TUNISIE : LE MYTHE DU PAYS MODERÉ
Par
Jacques BENILLOUCHE
Il faudrait que l’on cesse, une fois pour
toutes, de nous décrire la Tunisie comme un pays «modéré», respectueux
des juifs et d’Israël. Cette impression pouvait à la rigueur exister du temps d’Habib
Bourguiba, et encore !
Combat
pro-palestinien
Et
encore ? Parce qu’au lieu de donner des leçons aux palestiniens en 1965, le
Combattant suprême aurait pu anticiper l’acte héroïque de l’égyptien Sadate en
se rendant à Jérusalem signer un traité de paix. Mais tout n’était que fumée
pour se donner une image d’ami des occidentaux et des juifs et pour endormir la
méfiance des islamistes à son égard.
Mais la Tunisie n’a pas cessé d’être au
premier rang du combat aux côtés des palestiniens, en donnant asile aux troupes
défaites quittant le Liban avec Yasser Arafat à leur tête. Ce fut le seul pays
à admettre ces combattants et terroristes à la fois dont tous les pays arabes
avaient peur, la Libye en particulier, la plus riche et la moins peuplée qui s’est
bien gardée de leur donner asile.
Les germes d’un antisionisme frisant l’antisémitisme
ont porté leurs fruits aujourd’hui : l’israélien est haï et le juif toléré
seulement s’il vient dépenser ses euros sur les plages du littoral. Les faits
parlent d’eux-mêmes.
Panarabisme
L’ancien bâtonnier de l’ordre des
avocats, Béchir Essid, vient d’annoncer la création d’un parti nationaliste
panarabe baptisé : «Mouvement des Mourabitoun», mouvement des
sentinelles. Il a défini l’objectif de son nouveau parti qui «adhère
aux expériences et idées patriotiques nationalistes, et défend les questions
qui engagent la nation arabe, en particulier la cause palestinienne». Cet
opposant nationaliste de longue date a précisé «que son mouvement
militerait contre la normalisation des relations avec Israël et les projets de division qui ont commencé en
Libye et qui menacent la Syrie et le reste des pays arabes». Heureusement qu’Israël
est là pour servir de ciment à des idées disparates.
Au
lieu de choisir des objectifs de paix pour favoriser les échanges avec le monde pour donner du travail aux 80.000 étudiants tunisiens sortant chaque année des
universités, sans aucun avenir, ou de développer des projets pour
relever une économie tunisienne effondrée, on revient aux antiennes consistant à
fustiger le lointain et petit Satan.
La
charia salafiste
La
Tunisie n’en est plus à un obscurantisme près puisque le parti salafiste
tunisien, le Front de la Réforme, Jibhat Al-Islah, prône l’application immédiate de la charia,
cette même loi islamique qui massacre sans procès des jeunes femmes innocentes,
comme en Afghanistan. Ce parti s’est réuni au Palais des Congrès, pour la
première fois à Tunis le 8 juillet 2012, pour faire pression sur le
gouvernement actuel afin qu’il renonce à la séparation du religieux et du
politique.
Son
chef, Mohamed Khouja, s’est adressé à l’Assemblée Nationale Constituante pour
que «la charia soit inscrite comme l’unique source de législation en Tunisie».
Les 300 congressistes ont officiellement fixé leur programme qui à pour
objectif d’instaurer un État islamique en Tunisie. La révolution tunisienne ne
concerne plus les femmes qui ont été pourtant à la pointe du combat.
Salafistes tunisiennes |
Il
faudrait que l’on cesse définitivement de regarder la Tunisie avec les yeux de
Chimène et tous les nostalgiques de la période bénie des années 1950-60
devraient se faire une raison que l’horloge ne tourne pas en sens inverse. La
Tunisie a changé... en pire.
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