ERDOGAN CHASSE SUR LES TERRES DU QATAR
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright© Temps et Contretemps
La bande de Gaza refait
parler d’elle pour être devenue le territoire où il est bon d’être vu et où se
jouent les luttes d’influence du monde musulman. La visite, le 23 octobre, du prince
du Qatar, Hamad Bin Khalifa Al-Thani, qui voulait exprimer sa solidarité avec
le peuple palestinien, semble inspirer le premier ministre turc. Recep Tayyip
Erdogan, veut emboîter le pas à son homologue royal en déclarant son intention
de visiter lui aussi Gaza.
Leadership
arabe
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Ismaël Haniyeh reçu au parlement turc
Toujours intéressé à
prendre le leadership du monde musulman depuis que la place est vacante à la
suite de la chute de Hosni Moubarak, il veut exploiter le conflit
israélo-palestinien à son profit. Sa déconvenue en Syrie, qu’il avait adoubée
pour justifier sa volte-face vis-à-vis d’Israël, lui impose de corriger sa
stratégie en redorant son blason auprès des pays arabes.
Pour se distinguer du
Prince et de sa pluie de dollars, il a l’intention de marquer un grand coup politique
en jouant les bons offices entre le Fatah et le Hamas. Il espère clore les
divisions entre ces deux rivaux en
invitant à ses côtés à Gaza le président de l’Autorité, Mahmoud Abbas,
avec l’objectif qu’une éventuelle réconciliation entre les deux clans le mette
à nouveau en orbite auprès du monde musulman. Cependant la haine entre Mahmoud Abbas et Ismaël Haniyeh est si intense qu'elle hypothèque toute option de réunification du mouvement palestinien.
Son action risque
d’être mal interprétée par Israël qui appréciera peu l’ingérence de la Turquie dans
une bande où les problèmes sont démultipliés et où le terrorisme du Djihad
n’est pas contrôlé par les dirigeants islamistes. Mais Erdogan a besoin d’une
victoire diplomatique pour détourner l’attention de son peuple face aux
nombreux soldats qui tombent sous les balles des kurdes du PKK.
Tout en réglant le
problème palestinien, il garde en ligne de mire la reprise des relations avec
Israël. Sa visite pourrait donc avoir un résultat double s’il obtenait une levée partielle du blocus en échange du
rétablissement des relations entre les deux pays. Sa victoire politique le
hisserait parmi les grands leaders musulmans de la planète. Il sait qu’Israël
utilise tous les canaux diplomatiques internationaux pour passer le message de
la nécessaire réconciliation avec la Turquie mais le catalyseur n’a pas encore
été trouvé.
La Turquie pose en effet trois conditions au rétablissement des relations : dédommagement des familles des victimes, présentation d’excuses et levée du blocus. Le dédommagement est pratiquement acquis. Les diplomates planchent sur une formule d’excuses ou de regrets qui maintienne l’honneur des deux parties. Reste une troisième condition à remplir.
La Turquie pose en effet trois conditions au rétablissement des relations : dédommagement des familles des victimes, présentation d’excuses et levée du blocus. Le dédommagement est pratiquement acquis. Les diplomates planchent sur une formule d’excuses ou de regrets qui maintienne l’honneur des deux parties. Reste une troisième condition à remplir.
Visite
risquée
Erdogan tient à être le
deuxième chef d’État à visiter Gaza mais les États-Unis ont exprimé leur
opposition à cette visite. La porte-parole du département d'État américain
Victoria Nuland a déclaré que le Hamas, qui a pris le contrôle de la bande de
Gaza en 2007, restait «une force déstabilisatrice dans la région.
Une telle visite ne sera pas favorable à avancer la cause de la paix et la
sécurité». Ce sera un test pour Erdogan qui devra user d’un verbe haut pour montrer
qu’il n’est pas totalement sous tutelle américaine. Mme Nuland a d’ailleurs arrondi
les angles en déclarant que Washington aurait des conversations avec la Turquie
à ce sujet pour «essayer de mieux comprendre l’intention de cette visite».
Un moyen pour ne pas brusquer l’allié turc.
Il avait déjà envisagé de
se rendre à Gaza pendant la tournée de septembre 2011 entamée dans plusieurs
pays arabes mais le premier ministre turc avait repoussé son projet afin de ne
pas envenimer des relations déjà tendues avec Israël. Cette nouvelle visite
officielle a aussi pour but de raviver l’histoire de la flottille de Gaza de
mai 2010 car Tayyip Erdogan n’arrive pas à assimiler cet échec qu’il considère
comme personnel.
Entêtement
turc
Mais l’entêtement des
turcs est flagrant car ils ne veulent pas reconnaitre la notion de légitime
défense qui ouvrirait la voie à un dialogue positif. Ainsi un tribunal
d'Istanbul jugera, par contumace à partir du 6 novembre, quatre anciens
responsables de l'armée israélienne pour la mort de neuf turcs pro-palestiniens
tués par Tsahal à bord du «Mavi Marmara» qui voulait forcer le blocus de
Gaza.
Les quatre officiers jugés, aujourd'hui à la retraite, sont l'ancien chef d'État-major de l'armée israélienne Gabi Ashkenazi, l'ex-chef de la marine Eliezer Marom, celui de l'armée de l'air Amos Yadlin et l'ancien chef des services de renseignement de l'armée de l'air Avishaï Levi. L'acte d'accusation requiert de multiples condamnations à la prison à vie à l'encontre des quatre hommes. Dans un communiqué, le ministère israélien des Affaires étrangères a dénoncé un «procès spectacle n’ayant rien à voir avec le droit et la justice».
Les quatre officiers jugés, aujourd'hui à la retraite, sont l'ancien chef d'État-major de l'armée israélienne Gabi Ashkenazi, l'ex-chef de la marine Eliezer Marom, celui de l'armée de l'air Amos Yadlin et l'ancien chef des services de renseignement de l'armée de l'air Avishaï Levi. L'acte d'accusation requiert de multiples condamnations à la prison à vie à l'encontre des quatre hommes. Dans un communiqué, le ministère israélien des Affaires étrangères a dénoncé un «procès spectacle n’ayant rien à voir avec le droit et la justice».
Mais ces gesticulations
n’auront d’effet probant que si, à nouveau, une coopération totale s’établissait
entre Israël et la Turquie sous l’égide des États-Unis qui tiennent à la
réconciliation des deux pions importants entrant dans leur stratégie au
Proche-Orient. Le comble serait que les islamistes de Gaza réussissent à
rapprocher ces deux pays qui ont des dizaines d’années d’amitié dans leurs
gènes.
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