
juives de Chicago. Il avait été accusé d'être proche des musulmans parce qu'il avait tenté d’arbitrer le conflit israélo-arabe à
l’occasion de son discours du Caire de 2009, mal interprété par ses adversaires. D'ailleurs la communauté juive américaine ne lui en a jamais tenu rigueur puisqu’aucun
vote sanction n’a entravé sa réélection.
Durant tout son parcours politique et professionnel, il a été appuyé par des dirigeants juifs. Son mentor juif Jerry Kellman lui avait insufflé un élan en 1985 lors d’une étape majeure dans carrière professionnelle. Il avait recruté Obama pour travailler avec lui dans les banlieues sud de Chicago.
Jerry Kellman |
Durant tout son parcours politique et professionnel, il a été appuyé par des dirigeants juifs. Son mentor juif Jerry Kellman lui avait insufflé un élan en 1985 lors d’une étape majeure dans carrière professionnelle. Il avait recruté Obama pour travailler avec lui dans les banlieues sud de Chicago.
Abner Mikva, ancien représentant de l’Illinois au Congrès,
devenu juge fédéral puis avocat de la Maison Blanche sous la mandature de Bill
Clinton, avait proposé à Obama de se joindre à lui à Washington. Il devint par
la suite conseiller politique de Barack Obama.
Abner Mikva |
Sénateur
Obama
Lorsque Barack Obama a été élu sénateur à Springfield, il
a partagé son bureau avec une sénatrice
juive orthodoxe, Ira Silverstein. Ensemble, ils déposaient tous les jours leurs
enfants à la crèche de l’école juive Akiba-Schechter. Elle a cosigné avec lui
de nombreuses résolutions pour condamner les attentats perpétrés par des
terroristes palestiniens en Israël.
A l’initiative de la Fédération juive de Chicago, il a fait son voyage en Israël en 2006 d’où il était revenu bouleversé après sa visite à Yad Vashem. Ses gros contributeurs financiers juifs de Chicago Saltzman, Pritzker et le milliardaire Lester Crown n’ont jamais compris les prises de position de quelques associations juives américaines et israéliennes qui ont mis en doute la réalité de la solidarité de Barack Obama avec Israël.
Message déposé au Kotel de Jérusalem |
A l’initiative de la Fédération juive de Chicago, il a fait son voyage en Israël en 2006 d’où il était revenu bouleversé après sa visite à Yad Vashem. Ses gros contributeurs financiers juifs de Chicago Saltzman, Pritzker et le milliardaire Lester Crown n’ont jamais compris les prises de position de quelques associations juives américaines et israéliennes qui ont mis en doute la réalité de la solidarité de Barack Obama avec Israël.
Lester Crown |
Barack Obama est reconnaissant aux juifs de Chicago de
lui avoir permis de prendre conscience de son identité noire et de son
appartenance à une minorité. Il était tellement proche d’eux qu’il décida de
célébrer Pessah 2008, la Pâque juive, avec
ses nombreux amis et ses collaborateurs juifs. Il ne le fit pas par opportunisme mais par attachement aux traditions de la communauté juive. Ensemble ils ont chanté «l’an
prochain à Jérusalem» puis l’an prochain à la Maison-Blanche. Il n’a pas
dérogé à la règle en 2012 avec les juifs de son entourage mais, en tant que
président, il a voulu marquer l’équilibre vis-à-vis de ses concitoyens de
toutes religions en rompant le jeûne du Ramadan avec des dignitaires musulmans.
Cela lui a encore valu des critiques injustifiées.
Traditionnel Séder de Pessah |
Il ne porte certes pas la kippa durant le récit biblique
de la sortie d’Égypte, le séder, mais lui et sa femme sont sensibles aux
histoires d’esclavage qui les concernent personnellement. Sa femme Michelle
n’oublie pas qu’elle est descendante d’esclaves mais surtout
arrière-petite-fille d’une Cohen, et nièce d’un rabbin de la congrégation juive
d’Éthiopie à Chicago. En participant à ces réunions, les Obama n’ont pas
d’autre ambition que de combattre les antagonismes religieux afin de permettre
aux États-Unis de faire progresser le dialogue entre les trois grandes
religions, juive, musulmane et chrétienne.
Il serait fastidieux de compléter la liste des juifs qui
ont accompagné ou qui accompagnent Obama dans son chemin présidentiel.
Quoiqu’il en soit Barack Hussein Obama, comme l’appellent ses détracteurs,
n’est pas un ennemi d’Israël même s’il ne partage pas les mêmes convictions que
Benjamin Netanyahou sur le problème iranien. Son approche politique est certes
différente mais elle ne doit pas faire oublier aux israéliens que les
américains n’ont jamais failli dans leur soutien à l’État juif. Ils ont souvent
été les seuls à défendre Israël contre les nations du monde liguées contre sa
sécurité. Israël n’a qu’un seul allié dans le monde.
Lire : Le Clan Obama, les anges gardiens de Chicago, F. Clemenceau,
Riveneuve éd.
C'est trop vite oublier :
RépondreSupprimer- le coup de poignard d'Obama avec l'abstention au Conseil de sécurité de l'ONU la veille de son départ de la Maison Blanche
- les propos tenus dans son livre condamnant la Déclaration Balfour de 1917
- et son soutien puéril aux Frères musulmans d'Egypte dans un esprit dévoyé de démocratie inaudible dans ce type pays. Pas plus intelligent que la démocratie de Bush en Irak.
L'obama-mania est risible. Elle a commencé avec le prix Nobel de la paix pour délit de faciès (discrimination positive) alors qu'en bonne logique n'était méritant dans cette affaire que le peuple américain.