LES IMAMS DE LA PAIX : PAROLES ET ACTES
Par
Jacques BENILLOUCHE
Les imams à Jérusalem |
Tout devient relatif
quand les mots se télescopent aux actes. La délégation des imams de France était
reçue dans la résidence de l’ambassadeur de France, à Jaffa, pour dialoguer de
paix. Il faut avouer que ses membres font preuve d’un courage à toute épreuve
car ils risquent de subir, en rentrant chez eux, les représailles de ces
musulmans qui ne supportent pas que l’on fréquente les israéliens et surtout
que l’on parle de paix avec eux.
Missiles envoyés depuis Gaza
La conférence de presse était
commencée quand, ce jeudi 15 novembre 2012 vers 18h40, la sirène d’alerte retentissait pour nous
remettre dans la réalité du quotidien en Israël. C’était d’abord un sentiment
confus de surprise qui nous envahissait. Nous sommes habitués à des exercices
répétés de sirène et cela ne pouvait être encore qu’un exercice de plus pour
préparer la population civile. Il fallut se rendre à l’évidence quand le bruit
de deux explosions fit vibrer la résidence ; l’incident était tout prêt,
dans le ciel, à quelques encablures de nous, au sud de Tel-Aviv, la capitale économique
qui ne dort jamais. On s’y attendait certes mais l’on mettait
sur le compte de l’esbroufe les menaces venues de Gaza.
La surprise était totale, point de panique mais beaucoup de
curiosité car comme dans toutes les premières historiques, il fallait imprimer
le souvenir du premier missile qui tombait à quelques pas d’où nous nous
trouvions. Comme me l’avait téléphoné une amie d’Ashdod : «bienvenue au
club». Mais notre club balbutie encore ; il fait ses
premiers pas qui ne peuvent pas être comparés aux 10 à 15 alertes quotidiennes
dans certaines villes du sud du pays. Mais c’était un aperçu, une sorte de
tentative pour nous faire toucher du doigt et de l’oreille le drame vécu par
des populations innocentes. La sensation d’une sirène interminable et l’attente
de la sanction divine, qui pouvait frapper de manière aléatoire, donnaient aux
invités le décor de ce que le sud endure. L’impression de n’être plus rien et
de ne pouvoir faire évoluer les évènements par sentiment d’impuissance
Puis
immédiatement après, imperturbables, les imams ont continué leur conférence de
presse avec certes, la sensation d’avoir vécu un moment historique. Ils étaient
venus parler de paix, de réconciliation, d’unité et ils étaient accueillis par des missiles pour prouver la relativité de nos actes et de nos paroles.
Les imams avec Christophe Bigot à Yad Vashem
Les imams rentreront en France en rapportant avec eux un petit bout
de l’angoisse du civil martyrisé, avec le sentiment qu’ils prêchent dans un
désert d’incompréhension et de haine. Ils garderont en mémoire, comme nous-mêmes,
le son de cette sirène qui retentit dans un petit bout de France, de la France de
la paix et de la compréhension. Probablement, l’ambassadeur Christophe Bigot, qui avait rendu le jour même visite aux victimes de la ville de Kyriat Malachi, ne doit pas être pas
mécontent de cette péripétie dans sa résidence qui a connu des
travaux pratiques douloureux. On n’est jamais aussi expert que lorsque l’on
touche du doigt la réalité du monde dérangé dans lequel l’on vit, surtout
lorsqu’il s’agit de missiles envoyés par des musulmans que les imams invités sont censés
représenter.
Il
nous restera toujours, à l’avenir, une appréhension en festoyant dans cette
résidence car la sirène de la mort
restera gravée dans notre esprit.
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